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XV de France - Opinion : Comment les Bleus ont finalement ouvert les yeux, au fil des difficultés dans ce Tournoi des 6 nations

  • Scènes de joie samedi soir à Lyon : au terme d'un Tournoi des 6 nations chaotique, le XV de France de Julien Marchand et Gaël Fickou fait tomber l'Angleterre  et se classe deuxième.
    Scènes de joie samedi soir à Lyon : au terme d'un Tournoi des 6 nations chaotique, le XV de France de Julien Marchand et Gaël Fickou fait tomber l'Angleterre et se classe deuxième. Icon Sport - Hugo Pfeiffer
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S’il ne fut pas de tout repos pour les nerfs et parfaitement imparfait dans son contenu, ce Tournoi des 6 nations 2024 aura eu une vertu majeure : au fil des difficultés, les Bleus ont fini par admettre leurs manques et les traumatismes liés à la dernière Coupe du monde. Jusqu’à les évacuer définitivement ? On l’espère...

Au moment où le ballon tapé de 50m franchissait les poteaux et que les juges de touche levaient leurs drapeaux, la clameur qui accompagna la pénalité de Thomas Ramos n’était pas qu’à la hauteur d’une rencontre époustouflante, imparfaite dans son contenu mais dont le scénario et l’issue balayent tout. Ce sont deux mois de frustration, de doutes et de peurs qui se sont soudain déversés des tribunes vers la pelouse du Groupama Stadium, expulsés sous la forme de cris de joie.

La France du rugby a souffert, oui, avant d’en arriver là. Elle est passée par toutes les émotions et tous les états de son jeu, semblable à des ruines au soir de l’Irlande et guère plus fringuant en Ecosse ou face à l’Italie. Inquiétant ? Sur le moment, c’est une certitude et plus encore. Au lendemain de ce tomber de rideau heureux, on se dit pourtant que ce scénario cahoteux est la meilleure des choses qui soient arrivées aux Bleus.

Des mensonges à la réalité

La gifle irlandaise (17-38) et les désillusions qui suivirent ont eu le mérite de sortir tout le monde de la léthargie post-traumatique. Entre le quart de finale funeste d’octobre 2023 et la reprise du Tournoi en février 2024, les acteurs du XV de France s’étaient surtout menti à eux-mêmes, bien avant leur public. Tout l’environnement bleu transpirait ce nihilisme : de leur sélectionneur, posant face à l’échec le seul diagnostic d’une éventuelle malchance - "si c’était à refaire, j’adopterais exactement la même stratégie" - aux joueurs, jurant à leur tour qu’ils avaient tourné la page et évacué la déception. Un déni de réalité qu’ils ont d’abord payé cher.

A lire aussi : France - Angleterre. La question qui fâche : le XV de France peut-il remercier l'arbitrage sur ce Tournoi des 6 Nations ?

Il fallait sûrement en passer par là, pour enfin assumer la vérité de leur situation et de leur déchirure. Celle qu’a finalement verbalisée Thomas Ramos, samedi soir au micro du diffuseur : "Ça n’a pas été un Tournoi facile. Il a fallu s’accrocher, tout le monde sait qu’on revenait d’une énorme déception. D’entrée, on a pris un coup derrière la tête." Ces mots, ces aveux faisaient écho à une autre émotion : celle de son sélectionneur, toujours samedi soir, au même endroit et au même micro, quelques minutes plus tard.

Galthié, version extatique

On connaissait Fabien Galthié ému aux larmes, parfois, comme lorsqu’il devait débriefer le grand chelem des Bleus (2022) ou, moins joyeux, lorsqu’il accompagna Virimi Vakatawa dans l’annonce de sa retraite forcée pour des problèmes cardiaques. Plus souvent, on le vit pensif, philosophe et presque habité, empruntant au vocable de la psychologie pour étayer une communication pas toujours audible. Samedi soir sur la pelouse du Groupama stadium, alors que ses joueurs fêtaient la victoire dans son dos, le sélectionneur a semblé se lâcher, enfin. Comme soulagé d’un poids.

Un Galthié extatique, remuant la tête et les épaules, basculant d’une jambe à l’autre, le verbe rapide, comme s’il pouvait finalement laisser filer toute la pression qui a accompagné "son" XV de France au long de ce Tournoi des 6 nations 2024. Et ce sourire franc, enfin : "On peut faire mieux, c’est sûr qu’on peut faire mieux. Au final, on se bat, quoi ! On se bat ! C’est dur, c’est parfois… (il marque une pause) On peut nous reprocher qu’on n’a pas tout bien fait, et je suis d’accord. Mais on se bat, l’équipe se bat jusqu’à la dernière minute."

Ramos, un match comme un symbole du Tournoi

Comme les autres, Galthié a finalement reconnu les difficultés qu’il a fallu surmonter. Celles qu’il avait souvent niées : "Il y a eu un passage difficile, ce qui est la vie normale d’un cycle, d’une équipe. On est tous conscients de pourquoi on s’est retrouvé dans cette difficulté en début de Tournoi."

A lire aussi : 6 Nations 2024 - Thomas Ramos (XV de France) meilleur réalisateur du Tournoi pour la deuxième fois d'affilée

Sans le savoir, Ramos et Galthié se répondaient. Et le match face à l’Angleterre de l’arrière des Bleus, reconverti ouvreur pour l’occasion, incarnait bien ce chemin de traverse chaotique, imprécis, un temps raté et finalement heureux dans sa conclusion. Un Tournoi libérateur, surtout, comme l’ultime pénalité du Toulousain qui fit tout basculer.

Les Bleus, au fil des coups durs et des coups de mou, se sont finalement soulagés d’un poids immense grâce à ce Tournoi des 6 nations. Sur ces notions de "résilience", de "combat" et de "résistance" qu’a encore martelées le sélectionneur, ils pourront reprendre le fil de leur histoire. La vie devant. Et Ramos de conclure : "Il y a d’énormes qualités dans l’équipe, j’en suis persuadé. Maintenant, à nous de nous en rendre compte."

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Les commentaires (3)
PA1954 Il y a 1 mois Le 17/03/2024 à 18:51

C'est surtout Galtier qui a ouvert les yeux sur la futilité de sa stratégie de dépossession et a fait entrer de jeunes prometteurs pour préparer l'édition CdM 2027. Par contre, il n' a toujours pas ouvert les yeux ou les oreilles sur sa communication qui reste encore incompréhensible et totalement absconse.

pasali Il y a 1 mois Le 18/03/2024 à 04:00

compréhensible sa communication, il suffit d'écouter et d'y mettre un minimum de bonne volonté, mais ça il faut le vouloir.

DGrennes Il y a 1 mois Le 17/03/2024 à 18:35

Emouvant article ,comme Thomas Ramos au micro, après le match...