Armitage : "À Toulon, je jouais avec des gars que je regardais à la télé"

  • Steffon Armitage (Biarritz)
    Steffon Armitage (Biarritz)
  • Steffon Armitage (Biarritz) et ses coéquipiers basques
    Steffon Armitage (Biarritz) et ses coéquipiers basques
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Joueur de Toulon entre 2011 et 2016, Steffon Armitage a tout connu sur la Rade. Désormais capitaine du Biarritz olympique, le troisième ligne centre évoque le déplacement important pour les Basques dans la course au maintien, raconte les souvenirs de ses années toulonnaises et donne son point de vue sur la situation au RCT.

En battant Brive, vous avez remporté un premier match important dans la course au maintien, mais un second arrive dès ce week-end, à Toulon. Comment l'appréhendez-vous ?

Écoutez, nous nous sentons bien. Le truc qu’il nous manquait, c’était de retrouver le plaisir de jouer au rugby. Je pense que ce fut le cas face à Brive. Nous avons retrouvé la petite flamme. Nous n’avions pas la confiance nécessaire pour tenter des choses. Là, nous avons eu cette flamme, qui nous a donné envie de tenter. J’espère que ça va nous pousser. Cependant, on ne s’enflamme pas.

Était-ce donc juste un problème psychologique ?

Oui, ce sont toujours des petits détails qui coûtent les matchs et qui font que les rencontres se finissent avec des scores très serrés ou de grands écarts. Nous avons eu une petite baisse pendant un mois, puisque nous avons perdu quatre matchs d’affilée. Désormais, il y a beaucoup de confiance qui est revenue et qui va nous apporter pour ce week-end.

Après coup, diriez-vous que la claque reçue face au LOU a été salutaire ?

Oui. Nous avons pris une leçon et c’était la claque dont nous avions besoin. Elle nous a permis de nous regarder dans la glace, afin que l’on essaye de trouver ce que l’on veut faire dans le groupe. Ce n’est pas une chose que l’on peut faire seul, mais tous ensemble. Nous l’avons fait face à Brive et nous allons continuer à travailler dans ce sens, afin de pousser vers le plus haut.

Toulon est avant-dernier du championnat. On imagine que le BO se rendra là-bas, en quête d’une victoire…

Nous jouons tous les matchs pour les gagner. Toulon est un club qui est, en ce moment, dans le dur. Mais j’ai connu ce club en étant dans le dur et il suffit d’une petite flamme pour repartir. Je me méfie beaucoup du RCT. Il y a de très grands joueurs là-bas, et devant son public, c’est une équipe toujours dangereuse. Samedi, il faudra qu’on soit disciplinés. On donne trop de choses aux autres équipes, car nous sommes trop pénalisés. Si nous arrivons à gérer ça, je pense que le match pourra tourner en notre faveur. Mais nous devrons y aller avec une mentalité de chien, celle de ne jamais vouloir lâcher. Toulon est une équipe qui va continuer à nous attaquer, à défendre et ils n’arrêteront jamais. Nous devrons donc faire un match de 80 minutes.

Dans les prochaines semaines, le BO va perdre Johnny Dyer, appelé avec la sélection nationale. De votre côté, allez-vous être encore plus attendu dans le jeu au sol ?

Je l’espère (rires). Je sais que tout le monde vise Johnny ou moi dans le jeu au sol, mais nous avons aussi de très bons gratteurs. Josh Tyrell a intégré le groupe et c’est un joueur qui peut occuper le même rôle que Johnny. C’est vrai que Johnny va nous manquer, mais je pense que Josh Tyrell va apporter beaucoup de choses.

Faites-vous évoluer votre manière de jouer lorsque vous êtes sur le terrain avec ou sans Dyer ?

Non, pas du tout. Je donne tout ce que j’ai à chaque match. Je ne change pas ma façon de jouer si un mec n’est pas là. Je sais qu’il y a toujours Mathieu Hirigoyen, qui fait un début de saison énorme, tout comme Jalagonia. Quand tu as de très bons joueurs autour de toi, tu n’as pas besoin de changer. Il faut continuer à faire ton job et les autres font le leur. C’est comme ça que nous fonctionnons.

