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XV de France - "On ne sent pas qu’un patron s’impose sur les annonces en touche" affirme Imanol Harinordoquy

Publié le Mis à jour
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Imanol Harinordoquy, consultant Midi Olympique, est revenu sur la courte voire miraculeuse victoire des Bleus à Murrayfield. Un succès qui, selon l’ancien troisième ligne du XV de France aux 82 sélections, ne cache pas les carences françaises dans les domaines de la défense et de la touche.

Quel sentiment domine à l’issue de cette courte victoire ?

On peut dire merci à Louis Bielle-Biarrey ! Car je pense que sans sa fulgurance, on ne gagnait pas ce match. Après, je savais que ça allait être compliqué de se relever après la défaite contre l’Irlande mais globalement, cela a été très difficile à Murrayfield. On a gagné à contre-courant de la physionomie du match, et son résultat ne reflète pas la rencontre. On a moins entrepris que les Ecossais, on a été très fébriles en conquête… le point positif, c’est que le banc a fait du bien. Les entrants ont apporté quelque chose parce que jusqu’alors, c’était assez mou…

On attendait beaucoup de réactions individuelles de joueurs ciblés par les critiques comme Gaël Fickou, ont-ils répondu à votre sens ?

Globalement, je n’ai pas vu de réaction collective. La seule réaction que j’ai vue, c’est celle du banc qui a apporté de la fraîcheur et de l’énergie. Sur le XV de départ, je n’ai pas vu de grandes différences. Ils ont essayé, mais on a senti que cela manquait d’énergie, de confiance… En plus on a rapidement perdu des ballons en touche, offensivement on n’a pas tenu le ballon… Et il n’y a pas eu d’intensité sur le match. Je pense que le temps de jeu effectif doit être catastrophique (39,8 minutes, NDLR.).

On a l’impression qu’il y a un problème profond en touche, quel regard portez-vous sur ce secteur ?

Dès la deuxième touche, on se fait contrer et derrière on sent que c’est la panique. C’est une affaire de confiance collective. Tout le monde se regardait, ils faisaient des réunions pour savoir ce qu’ils allaient faire… Globalement, je trouve que cela manque de vitesse dans l’exécution.

C’est-à-dire ?

Plutôt que de faire des choses simples avec de la vitesse, on ajoute des temps de jeu et l’on devient trop lisible pour l’adversaire. On a un souci au niveau de la touche.

On attendait beaucoup du retour de Cameron Woki dans l’alignement. Est-ce selon vous un problème d’hommes ou de système ?

Je crois qu’il y a eu, à Murrayfield, un problème d’annonce car nous ne sommes pas calés. La première touche est prise proprement par Woki justement, et derrière cela a été très laborieux. Ils vont se gérer cela en interne, mais on ne sent pas qu’un patron s’impose sur les annonces. Les Ecossais ont eu des touches propres, magnifiques même tandis qu’on a été très brouillons, avec une ou deux touches propres seulement.

Cameron Woki était titulaire face à l'Écosse après avoir débuté sur le banc contre l'Irlande.
Cameron Woki était titulaire face à l'Écosse après avoir débuté sur le banc contre l'Irlande. MB Media / Icon Sport

Quid de la mêlée fermée ?

Ce fut plutôt positif, notamment celle où les Ecossais reprennent la mêlée juste avant la mi-temps et on récupère la balle. Tout n’est pas à jeter donc, mais nous n’avons pas été dominants. À l’image de l’ensemble de la rencontre d’ailleurs.

La sortie de Gregory Alldritt n’a pas arrangé les affaires du XV de France puisqu’il réalisait un bon match jusqu’alors…

C’est certain. D’ailleurs j’espère que cela n’est pas grave parce qu’il ne faudrait pas qu’il manque à l’appel. Il fut l’un des rares joueurs à avancer, même s’il a lui aussi été pris dans l’étau des Ecossais.

Les Bleus ont-ils rectifié le tir dans le domaine du jeu au sol, qui fut l’une des grandes défaillances à Marseille ?

Les sorties de balles ont été plus propres mais on manquait quand même de vitesse et de fluidité pour enchaîner les temps de jeu.

Vous évoquiez l’entrée des remplaçants, qui retenez-vous ?

