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Coupe du monde de rugby 2023 - L'Angleterre, l’art de la reprise en main face aux Fidji

Par Jérôme Prévôt
  • Le troisième ligne Ben Earl a libéré les Anglais au terme d’une course sur près de cinquante mètres. Une charge qui a permis de récolter une dernière pénalité qu’Owen Farrell a transformée pour donner six points aux Britanniques. Photo Icon Sport
    Le troisième ligne Ben Earl a libéré les Anglais au terme d’une course sur près de cinquante mètres. Une charge qui a permis de récolter une dernière pénalité qu’Owen Farrell a transformée pour donner six points aux Britanniques. Photo Icon Sport - PA Images / Icon Sport
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Les Anglais se sont fait rejoindre (24-24) à douze minutes de la fin. Mais ils ont fait preuve d’un impressionnant sens de la reprise en main. Pour voir un match abouti, on verra plus tard ou peut-être jamais en 2023, mais tout le monde est habitué.

Ce fut un quart de finale à l’image du parcours de cette increvable équipe anglaise. Cinq dernières minutes de tension extrême avec des Britanniques arc-boutés en défense, comme des soldats mus par leur sens du devoir pour conserver le score. Il fallait défendre cet écart de six points sans faire de faute. Les Fidjiens impuissants qui reculent ballon en main, qui vendangent une passe sans faire d’en-avant et Owen Farrell, toujours dans les bons coups qui monte sur l’arrière et tente une interception kamikaze bras écarté. En-avant volontaire estime M. Raynal. Mais pas de carton à signaler. Les Fidjiens prêts à remettre le couvert ne trouvent qu’une petite touche. La ligne Maginot anglaise se remet en place, et pousse l’assaillant à la faute, un déblayage sans appuis que M. Raynal, imperturbable, sanctionne au grand dam du capitaine Waisea qui perdit un peu son sang-froid, au point de refuser de saluer l’arbitre français en retournant au vestiaire.

Douze minutes de suspense

L’Angleterre se retrouve en demi-finale de la Coupe du monde après un quart de finale où elle aura marqué moins d’essais que son adversaire. Jamais à notre souvenir, elle n’avait atteint un dernier carré planétaire avec une équipe aussi faible. Mais elle verra bien le Stade de France la semaine prochaine, mais très loin du statut de favorite. Le XV de la Rose n’a pas renvoyé une impression de grande souffrance dimanche à Marseille, il a même dominé la rencontre jusqu’à la 65e en mode plutôt pépère, avant d’encaisser cet essai de Vilimoni Botitu qui faillit tout renverser (68e). 24-24, Radradra avait mis son deuxième ligne Nasilasila sur orbite pour une course tranchante avant de servir le Castrais. Cet essai fulgurant, personne ne l’avait vu venir. Tout le monde pensait les Anglais à l’abri.

En se faisant peur, l'Angleterre file en demi-finale et retrouvera la France ou l'Afrique du Sud !

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— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) October 15, 2023

Un suspense insoutenable s’empara alors du Stade Vélodrome. Ce quart bascula dans une autre dimension avec la douce menace des prolongations. Voilà l’hommage qu’il faut rendre à ces Anglais sans grandes certitudes dans leur jeu. En ne prenant pas suffisamment le large quand c’était possible, ils ont offert un final magnifique aux 62 000 témoins, comme un amuse-gueule de qualité avant le France - Afrique du Sud. Les Anglophobes feront leur miel de ces quinze minutes tangentes, les Anglophiles se souviendront de leur capacité à reprendre la direction des opérations. La "reprise en main" passa par une séquence près de la ligne adverse, préparée pour mettre leur capitaine en position de drop dans les 22. Bingo ! Puis de Ben Earl, le numéro 8 de fortune, en rajouta une couche via une percée de 30 ou 40 mètres, une chevauchée fantastique qui obligea l’arrière-garde fidjienne à la faute. Re-bingo ! 30-24, une bouffée d’oxygène, mais sans soupir de soulagement. Les Anglais restaient à l’abri d’un ultime coup de Jarnac fidjien.

Courtney Lawes s'est montré impérial, Owen Farrell a capitalisé au pied : voici les notes du XV de la Rose \ud83d\udc47

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Sans doute que cette équipe si décriée et si rabaissée depuis le début de l’année civile ne méritait pas mieux. Ou qu’elle ne pouvait pas mieux faire, tout simplement. Son jeu d’attaque est resté assez pauvre en termes de créativité, la solution de Marcus Smith à l’arrière n’a pas fait de miracles. Les Anglais n’ont pas beaucoup joué "dans le dos" pour ménager de la profondeur et des espaces à leur pépite. C’était forcément un choix, celui du jeu direct avec la masse de Tuilagi pour créer un peu d’avancée.

Le jeu au sol a fait la différence

Ceci dit, le très contesté Farrell a fait son boulot, sans les cannes d’autrefois. Mais on a remarqué que son alter ego, George Ford est resté sur le banc. On a remarqué que Manu Tuilagi a marqué le premier essai en misant ouvertement sur sa puissance pure (sur passe de Farrell d’ailleurs). Le second essai fut le fruit d’une jolie séquence collective, basée sur l’impact des avants là encore et terminé par Joe Marchant sur passe de… Owen Farrell. Deux essais en 23 minutes, c’était un départ rêvé pour les Anglais. Tout se passa comme s’ils avaient atteint un quota, comme s’ils ne se sentaient pas capables d’en faire plus, ou pas absolument obligés. "Mais il n’y a pas beaucoup d’équipes dans le monde qui seraient capables de marquer comme ça, deux beaux essais d’affilée. Je crois qu’il faut voir ce que nous avons fait ensuite pour aller chercher la victoire", a rappelé Owen Farrell.

Les Anglais et les Fidjiens sont bien arrivés à Marseille ! \ud83c\udff4??????\u26a1\ufe0f\ud83c\uddeb\ud83c\uddef pic.twitter.com/EMVOsIc40B

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Le demi d’ouverture des Saracens est au centre de toutes les attentions, son nom avait été sifflé lors de la présentation des équipes. Tout était réuni pour se passer de ses services, mais Steve Borthwick a décidé de miser sur lui, envers et contre tout. "Vous avez vu, c’est un leader fantastique, il sait toujours relever les défis. Je suis très fier de la façon dont il a dirigé l’équipe", a commenté le toujours laconique Steve Borthwick, le visage légèrement plus détendu que d’habitude. Mais Farrell n’a pas tout fait dimanche, il a même manqué deux coups de pied. Si l’Angleterre a résisté au piège fidjien, elle le doit à notre avis à son expertise dans le jeu au sol. Les Lawes, Itoje, Earl et même Farrell, sont allés combattre sur les points chauds pour mettre les mains dans le cambouis. Les avants ont coffré deux mauls adverses, ils en ont enclenché quelques-uns pour se soulager. Peut-être ont-ils bénéficié quelque part du carton jaune infligé à Habosi pour un coup de tête sur Marcus Smith, sorti visage en sang. En fait, non ! À quatorze, les Fidjiens ont marqué leur premier essai. "Les deux équipes ont été très bonnes chacune dans des secteurs précis, peut-être qu’on a brillé dans les contests, peut-être qu’ils ont brillé en attaque…"

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