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Top 14 - Rémy Baget, l’arme offensive dont l’Aviron bayonnais ne veut plus

  • Après six ans à Bayonne, Rémy Baget portera les couleurs de Castres la saison prochaine.
    Après six ans à Bayonne, Rémy Baget portera les couleurs de Castres la saison prochaine. - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Rémy Baget, qui rejoindra le Castres olympique cet été, a moins de temps de jeu que la saison passée. Il est, en revanche, de plus en plus décisif, et ces dernières semaines, le trois-quarts aile de 26 ans a été impliqué sur la moitié des essais marqués par son équipe.

Le constat est le suivant : sur les cinq dernières journées de championnat, Bayonne a inscrit treize essais. Rémy Baget a été impliqué sur six d’entre eux. À l’hiver 2024, si les ballons portés permettent à Bayonne de souvent marquer son adversaire devant, Baget est l’arme offensive la plus dangereuse du club basque, derrière. “Rémy, c’est créatif, il tente et travaille beaucoup pour l’équipe”, pose Éric Artiguste, qui l’a entraîné à Toulouse et Bayonne. “C’est un joueur qui sent les bons coups et le rugby. Il a cette capacité à se trouver à l’endroit où il faut, au bon moment”, ajoute le numéro neuf du LOU, Martin Page-Relo, qui l’a connu dans les équipes jeunes du Stade toulousain.

Baget, indétrônable l’an dernier (22 titularisations), joue moins cette année. Il a démarré la saison comme titulaire, puis a disparu des radars pendant presque deux mois, en Top 14, avant de faire un retour en force, récemment. “Il était revanchard et avait à cœur de rejouer, raconte son ami Arthur Duhau, qui l’a côtoyé entre 2018 et 2023 à Bayonne. Il n’a jamais baissé les bras.”

Baget l'équilibriste

Le grand public a découvert Rémy Baget en Pro D2, lorsqu’il a terminé meilleur marqueur de la saison 2021-2022 avec 15 essais. Une performance qui avait d’ailleurs tapé dans l'œil du sélectionneur Fabien Galthié, puisqu’il s’était ensuite envolé pour la tournée au Japon, où il n’avait pas eu la chance d’honorer une première cape.
Ceux qui ne le connaissaient toujours pas ont certainement vu passer, ces dernières semaines, son essai spectaculaire face au Racing (J11), où, après avoir récupéré une passe au pied de Camille Lopez, il a réalisé, à la manière d’un footballeur, un grand pont sur Wame Naituvi, avant d’éliminer Max Spring d’un crochet. “S’il y a bien quelqu’un capable de faire ça, c’est lui”, sourit Page-Relo.

Rémy Baget a une nouvelle fois été important pour Bayonne lors de la victoire face à Clermont.
Rémy Baget a une nouvelle fois été important pour Bayonne lors de la victoire face à Clermont.

Ou alors, peut-être sont-ils tombés sur la “V2” de l’essai, sept jours plus tard, à Bordeaux (J12). Même passeur (Lopez), même côté du terrain (aile droite), mais adversaire différent, puisque Pablo Uberti puis Maxime Lucu ont été victimes de l’ailier ciel et blanc. “Il faut de la réussite pour tout, admet Artiguste. Les passes au pied sont super bien jouées, mais le festival, derrière, il faut le faire…” Arthur Duhau, qui évolue désormais du côté de Périgueux (Nationale), enchaîne : “Ça, c’est Rémy. Il peut faire un exploit à tout moment. C’est un joueur d'instinct.”

Quatre passes décisives en trois matchs

Bon lorsqu’il faut finir les coups, Baget sait aussi créer du danger et se muer en passeur décisif. Sur le mois qui vient de s’écouler, il a adressé une passe au pied à Aurélien Callandret pour l’essai de la victoire face à Oyonnax (J13). Il a bien porté le ballon, monopolisé deux défenseurs et décalé Cheikh Tiberghien avec une passe sautée contre Toulouse (J14). Toujours face au Stade, c’est son coup de pied à suivre qui a amené l’essai d’Arnaud Erbinartegaray. Enfin, le week-end dernier, contre l’ASM (J15), bien servi par Cheikh Tiberghien sur l’aile droite, il a offert le ballon d’essai à Guillaume Martocq, d’une remise intérieure acrobatique. “Rémy, c'est incroyable. Il a toujours le bon geste à la fin”, sourit l’ancien arrière de Clermont. “Sa passe est pleine de lucidité”, souligne Page-Relo.