J’ai senti une bonne énergie de la part d’Alexandre Roumat avec Posolo Tuilagi, Dorian Aldegheri et Julien Marchand… à mon sens ils ont tous apporté leur énergie à ce XV de France.

Voilà deux bonnes entrées de Posolo Tuilagi, ne mérite-t-il pas une titularisation ?

C’est peut-être encore un peu tôt et je ne suis pas sûr qu’il ait la « caisse » pour jouer 50 minutes. En revanche, il peut faire de vraies différences quand l’équipe adverse est un peu fatiguée. L’autre truc, c’est qu’il peut handicaper la touche car il supprime une option de sauteur, et comme nous n’avons déjà pas beaucoup d’options…

Qu’avez-vous pensé de la charnière Lucu-Jalibert ?

Cela a été mieux que la semaine dernière car on a moins subi devant. Mais je regrette qu’ils n’aient pas été plus offensifs. Dès que Matthieu Jalibert démarre, même en travers, il apporte du danger. Seulement, ce fut trop rare. Notre charnière a bien moins pesé que celle de l’Ecosse, même si Finn Russell a peut-être été un peu suffisant en deuxième mi-temps, en pensant que le match était gagné. Mais il a fait un récital.

La charnière bordelaise enchaînait sa deuxième titularisation dans le Tournoi 2024.
La charnière bordelaise enchaînait sa deuxième titularisation dans le Tournoi 2024. Patrick Derewiany

Vous parlez de cette longue phase de ping-pong rugby ?

Tout à fait. Au stade, c’était incroyable… et assez chiant à regarder pour tout dire. À un moment, on a cru qu’il jouait à "1, 2, 3, Soleil" ! Personne ne bougeait. C’était n’importe quoi. Personne ne monte : c’est un nouveau truc ça… C’est pour cela que je dis que cela a peut-être joué des tours à Finn Russell, qui pensait avoir le match gagné. C’était catastrophique pour le spectacle. Les joueurs écossais ont d’ailleurs pris une bronca du public, mais cela a plutôt profité aux Français. Je ne sais pas qui a raison, mais ce n’est pas le rugby que l’on veut voir.

Cette victoire, même poussive, relance-t-elle les Bleus ?

Bien sûr ! C’est toujours positif de gagner à Murrayfield car c’est rare. Même s’il n’y avait pas du tout la manière, c’est important. Les Bleus vont retrouver le sourire, et sont relancés dans la compétition. En plus, ils vont avoir quinze jours pour bosser avant l’Italie. Car ce qui est sûr, c’est qu’ils ne peuvent pas se reposer sur leurs lauriers.

Quels sont leurs chantiers principaux ?

La défense. On n’est pas dominants, on laisse la position à l’adversaire, on subit, sauf en fin de match où grâce à des montées inversées, on a posé des problèmes aux Ecossais. C’était le fonds de commerce de cette équipe mais on ne retrouve plus cette domination défensive qu’on a connue par le passé. Quand on jouera en avançant, tout sera plus facile…

Et la touche ?

La touche nécessite des réglages, ils doivent retrouver des automatismes dans un alignement qui n’est pas type. Et comme je le disais avant, la touche est une affaire collective et dès que l’on perd la confiance, cela peut se dérégler. Pour l’instant, on n’a pas trouvé la bonne carburation. Mais à Murrayfield, on n’avait pas ciblé les bonnes zones.

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Les commentaires (3)
envoituresimone Il y a 2 mois Le 12/02/2024 à 14:12

Charles Ollivon est le patron le plus qualifié pour la touche et l'équipe de France.

beauden_braguette Il y a 2 mois Le 12/02/2024 à 07:28

Depuis le temps qu'il faudrait que Chouzenoux soit essayé en EDF... il y aurait moins de problèmes en touche

Chabalou Il y a 2 mois Le 11/02/2024 à 23:07

Parfaite analyse d'Imanol reflétant la vision du spectateur ou téléspectateur...on a failli s'ennuyer. On ne reconnaît pas notre EDF qui postulait pour être championne. C'est poussif, lent, on subit, pas de lien ou de collectif de la part des avants. Et en plus on perd des munitions. On veut jouer au pong pong rugby alors que nous ne sommes pas bons sous les chandelles. Certains n'apportent plus rien au groupe et sont en fin de carrière