Zeno Kieft, un Néerlandais à La Rochelle

Par Rugbyrama
  • Zeno Kieft (Stade rochelais)
    Zeno Kieft (Stade rochelais)
  • Zeno Kieft (3e - Stade rochelais)
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Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Rugby d'ailleurs - Football, vacances en France, surclassement à La Rochelle, CV et vidéos, voici Zeno Kieft.

Pour le deuxième article de cette série consacrée aux joueurs de Top 14 qui viennent de pays où il n'y a pas de tradition rugbystique, direction La Rochelle, club où évolue un joueur néerlandais : Zeno Kieft. Troisième-ligne aile, il est arrivé chez les Maritimes à l'âge de 18 ans. Dans son pays où le football est roi, le rugby arrive loin derrière la natation, le cyclisme, le patinage ou encore le hockey sur gazon, en nombre de licenciés : un peu plus de 11 000 répartis dans 79 clubs. Alors, comment et quand s'oriente t-on vers le rugby lorsque l'on grandit dans un pays où ce sport est assez méconnu, et à quel moment on se dit qu'on peut le pratiquer à un niveau professionnel ? C'est ce que nous avons demandé à Zeno Kieft (26 ans).

Quand et comment avez-vous eu l'idée de jouer au rugby, aux Pays-Bas ?

Zeno Kieft : Comme tout le monde, j'ai commencé par le football. Parce que si tu n'y joues pas, tu ne peux pas faire de sport à la récréation à l'école. Mais je me suis vite rendu compte que j'avais deux pieds gauches et que ça ne me plaisait pas vraiment. Ce sont des amis de mes parents qui ont conseillé, à mon grand frère (qui joue en équipe nationale des Pays-Bas) et moi, de venir faire un essai à l'entraînement du club local (le Haagsche Rugby Club). J'avais 11 ans et je suis tombé amoureux de ce sport dès le premier entraînement. J'y suis resté jusqu'à mes 18 ans.

Comment se porte le rugby aux Pays-Bas ?

Z.K. : Pour l'instant, cela reste une petite communauté. Les championnats nationaux ne comptent que 4 ou 5 divisions et je dirais que le meilleur championnat hollandais correspond à peu près au niveau de la Federale 2 ou 3 en France. L'équipe nationale, elle, évolue dans le VI Nations C, avec le Portugal et la Moldavie entre autres. D'ailleurs, notre équipe de rugby est mieux classée à l'IRB que l'équipe de football au classement FIFA en ce moment... [l'équipe de rugby est en fait 33e Au classement World Rugby, entre la République Tchèque et la Pologne, alors que l'équipe de football est mieux placée au classement FIFA (29e), ndlr].

Et ensuite, comment passe-t-on d'un club local aux Pays-Bas à La Rochelle ?

Z.K. : J'ai fréquenté les équipes de jeunes de mon pays, des moins de 18 ans aux moins de 21 ans. On me disait souvent que je devais tenter ma chance à l'étranger. Alors, après le bac, mon objectif était de bouger, de partir à l'aventure. Je voulais aller partout où on pouvait jouer au rugby à haut niveau. Au départ, je me disais que l'Australie, ce serait pas mal. Et puis le Stade Rochelais cherchait des avants à l'époque. J'avais donc envoyé un CV et des vidéos de moi. Armand Mardon, le directeur sportif de l'époque, est tombé dessus et m'a proposé de faire un essai. Un heureux hasard. J'y suis donc allé une semaine avec mon père pour passer un test et ils ont décidé de me garder pour une année. C'était en 2010.

La Rochelle vous propose un contrat pour une année et vous êtes encore là sept ans plus tard, comment avez-vous franchi les étapes ?

Z.K. : Lors des tests que j'avais passés à Rochelle, le club pensait m'intégrer à l'équipe Reichel (-21 ans, à l'époque) et m'avait conseillé d'apprendre la langue à côté. Mais j'ai rapidement été surclassé avec les Espoirs et j'ai intégré le centre de formation où tout le monde m'a très bien accueilli, aussi bien les joueurs que les entraîneurs. En six mois, à force d'entendre du français aux entraînements, aux repas, aux soirées, etc. je maîtrisais assez bien la langue française. Et puis on avait l'habitude de passer quasiment toutes nos vacances en France avec mes parents quand j'étais jeune donc je n'ai pas été surpris par la culture française. J'ai plus été surpris par le niveau de jeu lors de mon arrivée mais je me suis vite adapté.

Zeno Kieft (3e - Stade rochelais)
Zeno Kieft (3e - Stade rochelais)

À quel moment avez-vous pris conscience que vous pourriez faire carrière ?

Z.K. : Lors de ma première année en France, je partais plus dans l'optique de vivre une belle aventure que de devenir professionnel. Je me disais qu'il fallait que je sois ouvert aux critiques et toujours à l'écoute des conseils que l'on me prodiguait. C'est seulement comme ça que je pouvais progresser et prendre encore plus de plaisir. Cela a été toujours été le plaisir en premier. Puis quand Patrice (Collazo, ndlr) a repris l'équipe première, il m'a fait monter progressivement avec le groupe professionnel. C'est à ce moment là que j'ai commencé à y croire, à me dire que je pouvais peut-être faire carrière.

Et maintenant, comment voyez-vous la suite ?

Z.K. : Je reviens d'une grave blessure (rupture des ligaments croisés du genou gauche, ndlr) donc pour l'instant j'essaie surtout de retrouver la forme, de retrouver mon niveau et de grapiller du temps de jeu. Je donne beaucoup pour le club parce qu'il m'a donné une opportunité exceptionnelle. Et je suis quelqu'un de loyal. Aujourd'hui, ce n'est que du bonheur de jouer ici, surtout dans la position dans laquelle on est.

Comment expliquez-vous que vous êtes le seul Néerlandais du championnat ?

Z.K. : J'ai conscience d'avoir eu de la chance, c'est très rare pour un Néerlandais d'avoir ce genre d'opportunité. Pourtant, je suis sûr qu'il y a de nombreux talents dans le championnat des Pays-Bas. Le problème, c'est que le niveau global n'est pas suffisamment élevé pour leur permettre de continuer à progresser, donc ils stagnent.

Votre dernière sélection avec les Pays-Bas remonte à 2011 et une défaite en Pologne, pourquoi n'y êtes-vous pas retourné depuis ?

Z.K. : Parce que j'ai la chance exceptionnelle de pouvoir jouer pour un club comme La Rochelle, alors je ne voulais surtout pas louper l'opportunité de jouer lorsque l'occasion se présenterait. Les matches internationaux tombent les mêmes week-ends que les matchs de Top 14 et j'ai toujours donné la priorité à La Rochelle. Je ne ferme pas la porte à un retour en sélection mais ma priorité sera toujours mon club.

Vous êtes encore jeune mais est-ce que vous avez commencé à réfléchir à votre après-carrière ? Envie d'aider au développement du rugby aux Pays-Bas peut-être ?

Z.K. : Si l'occasion se présente, pourquoi pas. Mais est-ce que j'ai vraiment envie de rentrer vivre aux Pays-Bas ? Je ne sais pas. Je suis vraiment très bien ici en France, à La Rochelle. Et pour l'instant, je dois avouer que je ne me prends pas trop la tête avec l'après-carrière, même si je sais que c'est important et que je vais devoir y réfléchir. Je suis plus dans l'optique de profiter du moment et de me concentrer sur le rugby. J'ai quand même un DUT en génie civile, que j'ai passé quand j'étais au centre de formation.

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