Capable d’accélérer si une porte s’ouvre, ou de faire jouer autour de lui, Baget surprend souvent les adversaires dans sa prise de décision. “C’est un mec qui n’a pas peur de tenter, remarque Artiguste. Sur ses attitudes offensives et ses appuis, il montre toujours le ballon. Tu ne sais pas s’il va faire la passe ou jouer le coup. En fait, il crée tout le temps le doute et perturbe les défenses. Il est très bon dans la lecture de la situation. Il sait se faire craindre.” “Sur une action où tu vas enchaîner dix temps de jeu, sans progresser d’un mètre, il est capable de débloquer la situation en prenant le ballon et en avançant”, complète le demi de mêlée international italien.

Habitué à dézoner

Souvent imprévisible, il n’est pas rare de le voir quitter son aile pour venir se proposer dans la ligne d’attaque. “Maintenant, les bons ailiers de haut niveau dézonent beaucoup, note Arthur Duhau. C’est une chose que Rémy fait plutôt bien, puisqu’il est toujours autour de Guillaume Rouet ou Maxime Machenaud. Il va aussi chercher du boulot autour du dix ou du centre. C’est pour ça qu’il se démarque par rapport aux autres.”

Dès lors, si Baget n’a pas les jambes de Penaud ou les appuis de Kolbe, il fait l’objet d’une surveillance particulière de la part des équipes adverses. “Tu ne peux pas le lâcher, continue Artiguste. Il y a toujours un ou deux mecs sur lui. Il sait travailler pour faire jouer les autres aussi, en attirant les défenses et en libérant les espaces autour.” “Avant un match, on va mettre un focus défensif sur lui, car il est capable d’exploits, même si on analyse aussi toute l’équipe”, confirme Page-Relo.

Artiguste : “Lui, on ne lui a rien donné”

Si aujourd’hui les performances de Baget font de lui un ailier reconnu dans le championnat domestique, le début de carrière du joueur n’a rien eu d’un long fleuve tranquille. “Chez les espoirs de Toulouse, je ne comptais pas du tout sur lui. Je pense qu’il avait envie sans avoir envie, puis il a passé un cap et a commencé à jouer”, se souvient Artiguste, qui l’a emmené dans ses valises à Bayonne en 2018.

À Jean Dauger ? Baget a été bon, au début, sur les rares matchs joués, mais il n’a eu que peu de fenêtres pour s’exprimer, puisqu'il n’a participé qu’à 21 rencontres, toutes compétitions confondues, entre 2018 et 2021. “Il n’était pas trop dans les petits papiers, rappelle Artiguste. Par contre, je peux vous dire que beaucoup de mecs n’aimaient pas s’entraîner face à lui, car il leur mettait la misère.” Arthur Duhau confirme. “Il est très chiant, défend hyper bien et en attaque, il peut faire un éclair de génie à tout moment”, se souvient l’arrière du CAP.

Mais il a fallu du temps, à Baget, avant de se faire une place au soleil. “Les premières années ont été très compliquées pour lui”, ajoute Artiguste. D’ailleurs, à l’aube de la saison 2020-2021, pas forcément dans les plans de l’Aviron, il comptait arrêter le rugby professionnel. Je cherchais des clubs, mais personne ne me voulait en Pro D2”, nous racontait-il, avant de partir en tournée avec les Bleus, il y a deux ans.

Artiguste loue son état d'esprit : "À chaque fois qu’il descendait avec les espoirs, leur entraîneur me disait quel esprit, quel super mec. Un dirigeant me disait qu’il tirait les mecs vers le haut, il s’y filait, ne trichait pas."
Artiguste loue son état d'esprit : "À chaque fois qu’il descendait avec les espoirs, leur entraîneur me disait quel esprit, quel super mec. Un dirigeant me disait qu’il tirait les mecs vers le haut, il s’y filait, ne trichait pas."

