Top 14 - Yann David (Bayonne) : "J’aurais rêvé que ma carrière s’arrête avec les couleurs de l’Aviron"

  • Le centre Yann David va quitter l'Aviron bayonnais à l'issue de la saison.
    Le centre Yann David va quitter l'Aviron bayonnais à l'issue de la saison. Icon Sport - Pierre Costabadie
Publié le Mis à jour
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Yann David (35 ans) va quitter l’Aviron bayonnais dans les prochaines semaines. Avant ça, il lui reste une bataille à livrer à Lyon, ce dimanche, où le club basque jouera un vrai huitième de finale contre le Lou. Pour l’occasion, le trois-quarts centre a fait le bilan de son passage à Bayonne, s’est projeté sur la confrontation de ce week-end, sur le duel face à Josua Tuisova et a rappelé que sa carrière n’était pas encore terminée.

Yann, vous pourriez potentiellement jouer, dimanche, votre dernier match avec l’Aviron. Comment l’abordez-vous ?

Avec beaucoup d’émotion, comme mon dernier match à Jean-Dauger, il y a une dizaine de jours. Ce n’était que du bonheur, car l’issue a été positive avec la victoire, mais si jamais je joue ce week-end, ce sera avec beaucoup de détermination et d’émotion aussi. J’arrive, cependant, à bien faire le "switch", à penser au match en premier et à laisser les émotions de côté, même si tout ça sera dans un coin de ma tête.

Aviez-vous eu du mal à gérer vos émotions face à Clermont ?

Je me suis mis une barrière pour qu’elles ne prennent pas le dessus. Quand on s'apprête à disputer une rencontre face à l’ASM, avec les animaux en face, il vaut mieux être focus et garder toute son énergie.

Que gardez-vous de ces deux ans passés à Bayonne ?

C’était une expérience formidable. Je n’ai passé que deux ans ici, mais j’ai l’impression que ça fait dix ans que je suis au club. J’ai tissé des liens tellement forts avec des mecs ici ! C’est incroyable.

Quel est votre meilleur souvenir à Bayonne ? Le titre ?

Le premier bon souvenir, c’est d’avoir eu la chance de signer ici. Yannick Bru a fait l’effort de me faire venir ici, Philippe Tayeb a tout fait pour que je trouve un bon compromis afin de signer à l’Aviron. Je ne peux que les remercier pour ça, ils m’ont permis de vivre toute cette aventure. Ensuite, forcément, il y a le titre, cette remontée en Top 14, ce n’était que du bonheur.

D’autant qu’avant de rejoindre l’Aviron, vous sortiez d’une année compliquée à Castres…

Oui, mon aventure à Castres ne s’est pas très bien soldée, je n’avais pas trop joué. Je ne me sentais pas très bien. Tout ça m’a redonné chaud au cœur et j’ai retrouvé beaucoup de plaisir ici.

Vous vivez les belles années de l’Aviron. Tout n’a pas toujours été aussi facile chez les bleu et blanc. Vous estimez-vous chanceux d’être arrivé au bon moment ?

Oui. Sans le savoir et sans le vouloir, je suis arrivé au bon moment dans l’histoire de l’Aviron bayonnais, avec cette remontée, puis cette saison fantastique en Top 14. C’est génial.

Vous êtes sur le circuit professionnel depuis dix ans, vous avez vu, de l’extérieur, à quel point l’Aviron pouvait être instable. Quel regard portez-vous sur le virage pris par le club depuis quatre ou cinq ans ?

Je me souviens de mes premiers matchs face à l’Aviron, au début de ma carrière. Il y avait la vieille piste d’athlétisme. Là, je vois le virage que le club a pris. C’est un grand tournant du club. Le fait de pouvoir participer à le faire grandir et laisser une marque dans son histoire, avec ce titre l’an passé, ce n’est que du bonheur.

Êtes-vous déçu de quitter le club ?

La vérité, c’est que oui, je suis déçu de quitter le club. J’aurais rêvé que ma carrière s’arrête avec les couleurs de l’Aviron sur le dos, mais c’est le sport de haut niveau. On connaît la complexité de la chose. J’ai eu un peu de mal à l’accepter, ça a été compliqué pour moi, car je me sentais vraiment bien ici, mais ça fait partie du job. Il faut l’accepter et continuer à avancer pour prendre du plaisir. Si on s’arrête à chaque petite embûche, on ne s’en sort pas.

Pour la réception de Clermont, Yann David a reçu un hommage.
Pour la réception de Clermont, Yann David a reçu un hommage. Icon Sport - Pierre Costabadie

La raison est-elle sportive, financière ?

