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Top 14 - Exclusif. Louis Carbonel (Montpellier) : "Je retournerai un jour à Toulon"

Par Paul ARNOULD
  • "Je retournerai un jour à Toulon", assume Carbonel, qui a pour seul objectif cette saison de sauver son club de Montpellier de la relégation.
    "Je retournerai un jour à Toulon", assume Carbonel, qui a pour seul objectif cette saison de sauver son club de Montpellier de la relégation. Icon Sport - Icon Sport
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    "Je retournerai un jour à Toulon", assume Carbonel, qui a pour seul objectif cette saison de sauver son club de Montpellier de la relégation. - Icon Sport
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Avant la réception de la Section paloise, Louis Carbonel nous a accordé un long entretien. Le demi d’ouverture de 24 ans évoque tous les sujets, de la situation sportive du MHR – dernier de Top 14 – à son profil de joueur offensif. Tout y passe, l’arrivée du nouveau staff, son avenir incertain en Hérault, sa relation avec Patrice Collazo et son amour pour son club de cœur, le Rugby club toulonnais.

Comment allez-vous ?

Tout va bien pour moi depuis quelque temps. Je n’ai pas joué les deux derniers matchs de Challenge Cup donc j’ai de l’énergie à revendre. Cela étant dit, on rebascule sur le Top 14 avec cette réception de la Section sans droit à l’erreur (cet entretien a eu lieu avant la rencontre Montpellier - Pau jouée samedi, N.D.L.R.), surtout à domicile. Les prochains matchs vont être à fort enjeu mais on est obligés de tout donner.

Cet entraînement avec les enfants des écoles de rugby vous a-t-il permis d’avoir une petite respiration dans une période relativement stressante ?

C’est sympathique de s’entraîner avec des jeunes. On partage la même passion du rugby et quand nous étions nous-mêmes enfants, on aimait rencontrer les professionnels et avoir la chance de les côtoyer de près. C’est primordial de faire ce genre d’entraînement avec les écoles de rugby de la région et de partager ces moments. Quand j’étais petit, j’avais envie de devenir comme eux. Ça m’a poussé à m’entraîner, à devenir meilleur et à poursuivre mon rêve.

On sent un vent de renouveau au MHR depuis les deux victoires en Challenge Cup début décembre. Êtes-vous sur le bon chemin ?

Il y a une vraie dynamique. Le staff est arrivé avec de nouvelles idées qui nous ont fait du bien. Il fallait aussi leur laisser du temps pour trouver les bons mots et nous remettre en confiance. L’équipe tient plus le ballon, on envoie plus de jeu. J’espère que nous allons garder ce même état d’esprit car on est encore en retard au classement.

Ce classement vous inquiète ?

C’est un constat : nous sommes derniers, donc en retard. Nous n’avons pas le choix, il faut gagner à domicile et prendre des points à l’extérieur et je pense qu’on a l’équipe pour. Il faut croire en nos capacités et le faire aussi lorsque les matchs seront plus compliqués.

Quand a eu lieu la prise de conscience ?

Nous n’avions pas anticipé ce scénario en début d’année, mais c’est le haut-niveau, il arrive qu’il y ait des situations imprévues. Il faut savoir y répondre avec l’expérience, et le talent des joueurs qui ont déjà vécu de grands événements au fil de leur carrière. Avec la qualité de nos joueurs, les matchs à enjeux doivent être plus faciles.

Avec le recul, comment jugez-vous votre début de saison ?

Quand ça ne va pas dans les têtes de tout le monde, ça ne peut pas aller dans la tienne. Encore plus quand tu es le buteur et le gestionnaire. Je pense que j’ai été à l’image de l’équipe, je n’ai pas su être bon quand il le fallait même si tout n’est pas mauvais. Les résultats n’étaient pas là car l’ambiance du club et du collectif n’était pas au rendez-vous.

Quel a été le rôle du staff dans cette reprise en main ?

Déjà, ça ne fait jamais plaisir de voir un staff partir. On est obligés de se remettre en question, de se resserrer. Ensuite, une nouvelle dynamique s’est créée. Le nouveau staff est arrivé avec beaucoup d’idées et ça fait du bien d’avoir plusieurs discours. J’espère qu’on aura les clés pour se maintenir.

