Demi d'ouverture, Springboks, Youtube, Bobby Skinstad, cuisine française...voici Juandré Kruger

Des débuts à l'ouverture

Difficile à croire quand on voit l'imposant bonhomme. Pourtant, c'est bien avec le numéro dix que Kruger a fait ses premières armes au rugby, qu'il a démarré à l'age de six ans. "Après, je suis devenu trop grand pour le poste et on m'a dit que je pouvais être plus performant ailleurs. Je suis donc passé troisième ligne aile puis seconde ligne". Déjà les prémisses d'un parcours atypique où il a mené des études d'économie pendant cinq années à l'université réputée de Stellenbosch, avant de s'envoler pour l'Angleterre rejoindre les Saints de Northampton en 2008 : "En dehors du rugby, j'ai toujours aimé cultiver mon esprit et j'aime ce qui se rattache au business".

Son rêve: gagner la Coupe du monde avec les Springboks

De ses deux ans en Angleterre (entre 2008 et 2010) le gaillard du Cap en garde beaucoup de positif et un palmarès avec notamment un Challenge européen et une Coupe anglo-galloise. Mais son rêve de défendre les couleurs de son pays passait par un retour au bercail : "Mon ambition était de jouer pour les Springboks, cela l'a toujours été et j'ai décidé de me donner une chance supplémentaire d'intégrer la sélection en rentrant au pays. C'est arrivé en 2012 et cela a été une grande fierté pour moi et pour ma famille. Représenter mon pays a toujours été un rêve pour moi". Pas appelé pour le Four Nations par Heyneke Meyer entre autre à cause d'une blessure au pied contracté fin juin, il croit toujours en un possible retour en grâce pour le mondial anglais: "J'espère jouer et gagner cette Coupe du monde avec l'Afrique du Sud. Maintenant, si cela n'arrive pas, il y a d'autres choses excitantes pour moi ici, comme le fait d'avoir un enfant. Les Springboks sont importants pour moi mais ma femme l'est encore plus. Je ferai tout pour ma famille". Une petite Kruger est d'ailleurs attendue pour le mois de Novembre.

Un garçon surprenant

Loin de l'image du combattant besogneux sur le pré, Juandré Kruger est clairement un personnage à part. Dans un monde où les sportifs se méfient naturellement des médias, lui vient spontanément s'assoir à côté de vous et vous demander votre avis sur la sélection de Rory Kockott ou sur la journée de Top 14 écoulée. Demandez-lui d'évoquer sa carrière et il vous sortira dans la fraction de seconde son palmarès, ses matchs marquants, victoires comme défaites. Mieux, il vous demandera sûrement votre portable pour faire un tour sur Youtube afin d'illustrer ses propos. Sur son parcours, mais aussi sur celui de ses amis, comme le Parisien Meyer Bosman, de qui il vous invite à voir une vidéo de ses exploits lors d'un match de Currie Cup au milieu des années 2000. Souvent drôle, comme lorsqu'il entre le dernier dans la salle du cours de Français bi-hebdomadaire du Racing en se signalant d'un "bonjour à tous", parfois déroutant, Juandré Kruger a en lui ce côté décalé.

Son idole? Bobby Skinstad

Là encore, Juandré pourrait faire dans le conformisme, parler des légendes sud-africaines, comme Joost van der Wersthuizen, a qui il ressemble étrangement, François Pienaar, Joel Stransky ou encore John Smit. Lui préfère évoquer le troisième ligne Bobby Skinstad, international et champion du monde 2007 au parcours très atypique, puisqu'il avait décidé de jouer une saison dans le club amateur anglais de Richmond FC deux ans avant d'être sacré sur le toit du monde. S'il avoue avoir été influencé dans son jeu par son compatriote Victor Matfield, ce sont pour lui les entraîneurs qui font les grands joueurs et il estime avoir été plus marqué par les techniciens qui ont fait de lui le deuxième ligne qu'il est plutôt que par les très grands joueurs qu'il a côtoyé. Le contre-pied, toujours.

La cuisine française lui fait peur...parce qu'il adore ça  !

Juandré Kruger fait partie de ces étrangers qui manifestent une vraie volonté d'intégration à la culture française. C'est pourquoi il ne tombe pas dans la facilité de ne rester qu'avec les autres Sud-Africains du Racing: "J'essaie de ne pas passer tout mon temps avec eux, ce qui est difficile car bien souvent votre culture vous rattrape. C'est pour le bénéfice de l'équipe et pour moi-même de pouvoir communiquer avec les autres" assure t-il, tout en admettant entretenir une belle amitié avec Bernard Le Roux. La France, l'ancien des Bulls s'y est clairement fait, et un aspect de notre patrimoine retient particulièrement son attention  : "Je dois admettre que la cuisine française est excellente. C'est juste magnifique. Pour être honnête, elle est vraiment très bonne, d'autant plus que les chefs cuisiniers sont brillants ici au Racing. C'est un réel challenge pour moi de m'assurer de manger correctement de façon à ne pas grossir". Sur ce point au moins, il ne surprend pas grand monde.