C’est une décision sportive, par rapport au renouvellement de l’effectif au niveau des mecs qui sont à mon poste. Avec Greg (Patat), nous avons bien discuté de ça au mois de novembre. Nous avons eu un très bon échange là-dessus. J’ai compris son point de vue, ça a été clair tout de suite, c’est pour ça que j’ai pu “switcher” immédiatement et continuer à être performant sur le reste de la saison.

Étiez-vous prêt à faire des concessions pour rester à Bayonne ?

Oui, j’étais prêt à faire de sacrées concessions. Je le voulais absolument, mais c’est comme ça. C’est la vie d’un sportif professionnel, on ne peut pas toujours avoir ce qu’on veut. C’est triste, mais c’est comme ça.

Vous avez 35 ans et vous ne comptez pas raccrocher les crampons. Qu’est-ce qui vous motive encore ?

Le plaisir et l’envie de jouer au rugby, de se retrouver sur un terrain, d’encore relever des défis. Même si j’ai pu avoir des pépins tout au long de ma carrière, j’ai toujours pris soin de moi, j’ai toujours fait attention et je me sens encore super bien. J’ai encore envie de m’éclater et continuer à apporter quelque chose à mon futur club.

Que vous dites-vous en regardant dans le rétroviseur alors que la fin approche ?

Que c’est passé très, très vite. Je suis fier de tout ce que j’ai pu accomplir et de toutes les personnes que j’ai pu rencontrer. Après, si je peux faire passer un message au jeune, c’est le suivant : il faut vraiment profiter, s’éclater et y aller à 110 %.

Combien de temps comptez-vous encore jouer ?

Je ne me fixe pas de limites, ce n’est pas mon genre. Je ne jouerai pas jusqu’à 45 ans, mais tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir et tant que je me sens bien, pourquoi arrêter ?

Où évoluerez-vous l’an prochain ?

Je ne sais pas encore quelles seront mes couleurs la saison prochaine, mais ça avance petit à petit. J’ai eu des propositions de quelques clubs, mais je n’ai pas encore décidé. On ne sait jamais, si une opportunité peut se réveiller, même tardivement, je reste ouvert.

Ce week-end, vous pourriez croiser le chemin de Josua Tuisova. Se prépare-t-on différemment avant une rencontre face à lui ?

D’une part, il y a le phénomène Tuisova au centre, mais du 1 au 23, ils ont des mecs qui marchent sur l’eau, avec des potentiels monstrueux, de sacrés leaders. Il ne faut pas se louper dans la préparation, sinon, on ira au-delà d’une très grosse déconvenue. Les Lyonnais seront sacrément remontés, ils jouent pour quelque chose d’important. On sait où on met les pieds le week-end prochain.

Le centre lyonnais Josua Tuisova contre Toulouse
Le centre lyonnais Josua Tuisova contre Toulouse Icon Sport - Pierre Costabadie

Avez-vous déjà affronté Tuisova dans votre carrière ?

Oui, quelques fois à Castres ou Toulouse. Alors ? C’était peut-être sympa pour lui. Pour nous, un peu moins (rires).

Quelle est la clé pour le verrouiller ?

Du courage (rires).

Et une part de technique, quand même, non ?

Bien sûr, il faut de la technique. Si tu te jettes n’importe comment sur lui, avec la tête mal placée, il est tellement au-dessus du lot que tu peux te fracasser contre lui. Tuisova, c’est un mur. C’est, pour moi, le facteur X du Lou en ce moment.

Il y a Tuisova, mais aussi ceux qui peuvent jouer autour de lui lorsqu’il n’a pas le ballon et on imagine que vous allez chercher à bloquer ce centre du terrain…

C’est toute la complexité de la chose. Si tu te focalises trop sur un mec, autour de lui, il y en a quatorze, donc tu peux vite prendre soixante points. Il faut arriver à trouver le bon compromis pour verrouiller tout le monde.

Vous êtes un joueur plutôt frontal. Appréciez-vous les rencontres où vous avez, face à vous, un joueur au même style de jeu ?

Oui, ça a toujours été mon dada. C’est comme ça que je prends du plaisir et que je m'éclate sur un terrain. Ce sera un sacré duel si je joue, mais il faut bien l’aborder.

Ce week-end, vous allez jouer un huitième de finale face au Lou. Qu’est-ce que ça vous inspire ?

C’est une vraie belle opportunité pour l’Aviron, la ville, de pouvoir jouer ce dernier match de la phase régulière, qui est déguisé en huitième de finale. C’est top que le petit promu arrive à se hisser aux portes de la sixième place. Après, on ne se fait pas de fausses illusions. Nous sommes conscients qu’un match contre Lyon, là-bas, sera extrêmement dur.

Vous auriez signé de suite pour un scénario aussi fou, un an plus tôt…

Oui, c’est complètement fou d’arriver à accrocher tous ces matchs à domicile et de faire quelques bonnes performances à l'extérieur. Pour une première saison, ce n’est que du bonus, que du positif.

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