Le CO en chantier

"On dirait les Crusaders de Saïx!", lance Laurent Travers, potache, à ses joueurs après une séquence de jeu en opposition. Le Levézou, le centre d'entraînement du CO, est baigné d'un soleil de plomb. Implication maximum des joueurs qui se prennent manifestement au jeu, tout en conservant un état d'esprit assez décontracté. Chris Masoe taquine son nouveau partenaire, Ibrahim Diarra, qui vient de se faire contrer. Masoe, hilare, le gratifie d'une tape sur la tête. Laurent Labit et Laurent Travers, le duo d'entraîneurs débarqués de Montauban, distillent leurs consignes, recadrant les placements de l'un ou de l'autre, insistant sur la nécessité de se parler pour gérer les glissements défensifs.

Tous les indicateurs sont au vert côté Castres. L'intersaison donne quelques signes encourageants pour la suite: l'almagame entre les anciens et les nouveaux semble se faire naturellement, le groupe vit à l'évidence bien ensemble et a remporté largement son premier match amical face à Dax (35-3). C'est un nouveau départ pour les Tarnais. L'effectif a été largement remanié avec 16 départs et 11 arrivées, et Castres veut repartir sur de nouvelles bases. En conséquence, la mission du nouveau staff est de faire oublier la saison catastrophique vécue l'année dernière, qui a jeté le club dans une crise sérieuse. Castres s'est battu pour le maintien et termine finalement 12e, sauvé in extrémis.

Renouer avec la confiance

Bref tout est à reconstruire, le chantier est grand, comme le concède Laurent labit : "On a des joueurs avec beaucoup de potentiel, après il faut les faire jouer ensemble. Il reste encore beaucoup de travail pour arriver à mettre notre projet de jeu en place. C'est long! Puis certaines équipes ont conservé une stabilité et ont par conséquence de l'avance dans leur préparation, ce sera un championnat très compliqué."

On peut en effet difficilement imaginer le CO jouer les premiers rôles dans le championnat cette saison, la marche est trop grande pour être franchie sans palier. Pour autant des signes poussent à l'optimisme et font espérer des jours meilleurs, à l'instar de ce qu'entrevoit le demi de mêlée international, Sébastien Tillous-Borde: "On repart sur de bonnes bases. Il y une très bonne ambiance aux entraînements tout en étant sérieux. De plus l'effectif est plus complet cette année, surtout au niveau des lignes arrières. Je pense qu'on peut être plus performant."

Labit : "Créer de la solidarité"

Alors que la plupart des équipes ont planifié trois voire quatre matchs amicaux, le staff castrais a pris le parti de n'en faire que deux. L'équipe n'aura t-elle pas un problème de rythme pour la reprise? Labit acquiesce mais s'explique : "Certes je suis conscient qu'on risque d'avoir un problème de cohésion, mais notre but c'est d'éviter de remplir l'infirmerie avant le début du championnat. On a voulu réduire le groupe de sept ou huit joueurs, car on compte sur tout le monde. On a 33 joueurs pros et ils sont tous concernés. On ne voulait pas se retrouver avec des joueurs en marge, qu'on aurait laissé sur le côté. Notre but c'est de créer de la solidarité pour greffer le jeu dessus et non le contraire. On cherche encore nos repères avec Laurent, mais on croit en notre façon de travailler".

Personne ici ne veut revivre la déconvenue de l'année dernière. Les anciens en parlent et mettent en garde les nouvelles recrues. Pas de sinistrose, juste une façon de conjurer le sort probablement. Les Castrais vont pouvoir se jauger contre un adversaire de premier plan. Samedi, ils affronteront Leicester, le champion d'Angleterre, un test grandeur nature avant le déplacement à Biarritz pour l'ouverture du championnat. Une victoire ferait grandir le capital confiance de cette équipe, et c'est bien ce après quoi elle court.