XV de France - "Anatomie d'une chute" (4/4) : Dans les têtes, le nécessaire temps du deuil n'est pas consommé
Les Bleus semblent perdus, paralysés, incapables de retrouver la clé de leur jeu, malgré les discours rassurants. L’après-mondial n’a semble-t-il pas encore commencé.
La quête d’un objectif sportif se termine de deux façons : dans la joie ou dans les larmes. Selon que l’on soit couronné ou déchu. Les sceptiques de tous bords, les adeptes de la méthode Coué à commencer par le staff et les joueurs eux-mêmes, tous ont beau répéter à l’envi que le traumatisme est consommé et définitivement derrière eux, il semble tout de même que quelque chose ne fonctionne plus. Pire, le ressort qui souvent permet à notre latinité de passer du désastre au triomphe, semble aujourd’hui distendu voire radicalement cassé.
Alors, bien sûr il ne suffit pas de se contenter de vagues impressions en portant notre attention sur les regards perdus, les mines déconfites pour étayer notre propos. Il faut se souvenir des faits et des mots.
Il y eut, d’abord, la première conférence de presse d’après quart de finale ou un Fabien Galthié peinant à trouver les mots, tout autant que les explications, gêné par un écho dans l’oreillette, rappela, martela "les différents faits de jeu, la place de l’arbitrage, la trame de cette flèche du temps, l’adversaire, la fierté mais aussi la déception, la frustration." Il n’existe pas d’analyse à chaud ou si rarement, il faut de la hauteur de vue, un peu de détachement aussi pour y parvenir. À chaud, tout n’est qu’émotion, réaction, tumulte des sentiments. Fabien Galthié, dans sa position, n’était-il pas le moins bien placé pour analyser ?
Un contrat qui court, des joueurs qui gambergent
Lorsque la question lui fut posée de savoir si cette défaite remettait en cause son rôle à la tête de l’équipe de France : "Non, j’ai un contrat qui court jusqu’en 2028." Lapidaire mais inattaquable. Une façon de se protéger et, avec lui, les hommes qu’il choisirait quelques mois plus tard pour attaquer le Tournoi 2024.
Il y eut ensuite son silence assourdissant jusqu’au mercredi 8 novembre, alors que les 18,4 millions de téléspectateurs (pic d’audience du quart de finale) attendaient de comprendre pour peut-être passer à autre chose. "Pour nous, c’était le temps du deuil… Il s’agit d’une douleur, d’une blessure…", entre autres mots, ceux-là firent écho aux paroles de tous les Mondialistes invités à s’exprimer dans nos colonnes ou ailleurs qui affirmeront haut et fort, jusqu’à ces jours-ci, qu’ils sont désormais passés à autre chose tout en concédant que, "Il y a toujours une plaie qui reste ouverte", Jonathan Danty, "La cicatrice nous suivra toute notre vie, on le sait", Charles Ollivon ou "Le plus dur reste à venir", Thomas Ramos.
Thérapie collective pour un drame national...
Tout cela est bien normal après un tel séisme. En interne, on ne dit pas autre chose, les joueurs ne sont pas passés à autre chose. Mais alors pourquoi Fabien Galthié n’a-t-il pas convoqué cet exercice de thérapie collective, cette nécessaire catharsis pour évacuer tous les démons de ces Bleus meurtris et pourtant préparés, perdus alors que tout était écrit, champions programmés et pourtant vaincus. Parce que sans doute est-il le premier de ses hommes rongés par ces maux.
Il ne suffit pas aux Bleus de répéter que "jusqu’ici tout va bien", pour que tout aille mieux. Les retours des Bleus depuis ont globalement attesté de ce constat. Oui mais alors comment expliquer Dupont, Alldritt et les Irlandais… Tout aussi battus après un Mondial raté.
Antoine Dupont, depuis, n’eut que peu de mots, si ce n’est cette sortie d’après quart de finale maintes fois commentée sur la frustration d’un arbitrage pas à la hauteur. Puis l’aventure à VII en toile de fond, Dupont a flambé en Top 14 avant de s’envoler loin de cette marche funèbre du Tournoi 2024. Grégory Alldritt, deux mois de vacances, un mariage en famille en écosse, loin des blessures de l’âme et un peu du corps. Et, pour l’Irlande, un régime de semi-repos pour ses internationaux avec trois fois moins de matchs à disputer jusqu’au Tournoi.
Ce Tournoi 2024, déjà mal embarqué, ressemble à un long chemin de croix pour nos Bleus. Où les numéros 3 de World Rugby à la veille de la Coupe du monde n’ont pas su battre l’Italie. Et si la frustration, née au lendemain d’une défaite en Coupe du monde, trouve quelques mois plus tard, son funeste prolongement dans les contre-performances actuelles, c’est que la guérison n’a pas encore commencé.
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