France - Angleterre. La question qui fâche : le XV de France peut-il remercier l'arbitrage sur ce Tournoi des 6 Nations ?

Par Paul Arnould
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Avec trois victoires, une défaite et un match nul, les Bleus ont conclu leur Tournoi à la deuxième place derrière l'Irlande. Un classement positif pour les Français malgré une déroute face au Trèfle et un nul à domicile contre l'Italie. Mais l'arbitrage, si décrié lors du quart de finale du Mondial, a-t-il été avantageux pour nos Tricolores ?

L'équipe de France a-t-elle disputé le Tournoi des 6 Nations avec 16 hommes sur le terrain ? L'accroche est toute trouvée, la provocation évidente, mais cinq mois après le fameux quart de finale face à l'Afrique du Sud et toutes les polémiques autour de l'arbitrage de Ben O'Keeffe, l'interrogation est légitime à l'heure de jeter un premier coup d'œil sur ce Tournoi 2024.

Par où commencer ? Le dernier match, par exemple, et ce crunch tant attendu face à cette Angleterre retrouvée et revancharde. Les Bleus l'ont remporté grâce à une dernière pénalité signée Thomas Ramos (nous y reviendrons). Mais c'est un fait de jeu plus tôt dans la rencontre qui nous a interloqués. On joue alors la 45e minute quand Smith relance un mauvais dégagement de Bielle-Biarrey. Après un petit côté bien négocié, l'ailier Freeman redresse sa course, monopolise trois défenseurs et veut transmettre à son soutien intérieur - le demi de mêlée Mitchell - parfaitement placé pour filer à l'essai. Mais la passe de l'Anglais est touchée par la main droite de Léo Barré et la gonfle termine dans celles de Flament, positionné devant le Parisien. En-avant volontaire, essai de pénalité et carton jaune ? Non, l'arbitre Angus Gardner laisse les Bleus se dégager en touche malgré les vives protestations de Marcus Smith et consorts. Difficile ici de comprendre pourquoi la faute n'a pas été relevée et surtout pourquoi l'arbitre australien n'a pas fait appel à son arbitre vidéo ; inversement compris.

Cette fois-ci, les faits de jeu sont bleus !

Certains mettront logiquement en avant le fait que Marcus Smith a marqué sur l'action suivante, mais inutile de préciser qu'une infériorité numérique de 10 minutes n'est pas anecdotique à ce niveau-là. Ce fait de jeu vite évacué, l'Angleterre a tenu la dragée haute au XV de France jusqu'à mener dans les derniers instants de la partie. Ce qui nous amène à la pénalité de Thomas Ramos récompensant la longue possession française à la 77e minute. Sur une percussion de Romain Taofifenua, Ben Earl se baisse aux chevilles mais engage l'épaule. S'il n'a rien vu à vitesse réelle, Angus Gardner tend le bras sur le ruck suivant car appelé par son TMO. Cinq temps de jeu plus tard, l'Australien revient à la faute et Thomas Ramos - formidable de sang-froid - ne se prive pas pour offrir la victoire aux Bleus.

Sévère cette pénalité ? Sans tomber dans l'anti-chauvinisme, elle apparaît bien cruelle pour l'Angleterre, d'autant qu'avant dans la partie Damian Penaud n'avait pas été sanctionné pour un plaquage sans les bras qui semblait tout aussi litigieux. Sur X, l'ancien international anglais Andy Goode s'offusque : "Décision ridicule de donner une pénalité pour décider de ce match". Réputé pour ses prises de position, il répondait ici à l'interrogation de l'ancien international irlandais Bernard Jackman, qui se demandait lui aussi si cette sanction n'était pas trop sévère contre la Rose. 