Le déclic est arrivé sur cette saison 21-22 (celle du titre de Pro D2), où Baget, à force de travail et de persévérance, a gagné le respect de ses coéquipiers et s’est fait une place dans le vestiaire. “Physiquement, je pense que Ludovic Loustau lui a beaucoup apporté en lui cassant les c*** et en étant derrière lui”, sourit Artiguste. Doté de qualités offensives indéniables, il a aussi progressé sur le secteur défensif. “Ce n’était pas sa force, mais aujourd’hui, il bosse pour l’équipe, conteste, gratte des ballons, se bat. Il a passé un cap”, juge le technicien.

Apprécié de tous, son état d’esprit a fait de lui un joueur aimé en interne. Artiguste toujours : “Je me souviens qu’à chaque fois qu’il descendait avec les espoirs, leur entraîneur me disait quel esprit, quel super mec. Un dirigeant me disait qu’il tirait les mecs vers le haut, il s’y filait, ne trichait pas. [...] Ce qu'il lui arrive, aujourd’hui, il se l’est pelé. Lui, on ne lui a rien donné.”

Artiguste : “Je sais que Rémy aurait aimé rester à Bayonne”

Malgré tout, son aventure à Bayonne, démarrée en 2018, s’arrêtera au mois de juin prochain. Son contrat n’a pas été renouvelé. La raison ? Rémy Baget n’en parlera pas pour l'instant. Comme chaque joueur, il doit avoir le feu vert du club pour s'exprimer et l’Aviron bayonnais n’a pas répondu favorablement à nos demandes d’interview le concernant. Sollicité, Philippe Tayeb, le président du club basque, n’a pas voulu s’exprimer là-dessus.

Écarté du staff de l’Aviron bayonnais au mois d’avril dernier (il a, depuis, rebondi à Dax où il occupe un rôle de consultant), Éric Artiguste est resté proche de Rémy Baget, qu’il connaît depuis de longues saisons. “Pour avoir discuté avec lui, je sais qu’il aurait aimé rester. Il a créé de l’amitié au Pays basque, mais Philippe Tayeb ne voulait pas le garder”, explique l'ancien centre. “Je sais qu’il est un peu déçu de quitter Bayonne et de la manière dont ça s'est terminé, mais il est aussi très content de partir vivre une nouvelle aventure”, ajoute Martin Page-Relo.
C’est du côté de Castres, dans le Tarn, dont il est originaire (il est né à Albi et a commencé le rugby à Rabastens), qu’il jouera lors des trois prochaines saisons. “C’est super pour Castres, estime Artiguste, qui a porté les couleurs du CO pendant six saisons (1996-2002). Il va rentrer chez lui, proche de sa famille, et sans être devin, je pense qu’il fera de très belles saisons au CO.”

Mais avant ça, le trois-quarts aile a une aventure à terminer à l’Aviron. Ce qu’il fera, en bon professionnel. “Il m’a dit qu’il avait envie de profiter à fond des derniers matchs avec ses potes à Bayonne”, glisse Arthur Duhau. “Pour l’avoir eu plusieurs fois au téléphone, il m’a assuré qu’il ne tricherait pas et qu’à chaque fois qu’il serait sur le terrain, il donnerait tout pour être bon, dévoile Artiguste. C’est ce qu’il fait. C’est une qualité mentale car, vous savez, cette situation, ce n’est pas évident pour lui…

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Les commentaires (7)
patounet1er Il y a 2 mois Le 21/02/2024 à 21:20

Excellente recrue pour le CO. Il nous sera utile pour la saison prochaine. Dommage pour Bayonne

Chabalou Il y a 2 mois Le 21/02/2024 à 15:33

Comprends pas pourquoi on le fait moins jouer et souhaite son départ
C'est un excellent ailier dont Bayonne à besoin

lamadrague Il y a 2 mois Le 21/02/2024 à 13:42

Remy est talentueux, intuitif. Je regrette profondément son départ qui n'est pas de son fait... en plus c'est un homme de valeur, honnête. Il va manquer à l'aviron. Il mérite nos remerciements et tous nos voeux de réussite dans son nouveau club.