L'autre derby basque

Il n'y aura pas les facéties de Pottoka, le stade du Pavillon bleu n'attirera sûrement pas 15000 spectateurs et aucun Indien ne viendra fanfaronner sur son camion dans les rues de Saint-Jean-de-Luz avant la rencontre, mais cet autre derby d'Euskadi sera tout aussi passionnant que celui qui se jouera la veille dans les sommets de l'élite. D'ailleurs, ce sera une première : jamais les deux équipes ne se sont rencontrées depuis la fusion entre Saint-Jean-Pied-de-Port et Baïgorri.

Du coup, il s'agira d'un match forcément particulier, comme le confirme le co-entraîneur luzien Benat Daguerre : "Il y a une motivation supplémentaire parce qu'il y aura plus de monde que d'habitude mais aussi parce que les joueurs des deux équipes se connaissent bien pour avoir évolué ensemble dans les sélections de jeunes." La rencontre sera enlevée donc, mais pas de passion excessive toutefois. "Il n'y a pas tant d'animosité entre les deux clubs, explique son homologue de Nafarroa Guy Darritchon. Ce sera un derby et les joueurs vont être motivés mais ça ne va pas plus loin que ça."

Des objectifs différents

D'autant que les deux équipes ne "jouent pas dans le même tableau" depuis le début du championnat. Saint-Jean-de-Luz, quatrième de poule et candidat au Trophée Jean-Prat, a plus d'ambitions que Nafarroa, septième et déjà en lutte pour le maintien. "C'est un championnat à deux vitesses, déplore Guy Darritchon. Nous avions pris 64 points à Périgueux alors on va essayer de limiter la casse dimanche." Les Bas-Navarrais, qui ont perdu six cadres à l'intersaison (dont deux piliers droits), peinent en ce début de championnat et ne se font guère d'illusion.

Ce qui, paradoxalement, les rend dangereux. Il faut toujours se méfier d'une équipe qui vient sans pression. Benat Daguerre le sait bien : "On n'est pas à l'abri d'un revers à la maison mais dans notre tableau de marche, nous n'avons pas prévu de défaite à domicile..." Pour ne pas passer à côté de ce match, le coach luzien compte même s'appuyer sur une des forces de son adversaire : "Nous allons essayer d'inculquer à nos joueurs les valeurs de Nafarroa, à savoir la solidarité et l'abnégation. C'est un peu un modèle pour nous sur ce point." Il ne doute pas toutefois de l'état d'esprit de ses troupes dimanche, "irréprochables depuis le début de la saison" et qui a permis "de bien démarrer malgré un effectif restreint". Si on sera loin du Top 14 dimanche au Pavillon bleu, nul doute que le coeur, lui, sera au rendez-vous.