Steffon Armitage (Biarritz) et ses coéquipiers basques
Steffon Armitage (Biarritz) et ses coéquipiers basques

D’ailleurs, Hirigoyen et Jalagonia vous poussent doucement sur la touche…

Oui et ça me fait plaisir ! Je veux qu’ils prennent ma place, j’ai confiance en eux. Ils sont le futur du club et du championnat. Ça me donne encore plus d’envie, afin de leur montrer qu’ils doivent encore plus me pousser afin de me prendre la place.

Vous avez passé cinq ans à Toulon, entre 2011 et 2016. Que vous inspire ce retour à Mayol ?

C’est très bizarre. Mon passage à Toulon m’a beaucoup apporté, les supporters ont toujours été derrière nous. J’ai vécu mes plus belles années de rugby, là-bas. D’un côté, c’est comme si je rentrais à la maison, mais ce n’est plus vraiment le cas. Ma maison est à Biarritz désormais.

Quels souvenirs gardez-vous de vos années toulonnaises ?

Les trois coupes d’Europe, le fait d’avoir pu jouer avec toutes ces stars. Des millions de personnes auraient aimé être à ma place. Nous avons vécu tellement de beaux trucs, là-bas. Je me suis fait beaucoup d'amis et ce qui restera dans mon cœur, c’est que je jouais avec des gars que je regardais à la télé. Avoir vécu tout ça avec mon frère, c’est la chose la plus importante.

Avec du recul, réalisez-vous l’équipe dans laquelle vous jouiez, chaque week-end ?

Oui. Sur les réseaux sociaux, on reçoit des souvenirs qui nous montrent ce qu’on faisait il y a six, sept ou huit ans. Des fois, j’en ai les larmes aux yeux.

Êtes-vous parfois nostalgique de l’époque toulonnaise ?

Oui, mais désormais, je suis à Biarritz pour écrire une autre histoire.

Le Toulon, entre celui que vous avez connu et celui d’aujourd’hui, a bien changé. Quel regard portez-vous sur la situation actuelle du RCT ?

Je suis un peu triste. Jamais je n’aurais cru que Toulon allait être dans le bas du tableau. Ce club sera tout le temps dans mon cœur. Je regarde leurs matchs et c’est vrai que ce n’est pas la même ambiance que nous avions à l’époque. Il faut que tout le monde arrête de penser au Toulon d’il y a dix ans. Maintenant, c’est un autre paquet de joueurs. Il faut leur laisser un peu de temps, ça va venir.

C’est un peu ce que vous avez vécu au BO, non ? Pendant des années, on a parlé du Biarritz des années 2000 et votre génération vient d’écrire une nouvelle page du club…

Oui, c’est bien ça. Il faut que tout recommence à un certain moment. Pour Toulon, ça va prendre du temps pour que tout se soude. Au BO, nous avons travaillé pendant deux ans afin d’arriver en Top 14. Désormais, nous n’en sommes qu’au début et il y a encore des choses à faire, après.

Avec Bastien Soury, avez-vous évoqué ce retour à Mayol ?

Non, je veux qu’il se concentre et qu’il se prépare lui-même. On en discutera après. Je sais qu’il a des choses à prouver, comme ça s’est mal terminé avec Toulon. Il est là pour écrire l’histoire avec notre équipe. Aller gagner à Toulon, un premier match à l’extérieur, ce serait un énorme truc. On se focalise donc sur ça. On veut faire une performance qui montre les vraies valeurs de Biarritz.

Qu’allez-vous ressentir lorsque le Pilou-Pilou va retentir ?

Peut-être que je vais avoir les larmes aux yeux, mais ça va me donner envie de tout lâcher sur le terrain. C’est un truc qui me donne les frissons et l’envie de jouer.

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