Bernard Laporte, Vincent Etcheto, Christian Labit, Patrice Collazo, Didier Bès… Quelle fut votre réaction en voyant ce staff pléthorique débarquer ?

Huit défaites consécutives, la situation était difficile donc ça ne pouvait pas être pire qu’avant. Je voulais voir comment tout ça allait se structurer. Mais je savais qu’avec l’arrivée de Bernard à la tête du club, le côté sportif serait très bien articulé. Ce que je savais moins, c’était qui allait s’occuper de quoi.

Et comment ça se passe au quotidien ?

Ça se passe bien (il sourit). Ça se passe très bien.

Patrice Collazo ? Je n’ai pas envie d’en rajouter

Vous parliez de Bernard Laporte. Quel est son rôle avec vous ?

Il nous parle beaucoup car il a l’expérience et il est très fort dans tout ce qu’il entreprend. Il n’est pas tout le temps-là, mais sur les débriefings ou parfois les avants-matchs, il imprime sa patte car elle est importante.

Il y a aussi l’arrivée de Vincent Etcheto pour s’occuper des trois-quarts. Quand on connaît son appétence pour le jeu offensif, cela a dû vous ravir, non ?

Bien sûr. Je suis un attaquant, j’adore le jeu, déplacer le ballon et il est vrai que Vincent a vite changé nos habitudes. Ça m’a fait du bien car j’ai besoin que mon équipe tienne le ballon pour prendre des initiatives et me sentir à l’aise. Personnellement, il me demande de lire les situations pour être performant. Ce qui me plaît, c’est de jouer parfois à l’instinct car on ne peut pas tout prévoir au rugby et il y a beaucoup d’adaptation sur le terrain en fonction du score et du scénario du match. À voir maintenant ce que la suite nous réservera.

Par exemple ?

J’essaie de progresser sur le drop-goal, surtout après ce qui m’est arrivé (il a raté un drop en fin de match lors de la défaite à Lyon 20-18, le 30 décembre, N.D.L.R). J’espère avoir la même régularité qu’au tir au but qui marche bien en ce moment. Je bosse. Ce n’est pas passé la dernière fois mais j’ai envie d’élargir ma palette de jeu car même si je suis un attaquant, je dois travailler des domaines qui sont peut-être moins innés chez moi.

À la suite de l’arrivée de Patrice Collazo, il s’est dit et écrit beaucoup de choses au sujet de vos relations glaciales datant de votre période commune à Toulon. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Je n’ai pas envie d’en rajouter. Il s’est dit beaucoup de choses comme vous l’avez mentionné. Certaines sont vraies, d’autres fausses, et je n’ai pas envie de faire du bruit car la situation du club ne le permet pas. Je veux être utile à l’équipe car le club en a besoin, et ce n’est pas mon rôle.

Mais avez-vous eu une explication avec lui à son arrivée ?

Vous voulez me piéger (sourire). Je vais me répéter, mais je me concentre sur moi, sur mon jeu et sur l’équipe que j’essaie d’aider au maximum pour gagner et remonter au classement. C’est la principale chose que j’aie en tête. Vous savez, on ne peut pas toujours faire ce qu’on veut dans la vie. Et je ne souhaite pas en dire plus.

Ne pas en dire plus ne crée-t-il pas le phénomène opposé, c’est-à-dire en faveur des rumeurs et des commérages ?

Ce que j’ai envie de répondre sur Patrice, et ça sera la dernière fois que j’en parle, c’est que les gens qui me connaissent – mes proches comme mes coéquipiers – savent ce qu’il se passe. Ce qui m’importe, c’est être bon sur le terrain et non de faire du buzz pour faire écrire des lignes dans les journaux. Je n’ai pas envie de m’étaler.

Tous les gens qui me connaissent savent que je suis une personne simple avec un bon fond

Reparlons du terrain. Après l’arrivée du coach, vous sentiez-vous particulièrement attendu lors de votre première titularisation ? C’était face à Castres et vous aviez réalisé une grosse performance…

Je suis comme ça de base, j’aime prouver parce que je suis ambitieux et je ne veux pas me cantonner à des problèmes plus ou moins importants. J’ai envie de montrer que je peux passer outre certaines choses et que j’aspire à plus haut. Mon objectif est surtout d’être le meilleur chaque week-end, et tout ce qui peut se dire en dehors m’importe peu. L’important, c’est de répondre sur le terrain.

