La chronique de P. Villepreux

La présentation officielle du nouveau staff de l'Equipe de France a donné lieu à un cadrage du projet que souhaitent mettre en place Marc Lièvremont et son staff. Projet qui permettra de "maintenir la compétitivité du rugby français". La mise en place de ce projet sportif fédéral qui inclut "projet de jeu, et nouveau fonctionnement" est une exigence logique si l'on accepte d'une part que celui qui existait précédemment n'a jamais été réellement formulé par les prédécesseurs, et d'autre part qu"il n'a pas produit en huit ans années d'exercice les effets escomptés.

Je peux parfaitement comprendre que le projet de jeu puisse être décliné différemment du précédent car il serait difficile d'en trouver des traces écrites et je ne doute pas des compétences du nouveau staff de l'élaborer et de le diffuser à l'ensemble des composantes du rugby national. En revanche, déclarer "dixit le Président" qu'il s'agit bien aujourd'hui de "définir un projet de jeu commun à toutes les équipes de France", et qu'il s'agit bien de s'interroger sur "l'évolution du jeu et sur la nécessité de retrouver nos traditions créatives" ne manque pas de m'interpeller.

En effet et ce n'est pas la DTN ni Didier Retière particulièrement qui étaient parties prenantes au sein de cette structure qui nous contrediront puisque depuis de nombreuses années et bien avant l'ère Laporte, il existe une filière d'accès au haut niveau qui s'est au fil du temps de mieux en mieux structurée afin de permettre au meilleurs joueurs détectés depuis l'âge de 15 ans d'accéder à l'excellence rugbystique via, les pôles espoirs - le pôle France de Marcoussis enfin les centres de formation des clubs.

Le fil rouge de la formation offerte à tous ces joueurs talentueux pour en fin de parcours entrer dans l'équipe de France majeure a toujours eu pour objectif de leur permettre d'atteindre le meilleur niveau de performance au sein de structures spécialisées et adaptées.

Le Plan de Formation décrit et développé par la DTN dans un passé pas si lointain est imprégné du patrimoine pédagogique déposé par tous ceux qui ont construit la démarche d'enseignement française profondément identitaire. Elle relève d'une conception, d'une méthode, qui impliquent le joueur et les formateurs et vise à produire des joueurs justement créatifs, adaptatifs, responsables. Ce qui veut dire aussi qu'il s'agit bien de développer en priorité entre toutes les ressources du joueur celles qui font appel en jeu aux processus décisionnels. Des résultats concrets ont été la conséquence de cette formation. Parmi les plus marquants U19 champion du monde en 2000 moins de 21 en 2003.

Ceci pour dire qu'il ne me semble pas utile aujourd'hui de rebâtir un projet fédéral qui existe mais bien plus simplement de mieux le mettre en oeuvre à tous les niveaux par étapes successives en fonction des niveaux de pratique. Cette dynamique de formation n'a de sens que si elle se décline logiquement de la base à l'équipe Nationale .

Pour avoir oublié pendant huit ans de s'appuyer sur cette dynamique, voire de l'avoir décriée pour ne pas dire blâmée, on a sectionné la logique de continuité qui aurait dû logiquement bénéficier à Marc Lièvremont et à son staff. C'est aussi pour cela que l'on se retrouve aujourd'hui dans un projet de relance qui tente de placer tous les acteurs en position de travailler pour le même objectif.

Mais une fois encore, il ne suffit pas de décrire le jeu que l'on veut faire, il faut également que les contenus de formations répondent au jeu choisi, ce qui pose à tous les niveaux des obligations de compétences pour tous les encadrements et bien plus en aval, à la base, sur tous les formateurs si l'on veut que le joueur produit soit bien celui que l'on recherche. N'oublions pas que dans quatre ans nous aurons des joueurs sélectionnables qui aujourd'hui n'ont pas encore 18 ans.