Des présidents de club alertent de nouveau sur les restrictions de spectateurs

Par Rugbyrama
  • Thomas Lombard (Stade français)
    Thomas Lombard (Stade français)
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Situation "intenable", contexte "étouffant" : des présidents de Top 14 tirent de nouveau la sonnette d'alarme concernant les limitations de spectateurs dans les stades sur fond de rebond de pandémie de coronavirus, qui continuent de mettre à rude épreuve la santé financière des clubs.

"On rentre (sur le terrain) et on a la même sensation qu'un jour d'entraînement. Il n'y a pas d'ambiance." Les mots sont de l'entraîneur argentin du Stade français Gonzalo Quesada qui, pour son retour vendredi au stade Jean-Bouin trois ans après, a vu son équipe évoluer face à Bayonne devant 1.000 spectateurs quand l'enceinte parisienne peut en compter jusqu'à 20.000. "C'est une situation qui est déjà intenable et qui ne peut pas durer davantage", s'alarme le directeur général du club, Thomas Lombard, en évaluant les pertes à "150.000 euros" pour cette rencontre. A la Paris la Défense Arena, fief du club voisin, le Racing 92, qui accueillait aussi des concerts avant la crise sanitaire, les pertes ont avoisiné entre 115.000 et 120.000 euros pour la demi-finale de Coupe d'Europe remportée contre le club anglais des Saracens, le 26 septembre devant un public tout aussi clairsemé.

Pour l'affiche de la 3e journée de Top 14 Toulouse-Toulon disputée dimanche, également devant 1.000 spectateurs, "on va devoir rembourser 100.000 euros de notre poche", indique le président du Stade toulousain Didier Lacroix, dans un entretien à l'AFP. Le modèle économique du champion de France 2019, qui n'est pas géré par un riche investisseur, dépend "à 75% sur son public et ses partenaires", avait déjà souligné Lacroix début septembre. Le président de Bordeaux-Bègles Laurent Marti a lui écrit lundi au préfet dans l'espoir "de revenir à une jauge à 5.000 personnes" au stade Chaban-Delmas dimanche prochain contre Clermont.

Loges et hospitalités

A Lyon, qui a reçu l'UBB lundi, "c'était déjà difficile à 5.000, cela devient étouffant à 1.000", a affirmé son président Yann Roubert, obligé d'opérer un tri auprès des spectateurs, un véritable "crève-coeur". Contre Bayonne, le Stade français a dû, pour des raisons économiques, "privilégier les détenteurs de loges" et ceux "qui dépensent de l'argent dans les hospitalités" c'est-à-dire 600 à 700 personnes, selon Lombard. Un choix "complètement contre-productif par rapport à l'esprit sportif", estime-t-il.

Les 300 billets restants ont été répartis "entre les abonnés membres d'associations de supporters" et certains distribués à la Région-Ile-de-France et à la mairie de Paris, en raison d'un engagement les liant au club parisien. "Les autres abonnés, on a été obligés de les rembourser", précise le DG du Stade français. Tous ces clubs situés en zone d'alerte renforcée ou maximale sont les plus touchés par les restrictions de spectateurs. Dans des villes où le virus circule moins, à Brive ou Clermont (zone alerte) par exemple, les stades pouvaient accueillir 5.000 spectateurs lors de la dernière journée.

Alternative

Les pistes d'économie, pour compenser les baisses dans la billetterie, se raréfient d'autant que la quasi-totalité des clubs a dû négocier avec les joueurs pour baisser les salaires. Un seul, Agen, n'a pas eu à le faire. Le plus petit budget de l'élite (14,5 millions d'euros consolidés) arrive à tirer son épingle du jeu grâce à la conjonction de salaires relativement bas et du soutien de plus de 500 partenaires locaux travaillant en grande partie dans la grande distribution. Jusqu'à quand ? Aucun modèle économique ne semble pouvoir résister sans des aides si la situation ne bouge pas.

Pour Thomas Lombard, "une solution alternative" est cependant "envisageable". Il s'agirait pour un stade comme Jean-Bouin de permettre l'accueil de "4.000 à 7.000 personnes" en respectant toutes les contraintes nécessaires: distanciation sociale, port du masque obligatoire, prise de température à l'entrée... "Nous nous sommes préparés pour ça", insiste le directeur général du Stade français. "Ce ne serait pas la panacée mais ce serait un moyen d'envisager les choses de manière temporaire, avec un peu moins de casse que ce que l'on subit aujourd'hui", conclut-il.

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