Bourgoin se libère

C'est la fin d'un gaspi. Depuis le mois de décembre 2005, Bourgoin n'avait plus goûté à la victoire en Coupe d'Europe. Neuf matchs et autant de défaites concédées pendant 23 mois avaient fait du CSBJ un des cancres de la H Cup. C'est terminé. Vainqueurs de l'Ulster (24-17) à domicile vendredi, les Ciel et Grenat ont rangé le bonnet d'âne, et s'ils ne sont pas encore premiers de la classe, les voilà deuxièmes de leur poule après deux journées, avec un réel espoir de qualification pour les quarts de finale. Pas mal pour un club qui a perdu au fil des saisons la plupart de ses internationaux et qui se trouve privé pour six mois d'un de ses derniers joyaux, le pilier Olivier Milloud.

Pourtant, on a longtemps cru que cette glaciale soirée se terminerait comme les autres, par une désillusion. Les intentions étaient là, certes. Mais les fautes aussi. Touche déficiente, occupation du terrain parfois suspecte, et surtout énormes trous d'air défensifs. Résultat, l'Ulster, que l'on disait au fond du gouffre après sa défaite à domicile contre Gloucester et la démission de son entraineur en début de semaine, plantait deux banderilles terribles lors du premier acte. Bien guidée par un Paddy Wallace inspiré à l'ouverture, la province irlandaise inscrivait les deux seuls essais du premier acte pour mener 17-6 à la demi-heure de jeu.

Deux coups d'éclat

C'est là que Bourgoin a montré l'étendue de sa mue, en ne cédant jamais à la panique. Trouvant des ressources mentales, d'abord, physiques, ensuite, le CSBJ s'est appuyé sur une mêlée dominatrice pour reprendre le dessus progressivement et survire à ses errements initiaux. Restait à concrétiser tout ça. Ce fut fait au carrefour de l'heure de jeu. Juste avant, et juste après. Un premier essai du dynamique pilier Tchougong, parfait au soutien de Julien Frier dont la percée avait enfin déchiré le premier rideau défensif irlandais. Puis un second, décisif, signé Jeff Coux, après un festival de Benjamin Boyet. Deux coups d'éclat pour prendre le pouvoir, enfin.

Une fois devant au score, le CSBJ a alors retrouvé cette sérénité et cette maitrise qui lui avaient fait défaut pendant près d'une heure. Témoin le final de la rencontre, om les Berjalliens ont su intelligemment gérer l'espace et le temps, en campant pendant les dix dernières minutes dans les 22m de l'Ulster en monopolisant le ballon. Après les deux victoires en Top 14 et le bonus défensif accroché chez les Ospreys la semaine dernière, Bourgoin a prolongé une dynamique intéressante et bouclé de manière prometteuse le premier mois de la saison 2007-2008.