Nyanga : "L’amour du maillot, le sentiment d’appartenance est essentiel"

  • Top 14 - Yannick Nyanga (Racing 92)
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TOP 14 - Premier de la classe pour le nombre de "joueurs issus des filières de formation" alignés en Top 14, le Racing 92 peut s’appuyer sur un centre de formation performant. Yannick Nyanga, le directeur sportif du club francilien, revient sur cette philosophie qui fait les beaux jours des Ciel et Blanc.

Rugbyrama : Comment avez-vous accueilli le fait d’être le club qui affiche le plus grand nombre de "joueurs issus des filières de formation"en moyenne par match(20,37*) ?

Yannick Nyanga : On le sait un peu à l’avance. C’est comme le mec qui arrive au BAC et qui a 16 de moyenne toute l’année. Il a quand même peu de chance de se louper. Mais tout ceci est né d’une vision. Il faut rendre à César ce qui lui appartient. C’est Jacky Lorenzetti, quand il a lancé ce centre d’entraînement et qu’il y a adossé un centre de formation, qui a eu une vraie volonté d’aller chercher des jeunes, d’aller chercher des personnes compétentes. Je pense à Alain Gazon ou Christophe Mombet qui a connu le très haut niveau avec l’équipe de France en 1995, qui a été manager général de l’ASM.

Etre le bon élève du TOP 14 concernant la formation, c’est une chose. Mais le plus gratifiant, ce n’est pas de voir ces jeunes répondre immédiatement aux exigences du haut niveau ?

Y.N : J’aime bien dire que les jeunes, dans un premier temps, doivent leur réussite à eux-mêmes. Nolann Le Garrec, par exemple, doit sa réussite à son travail individuel. Nous, derrière, on arrive pour fixer un cadre dans lequel les jeunes doivent performer avec des points de passage. Mais ce n’est pas tout de former les jeunes, il faut aussi leur faire de la place. Si leur avenir est bouché en équipe première, c’est compliqué. Sur ma dernière saison (2017/2018), qui est également la dernière saison de Dan Carter et Chris Masoe, on avait une moyenne d’âge de 31 ans. On est passé à 26 ans la saison suivante. Le travail d’une petite dizaine d’années a porté ses fruits.

J’aime bien dire que les jeunes, dans un premier temps, doivent leur réussite à eux-mêmes.

En débutant une saison, est-ce que vous savez combien de jeunes vous allez lancer dans le grand bain ?

Y.N : On essaye de planifier les choses, en fonction notamment des joueurs sélectionnés en équipe nationale. Mais ce n’est pas une science exacte. On n’est pas sélectionneur, on ne sait pas quel joueur va performer ou non. On essaye de se fier à notre ressenti. Si je vous disais que tout est programmé à l’avance, ce serait faux. Mais on essaye de laisser le moins de place possible au hasard.

Dans votre philosophie, vous souhaitez que ces jeunes fassent seulement quelques feuilles de matchs pour éviter de les cramer ?

Y.N : Il faut trouver un équilibre pour le bon fonctionnement du club. Mais il n’y a pas un jeune qui est pareil. Si on prend l’exemple de Nolann Le Garrec, pas grand monde est en mesure d’avoir une telle marge de progression. Jordan Joseph, qui est arrivé chez nous à 17 ans, a eu besoin d’un peu plus de temps pour arriver à maturité. Ils n’ont pas connu les mêmes choses, ce n’est pas le même poste, les mêmes contraintes physiques. Mais si on n’avait pas recette, on ne la donnerait pas (sourire).

La génération 2002 est une très grosse génération.

Quel est l’état d’esprit au sein du centre de formation ? On image qu’il y a une vraie émulation quand ces jeunes voient leurs potes percer en équipe première…

Y.N : La première des choses, c’est l’amour du maillot. On se souvient tous de notre première fois. Ça donne un sentiment d’appartenance en plus. C’est essentiel. Il faut voir la tête de Boris Palu, Antoine Gilbert ou Ibrahim Diallo avant un derby. Pour un club comme le Racing qui n’a pas toujours eu la chance d’avoir des jeunes du cru, il y a beaucoup d’effervescence autour de l’équipe. Il suffit de voir comment les victoires sont célébrées.

Depuis quatre, cinq ans, le rugby français a entamé une révolution culturelle importante. Aujourd’hui, la course aux joueurs étrangers fait partie du passé. Il y a désormais une vraie confiance accordée aux jeunes.

Y.N : Avant même de parler de changement, il faut féliciter la Ligue. Sans ces quotas de joueurs issus des filières de formation, on n’en serait sans doute pas là. Cette règle récompense notre travail de fond. Le sport de haut niveau a souvent eu des réflexes d’immédiateté pour gagner vite. On a vu l’arrivée de mécènes qui voulaient gagner tout de suite. On ne peut plus monter des équipes avec des stars étrangères à tous les postes. Mais dans pas longtemps, on sera rejoint par les autres équipes.

Parmi les jeunes joueurs de 17/18 ans actuellement au centre de formation, certains vous semblent-ils promis à un avenir brillant ? Voyez-vous de futures pépites du rugby français ?

Y.N : La génération 2002 est une très grosse génération. C’est une génération qui a vraiment le potentiel pour faire quelque chose de très grand. Mais le potentiel, c’est une chose. Le faire, c’est autre chose.

* Pour rappel, les clubs doivent atteindre une moyenne de 16 "Jiff" sur la feuille de match, à l'exception de Bayonne et Brive qui conservent leur statut de promu de la saison dernière (avec une moyenne à atteindre de 15 Jiff).

Par Vincent PERE-LAHAILLE

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