Vous ne laissez personne indifférent. Cette image de joueur pas lisse, c’est quelque chose que vous revendiquez ?

Vous trouvez que j’ai un caractère différent des autres ?

Disons que vous avez une forte personnalité, peut-être aussi du fait de votre poste, de vos responsabilités sur le terrain…

Je pense surtout que je suis un très gros compétiteur. Je veux gagner, et comme je le disais, parfois on n’a pas ce qu’on veut dans la vie mais il faut se battre même dans la difficulté. Je pars du principe que je ne me laisserai pas faire, alors je tente d’apporter des réponses sur le terrain. Sur mon caractère, je suis ‘cool’ et sympathique avec mes coéquipiers. J’aime rire, faire des blagues et savoir que mes coéquipiers m’apprécient.

On dit que vous pourriez avoir un caractère difficile.

(il s’étonne). Je ne l’ai jamais vu, ça.

Notamment à Toulon où vous étiez l’enfant du club, le "Petit Prince de la Rade" etc. Avez-vous le sentiment, justement, de ne pas avoir été épargné ?

Je vois ce que vous voulez dire. Il y a des choses qui ont été dites et qui sont fausses à mon sujet comme quoi j’étais difficile au quotidien. Je ne vais pas mentir, ça ne fait pas plaisir d’entendre ça, mais il faut faire la part des choses. Tous les gens qui me connaissent et me côtoient dans le rugby ou ailleurs savent que je suis une personne simple avec un bon fond. Je veux juste gagner et je suis honnête avec les autres en disant certaines choses quand il le faut. C’est pour cela qu’à Toulon, il s’en est dit des vertes et des pas mûres parce que je voulais aider l’équipe à gagner en étant honnête avec certaines personnes et ça n’a pas plu.

Ma marge de progression est encore grande

D’ailleurs ce surnom : "le petit prince de la Rade", qu’en pensez-vous ?

C’est toujours flatteur. Il me fait sourire, je ne vais pas vous dire que je le déteste (sourire).

Vous avez été champion du monde U20 aux côtés de Romain Ntamack. Vous avez sensiblement le même âge, lui joue dans son club de cœur, Toulouse, comme vous à l’époque à Toulon. Si on affirme qu’il a été davantage protégé, couvé dans son environnement, partagez-vous ce sentiment ?

Je suis d’accord, mais pourquoi ? Parce que Romain a beaucoup gagné avec Toulouse et que c’est forcément ce qui arrive quand tu gagnes. Je n’ai pas eu la chance de remporter des titres et c’est peut-être l’une des raisons. Ce n’est pas grave. Je m’accroche, je continue de travailler comme un fou - car je m’entraîne beaucoup - et j’espère qu’un jour ça tournera en ma faveur.

Toulon avait connu ses grandes heures avant votre éclosion au plus haut niveau, Montpellier est champion de France en titre au moment de votre arrivée mais peine depuis à retrouver les sommets. Vous êtes un peu le chat noir, non ?

Je me le suis dit, mais ce sont dans les moments difficiles qu’on apprend le plus. Et je suis persuadé que ce que je vis aujourd’hui n’est pas cause perdue, notamment à mon poste où quand ça marche moins bien il est plus difficile de performer car la dépendance aux autres est forte au haut-niveau "Ce qui ne me tue pas me rend plus fort". Sur ma fin de carrière, j’espère en tirer du positif, même si j’aimerais que ça tourne avant (rires).

Vous dites : "fin de carrière". Vous ne vous considérez donc plus comme un jeune joueur ?

Je ne me considère comme un "pas trop vieux encore" (sourire). J’ai pris de l’expérience et les difficultés m’ont fait grandir plus vite. Je suis une personne ambitieuse et j’aspirais à mieux sur la première partie de ma carrière. Il faut continuer à avancer et rester positif.

Le dernier match de Louis Carbonel en équipe de France remonte à la tournée d'été 2021 en Australie.
Le dernier match de Louis Carbonel en équipe de France remonte à la tournée d'été 2021 en Australie.

L’équipe de France est-elle encore dans un coin de votre tête ?

Je ne m’interdis pas d’y penser. À l’heure actuelle, je suis concentré sur mon club avec l’objectif de maintenir Montpellier en Top 14, et nous verrons dans un second temps. Je serais bête si je disais que c’était fini, non ? En tout cas, ça ne serait pas vrai.

