Top 14 - Alexandre Ricard (Bordeaux-Bègles) : "C’est un moteur de rêver toujours plus grand"

Par Nicolas Augot
  • Alexandre Ricard, ici en conférence de presse, après le match face à Lyon.
    Alexandre Ricard, ici en conférence de presse, après le match face à Lyon. - Icon Sport
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Arrivé à l’Union Bordeaux-Bègles lors de la dernière intersaison, le deuxième ligne Alexandre Ricard trouve de plus en plus de temps de jeu après des premiers mois marqués par deux blessures. Son recrutement était un pari du nouveau staff. Il est en passe d’être réussi. Entretien avec un garçon qui a les pieds sur terre avant la réception de la Section paloise à Chaban-Delmas.

Comment se sont passés ces premiers mois à l’UBB et donc en Top 14 ?

Il y avait forcément un temps d’apprentissage en passant dans la division supérieure. Je devais progresser sur de nombreux secteurs déjà en Pro D2 et la vitesse du Top 14 est venue le confirmer. La vitesse de libération de la balle et la dimension physique dans les rucks, qui sont très combattus, sont des paramètres importants. Ce n’est pas une surprise, mais je devais découvrir ce que je pouvais donner à ce niveau-là. Pour l’instant, ça ne se passe pas trop mal même si j’ai connu une intersaison un peu chamboulée par une blessure à l’épaule qui m’a fait rater la préparation d’été. J’ai pu reprendre juste avant le début du championnat et j’ai joué rapidement mais je n’étais pas encore à 100 % physiquement car je revenais à peine de blessure. Je pensais pouvoir rattraper mon retard pendant la Coupe du monde mais malheureusement je me suis fait une entorse à une cheville à ce moment-là.

Cette nouvelle coupure n’a pas été facile car j’ai eu l’impression que le sort s’acharnait. Je n’ai pas eu jouer lors de la reprise du championnat alors qu’il n’y a rien de mieux que de pouvoir jouer quelques minutes chaque week-end. Ça permet de progresser, de trouver des repères et d’avoir des semaines pleines. Ce n’est pas trop mal pour l’instant même si je sais très bien que je ne suis pas encore à meilleur niveau.

Alexandre Ricard (26 ans) a joué neuf matchs cette saison (deux comme titulaire).
Alexandre Ricard (26 ans) a joué neuf matchs cette saison (deux comme titulaire).

Avais-tu des objectifs personnels en arrivant ?

Le collectif prime depuis le début de la saison avec une importance de la gestion de l’effectif de la part du manager et des entraîneurs. On sent que nous sommes tous concernés, à tous les postes, car on sait que dans une saison l’équipe aura besoin de nous. La réussite vient de la continuité et on sait que dans les périodes internationales par exemple, nous devons continuer à performer car ce sont dans ces moments-là que nous pouvons chercher des victoires ou des points décisifs pour le classement. La régularité paie. Le Pro D2 est une bonne école sur ce point-là. À la fin de la saison, quand vous faites les comptes vous vous souvenez plus des points que vous perdus que ceux que vous avez gagné.

Il ne faut pas avoir de regrets. Je voulais accrocher une dizaine de matchs, même si la quantité n’est pas la chose la plus importante. Ce qui compte, c’est la qualité des prestations aux entraînements et quand on a la chance de jouer. Avec la blessure à la cheville, j’avais surtout arrêté de me fixer un objectif de match car j’étais dans le dur mentalement à ce moment-là. Je me suis concentré sur ma volonté de progresser à chaque entraînement, à prendre mes repères, à me développer personnellement. Je crois que c’est important d’avoir des objectifs collectifs mais c’est impossible de tenir des objectifs personnels en terme de match car les saisons sont faites de nombreuses péripéties.

Chaque match est une opportunité de me prouver à moi-même que j’ai la capacité de jouer en Top 14

Ce dernier à Toulon, avec une titularisation et une incroyable victoire, doit vous donner de la confiance...