Ludicrous decision to give a penalty to decide a @SixNationsRugby test match! Footage courtesy of @bernardjackman pic.twitter.com/a8YjtNgMt6

— Andy Goode (@AndyGoode10) March 16, 2024

This is the tackle that led to the penalty at the death in the France v England game. Ben Earl penalised for a no arms tackle. What do you think ? Fair or harsh? #FRAvENG #FRAANG #SixNationsRugby #rterugby pic.twitter.com/oH4i8z6SzM

— Bernard Jackman (@bernardjackman) March 16, 2024

Une fin de match qui tourne en faveur des Bleus, ce n'est pas pour nous déplaire nous direz-vous. Sauf que ce n'est pas une première dans ce Tournoi. À Murrayfield, déjà, la victoire finale n'a tenu qu'à la formulation piégeuse de l'arbitre centrale, qui sur l'ultime appel au TMO, n'a jamais questionné l'emplacement du ballon mais seulement le toucher à terre, rendant la validation de l'essai de Skinner impossible par l'arbitrage vidéo malgré des images montrant le cuir sur la ligne. 

Sam Skinner a-t-il aplati sur la ligne ? L'histoire ne le dira jamais.
Sam Skinner a-t-il aplati sur la ligne ? L'histoire ne le dira jamais.

Enfin, lors du match nul contre l'Italie, les Azzurri pourront éternellement regretter le ballon tombé du tee de Garbisi que la décision de l'arbitre Christophe Ridley de ne pas faire retaper à l'ouvreur la balle de match. La règle à ce sujet est pourtant claire : "l'équipe adverse doit rester immobile, les bras le long du corps, et ce, dès que le botteur commence à s'approcher pour botter, jusqu'à ce que le ballon soit botté." Un règlement que n'a pas vraiment respecté François Cros et Seb Taofifenua au moment où l'Italien s'élança pour buter, faisant dire à Franck Maciello (le patron des arbitres français) "tout à fait comprendre" si Ridley avait sanctionné les Français. 

Tout ça pour dire quoi, au juste ? Eh bien! que beaucoup de faits de jeu ont tourné en faveur des Bleus dans cette édition. C'est factuellement vrai et la lecture du Tournoi aurait été partiellement ou intégralement différente si le contraire s'était produit. In fine, évoquer les décisions arbitrales heureuses permet aussi de relativiser quand ce n'est pas le cas. Les fidèles accusateurs du "complot" d'allégeance "anglo-saxonne" contre le XV de France bien-aimé sont aujourd'hui tout penauds. Sont-elles le fruit d'une influence naissante de la France au sein du board de World Rugby ? On jurerait plutôt pour un heureux concours de circonstances. Et si le sujet de l'arbitrage revient souvent à marcher sur des œufs pour celui qui s'y colle, pitié, ne laissons surtout pas les polémiques aux abrutis qui y voient une bonne raison d'agresser - verbalement ou physiquement - nos officiels au nom d'un sport dont ils ignorent les préceptes fondamentaux, à savoir : respecter l'homme au sifflet et accepter ses décisions. Quoi qu'il en coûte !

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Les commentaires (70)
Morisketou Il y a 1 mois Le 18/03/2024 à 09:25

Rien de comparable.
Sur le quart de CDM les Sudafs ont bénéficié de 4 ou 5 largesses arbitrales énormes et incompréhensibles en mesure de faire basculer le match très tôt, perdu d'un point.
Sur ce tournoi, on a une chance ou 2 par match, et en cherchant bien, on peut aussi trouver des faits arbitrales favorables à nos adversaires. Un tournoi "normal".
Rien de comparable.

Allezlespetits Il y a 1 mois Le 17/03/2024 à 20:19

La comparaison est malhonnête. Tout d'abord jouer une coupe du monde tout les quatre ans et la gagner a une répercussion pour la France et la FFR sans commune mesure. Le tournoi se joue tous les ans et si la France ne gagne pas tous les matchs cela n'aura pas un impact aussi fort que la coupe du monde. Alors, mettre sur le même plan l'erreur d'arbitrage en notre faveur je trouve la comparaison un peu exagéré .

TerryH0009 Il y a 1 mois Le 17/03/2024 à 18:50

et une ligne de hors jeu française jamais sanctionné ou rarement depuis le non jeu de Galthié basé uniquement sur la défense jusqu à l echec de la CDM ! puis un sketch de décisions en faveur des français sur ce tournoi ! l avenir va être plus complqué que prévu aprés s être vu champion du monde trop tôt ! et la théorie que l EDF devait se balader pendant 30 ans paraît il êtait une insulte aux adversaires qui vont compliquer les années à venir !