(Quelques coéquipiers passent en voiture et crient : "Carbo ! Allez Toulon". Il se marre). Ça chambre à Montpellier !

C’est très marrant parce que je suis blagueur et qu’on se chambre souvent. Ils voulaient me titiller pendant l’interview mais comptez sur moi pour ne pas les louper à la première occasion (rires).

Est-il plus difficile de percer à Toulon qu’ailleurs ?

Je ne pense pas. Il faut y croire, beaucoup s’entraîner et si tu es bon, tu as ta chance et tu joues de la même manière dans n’importe quel club.

Le "Petit Prince de la Rade" est resté très populaire à Toulon, son club de cœur.
Le "Petit Prince de la Rade" est resté très populaire à Toulon, son club de cœur.

Comment avez-vous vécu la pétition lancée par des groupes de supporters toulonnais appelant clairement à votre retour ?

Ça fait toujours plaisir mais j’étais un peu gêné parce que même si les gens qui ont fait ça connaissent l’histoire, je ne m’y attendais pas du tout. Je pars du principe qu’on est tous de passage, surtout que je suis encore jeune. Je suis très reconnaissant envers ces supporters, mais je ne sais pas si c’était justifié.

Mais certains vous ont sifflé à votre retour à Mayol sous la tunique montpelliéraine…

Ce n’était pas méchant. Je m’attendais aux sifflets en revenant à Mayol. C’est même dans l’ADN de Toulon et ce qui fait la beauté du stade et du club. À ce moment précis, nous étions devant au score donc je n’en veux pas du tout aux supporters. Au contraire, c’est aussi pour ça que j’aimais ce club.

Avez-vous songé à partir au mois de novembre ?

Ce n’est pas aussi simple. Je suis sous contrat (jusqu’en 2025, N.D.L.R.) et j’ai des objectifs avec le club et l’équipe. C’est compliqué de lâcher les mecs comme ça, même si aujourd’hui vous pouvez me répondre que tout est possible dans le rugby même en milieu d’année. Bien sûr que ça aurait pu l’être mais pour le moment je suis toujours à Montpellier.

Et cet été ?

Nous verrons. Ça dépend des événements qu’il y aura l’année prochaine.

Vous ne pouvez pas nous certifier que vous serez Montpelliérain la saison prochaine ? Votre nom est évoqué dans certains clubs du Top 14.

Je ne sais pas. Je ne suis fermé à rien du tout. Tout est possible.

Mais la vie à Montpellier vous plaît ?

Oui je l’apprécie beaucoup. Il y a du soleil, la ville est dynamique, et c’est très sympa. Mais tout est possible.

Votre fiche fait état de 99 matchs joués avec le RCT. C’est quand même dommage de ne pas avoir atteint la barre des 100, non ?

C’est vrai. Du pur hasard ! Mais je jouerai un jour ce 100e match. Quand ? Je ne peux pas le savoir.

En voulez-vous encore à la direction de Toulon ?

Je n’ai aucun ressentiment envers personne. Le plus compliqué fut de quitter mon club de cœur, mais une fois que ce fut fait, ma vision a changé. Cela fait partie de la vie d’une carrière. J’ai rencontré d’autres personnes, j’ai vu des choses différentes. Mais je retournerai à Toulon un jour.

Quels sont vos objectifs sur le court et le long terme ?

Mon objectif principal est de participer à sauver le club de la relégation, évidemment. Je veux aussi être meilleur de match en match, d’année en année pour me permettre sur le long terme de gagner des titres. Ma marge de progression est encore grande et je continue d’apprendre chaque jour.

Vous êtes hors-jeu !

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Les commentaires (3)
Josh15 Il y a 2 mois Le 31/01/2024 à 00:52

Sauf conditions exceptionnelles, pas que financieres, il ne sera plus au MHR l'année prochaine, meme si Garbisi est annonce en Premiership.

Pitou13 Il y a 2 mois Le 28/01/2024 à 18:06

Tu reviens quand tu veux Louis.

Pendejo34 Il y a 2 mois Le 28/01/2024 à 16:43

Il faut absolument le garder si on se maintient. Tu prends Zack Holmes laisse libre et tu as deux bons ouvreurs