C’était mon deuxième match titulaire après avoir débuté face à Lyon. Nous étions dans le doute après la défaite contre le Stade français mais l’équipe s’est ressoudée sur l’état d’esprit du groupe sur tout un match face à Toulon, un sérieux client qui n’avait pas encore perdu à Mayol. C’était un vrai test et ça s’est bien passé car nous n’avons rien lâché et ça a payé sur la fin alors que c’était très dur face à ce paquet d’avants, notamment en première période. Chaque match que l’on me donne est une opportunité de montrer mon niveau mais surtout me prouver à moi-même que j’ai la capacité de jouer en Top 14 et d’enchaîner les matchs car il n’y a rien de mieux pour progresser. Surtout, dans les périodes où vous ne jouez pas pendant trois ou quatre semaines, ce n’est jamais facile de garder le moral. Depuis mon retour de cette entorse de la cheville, j’ai pu enchaîner plusieurs matchs et ça donne envie d’y regoûter chaque week-end.

Aviez-vous toujours eu le Top 14 dans un coin de la tête ?

Pas du tout. Quand je suis arrivé à Colomiers, je voulais simplement essayer déjà de jouer des matchs avec les Espoirs pour ensuite peut-être connaître quelques feuilles de matchs en Pro D2. Je n’étais jamais passé par les sélections jeunes et j’ai eu ma convention de formation assez tardivement. Ça s’est ensuite enchaîné assez vite, avec la convention puis la saison d’après un contrat espoir et enfin mon premier contrat pro encore l’année suivante. Ça s’est accéléré quand j’ai senti que ça se passait plutôt bien sur les premiers matchs. À ce moment là, je me suis dit que ça serait bien de faire dix matchs dans la saison et finalement j’en ai joué 25. Je ne m’y attendais pas du tout. Je voulais simplement tout donner et prendre du plaisir sur le terrain. J’ai alors pensé que j’avais le niveau du Pro D2 sur une saison mais que je devais le prouver sur plusieurs années consécutives pour envisager, peut-être, un jour rejoindre le niveau supérieur. Après, c’est toujours un moteur de rêver toujours plus grand, que ce soit individuellement ou collectivement. Vouloir être meilleur que la veille, que la semaine d’avant, est la seule chose qui permet de garder au moins le même niveau dans le sport professionnel. C’est cette exigence qui entraîne la réussite.

J’ai vite compris que mon corps avait du mal à dépasser les 115 kilos

Quel a été déclic pour vous faire une place sur le tard ?

C’est difficile à dire, mais j’ai suivi ma formation d’ingénieur (génie civil à l’Insa de Toulouse) pendant de nombreuses années. Le rugby était bien sûr important mais il n’y avais pas que ça dans ma vie. Lors de mes premières années au centre de formation, comme je n’avais pas de convention, j’avais décidé de prioriser mes études. Ça a duré pendant deux ou trois ans. Mais quand j’ai commencé à jouer mes premiers matchs, je me suis dit que j’avais une occasion de fou et donc je me suis concentré un peu plus sur le rugby sans lâcher mes études. C’est ce jeu entre le rugby et mon environnement extérieur qui m’a permis de trouver mon équilibre. Cela m’a aidé à bien vivre des situations que je n’avais pas forcément prévues. Cela m’a permis de penser complètement à autre chose sur une journée de repos avant de me reconnecter au rugby. Je viens de valider mon diplôme il y a moins d’un mois. Je vais devoir trouver maintenant une autre activité à côté du rugby. Je suis dans une phase un peu floue car je ne sais pas encore exactement vers où je veux aller. C’est en réflexion. Même si le rugby m’offre le temps pour prendre la bonne décision, j’ai besoin de faire perdurer cet équilibre avec une activité à côté.

Vous avez un profil longiligne. Avez-vous eu peur que ce soit un handicap ?

J’ai une génétique assez sèche on va dire. J’ai connu des années quand j’étais jeune où un deuxième ligne devait forcément faire plus de 120kg. En ce moment, nous sommes sur des gabarits un peu plus athlétique avec un équilibre entre le numéro 4 et le numéro 5. Je ne savais pas pendant longtemps si mon poids n’allait pas être une limite pour jouer au niveau professionnel. Il fat faire avec son corps et ses qualités. C’était mon interrogation lors de mes premiers matchs en pro. Aujourd’hui je fais quasiment au même poids avec seulement un ou deux kilos de plus, aux alentours des 112 ou 113. à un moment donné j’ai senti l’équilibre entre mes performances, avec mon jeu et mon activité pendant un match et mon poids. J’ai vite compris que mon corps avait du mal à dépasser les 115 kilos. C’était le poids maximal que je pouvais atteindre, mais mon poids de forme est vers 112 ou 113.

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Les commentaires (1)
Simon33 Il y a 2 mois Le 16/02/2024 à 17:39

Joueur intéressant en devenir