La chronique d'Henry Broncan

Par Rugbyrama
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Comme chaque semaine, retrouvez "les pas perdus d'un coach", la chronique d'Henry Broncan, l'entraîneur du SU Agen.

Samedi 10 novembre :

10 heures rendez-vous à la librairie Martin-Delbert pour la signature du livre que Gilbert Daries a eu le courage d'écrire sur moi ; il y a là quelques Gersois devenus eux-aussi Agenais ; il y a, également, de formidables, car, inconditionnels supporters, du SUA habillés des pieds à la tête avec la panoplie du club. Ils me font passer un bon moment.

13 heures, départ sur Narbonne, dans le car flambant neuf que le transporteur est fier de nous présenter : c'est vraiment superbe ; nous sommes gâtés. En avons-nous conscience ? Je me souviens des transports Martet, la cathédrale, les oies qui ornaient le bus. Dans tout le département les gens disaient : "le car du FCA vient de passer..." Et ils étaient fiers de l'avoir vu.

15 heures 30, entrainement à Villefranche de Lauragais ; je me rappelle des vieux derbies avec le LSC. C'était toujours tonique. Beaucoup d'amitié avec le Président Cazeneuve. Nous nous étions à peine un peu fâchés, quand j'avais fait arroser le terrain de Samatan par les pompiers avant une de nos rencontres. C'est vrai que leurs lignes arrières comprenaient Mazas, Codorniou, Bondouy et Husson. Il y a prescription d'autant que... nous avons gagné ce match !

19 heures 30, l'hôtel. Déception car Eurosport n'est pas là et je ne peux suivre le match Auch - Bath ; jeudi soir, contre Montpellier, c'est avec fierté que j'ai vu Benoît Bourrust atomiser Montpellier ; il est vraiment gaillard, le bougre. Didier Rétière pensera-t-il à lui bientôt ?

Demain matin mon fils m'appellera : James, Stevens, Barclay, Borthwick... Il est quand même heureux de la courageuse prestation des siens.

Dimanche 11 novembre :

C'est l'Armistice ; en fait le SUA dépose les armes, platement, lâchement, bassement. Avant la démission, je rencontre le Président Gilbert Yzern avec qui j'avais eu d'excellents rapports lors de nos contacts du printemps 2005. Entre nous, une amitié était née et nous l'avions entretenue la saison passée par sms interposés. A 14 heures il est tendu, inquiet, le visage marqué et moi, je suis souriant et décontracté. A 18 heures, il vient me rejoindre à la réception et nos visages sont diamétralement transformés mais il a la victoire modeste ; il vient de dire aux supporters Narbonnais regonflés : "hier j'étais un Président minable et maintenant je suis un Président exceptionnel !" il me prend l'épaule et lâche : "Henry, tu es heureux au moins ?" ; il répète sa question car il n'y a pas eu de réponse. Il n'obtiendra qu'une accolade. J'apprécie toujours son trésor d'humanité.

Lundi 12 novembre :

Les joueurs et les entraineurs ont été convoqués, ce matin, par le Président très normalement déçu. Dès la fin de la réunion, j'ai filé dans le Gers. Les couleurs de l'automne étaient encore plus magnifiques que d'habitude. J'ai flâné dans Larressingle, cette petite Carcassonne que des Américains ont su nous préserver puis je me suis rendu à Flaran : le cloître, la salle du chapitre, l'église ; la belle simplicité des Cisterciens ! J'ai revu la collection Simonov et je suis resté longtemps devant la "jeune fille" de Soutine. Un ami m'appelle : "j'ai lu ton livre ; celui qui te connaît le mieux c'est le Président de ton Conseil Général" .

Mardi 13 novembre :

L'entrainement a repris avec des joueurs marqués, maladroits, en perte de confiance. La presse locale relate avec abondance l'expression "petits fonctionnaires" ; je rappelle que j'ai été pendant 35 ans, "petit fonctionnaire" ; j'aurais pu dire aussi "petits vieux" et je me serais mis à dos tous les "vieux" de France ; je rappelle là aussi que je suis un "petit vieux". J'ai bien sûr utilisé l'image au sens figuré. J'aurais du dire : "comme des sénateurs" ; au moins, je ne suis pas sénateur.

Mercredi 14 novembre :

Dans la cadre de ma formation à l'ex brevet d'Etat 2ème degré, je passe ma journée à plancher sur rapport d'expérience, vidéo et entrainement devant Max Godemet DTN, Robert Consty responsable de formation et Frédéric Pomerol CTR. C'est difficile de redevenir étudiant passé la soixantaine mais j'éprouve vraiment du plaisir à reprendre des études. En soirée, un ami devant mes yeux fatigués me traîne de force dans un restaurant du Centre. Grâce à sa sollicitude, je me déride et je passe deux très belles heures : "je te ferai aimer Agen", m'a-t-il déclaré.

Jeudi 15 novembre :

J'ai décidé que le SUA, contre Limoges, aura un capitaine de 20 ans "la jeunesse n'aime pas les défaites". Il a déjà tenu ce rôle avec l'Equipe de France des moins de 19 ans. Je veux que ce choix symbolise le virage que mon club doit s'efforcer de prendre. A la conférence de presse, il me surprend par son calme : "j'étais capitaine des Cadets B du SUA quand je suis arrivé de Lalinde, puis des Crabos". Un journaliste l'interroge : "vous veniez d'où ?" et Jean répète "Lalinde". On sera fier, samedi soir, quelque part en Dordogne de savoir que l'enfant du pays est devenu capitaine du grand club du Lot-et-Garonne. Agen peut dire merci à ce "petit" club qui l'a formé.

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