Coupe du monde de rugby 2023 / XV de France - Antoine Dupont prend-il un risque s'il rejoue dès le quart de finale hypothétique ?
Si un retour à la compétition d’Antoine Dupont est espéré pour le quart de finale du Mondial, une reprise si précoce n’en présenterait-elle pas moins un gros risque pour l’intégrité physique du joueur ? Le docteur Nicolas Sigaux, spécialiste en chirurgie maxillo-faciale, nous répond.
Depuis jeudi soir, le dossier médical d’Antoine Dupont est devenu "res publica"*. Et que l’on soit toubib ou pas, rugbyphile ou non, on a tous un avis sur la fracture "maxillo-zygomatique" du capitaine du XV de France. Vendredi, l’ex-flanker des Bleus Olivier Magne écrivait : "La reprise possible d’Antoine Dupont m’inquiète. Quel que soit l’enjeu de la compétition, la santé d’un homme n’a pas de prix". Dans la foulée, l’ancien Tonton Flingueur du RCT et du XV de la Rose, Simon Shaw, lui, poussait un peu plus l’argumentaire, lâchant ceci sur les réseaux sociaux : "J’ai subi ce genre de blessure à trois reprises dans ma carrière (1996, 2004 et 2011). […] Il n’est pas nécessaire d’être un expert du cortex cérébral pour expliquer les forces nécessaires pour briser les os d’un visage, ce qui conduit à la conclusion assez évidente que ces forces ont pu avoir un effet sur le cerveau d’Antoine Dupont. Il serait donc grave de précipiter son retour sans s’assurer de l’état optimal de sa santé cérébrale."
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Mais où est la vérité, au juste ? Et si le capitaine tricolore revenait vraiment à la compétition dans trois semaines, c’est-à-dire pour un quart de finale un rien sanglant face aux Springboks, prendrait-il un risque majeur pour sa santé ? Dimanche matin, nous avons joint le docteur Nicolas Sigaux, spécialiste en chirurgie maxillo-faciale. Il disait : "Les réactions autour du cas Dupont sont un peu irrationnelles. Nous sommes pourtant sur une blessure très classique, dans notre spécialité." C’est rassurant, n’est-ce pas ? Le docteur Sigaux, qui officie à Lyon, poursuivait ainsi : "La base minimum pour la calcification, c’est six semaines. Mais le patient est ici quelqu’un d’extraordinaire. Dès lors…"
"La pommette, c’est le pare-chocs de la boîte crânienne"
Le premier constat étant posé, Nicolas Sigaux enchaînait ainsi : "Il faut faire confiance au staff médical du XV de France, lequel joue la transparence vis-à-vis du grand public depuis jeudi soir. Ce comportement est sain. […] Il y a quatre niveaux de sévérité dans ces fractures : d’abord, la fissure ne nécessitant pas de chirurgie et conduisant à une reprise physique au bout de trois semaines ; le deuxième stade, un peu plus sévère, présente un risque esthétique, une asymétrie des pommettes ; le troisième stade donne des douleurs à la mastication ; le quatrième stade concerne un dommage sur la cavité contenant l’orbite, entraînant un saignement dans l’œil et demandant une chirurgie dans l’urgence." Cette dernière occurrence est évidemment éliminée chez Antoine Dupont et a priori spécifique aux accidents de la route.
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Mais alors, Antoine Dupont risque-t-il quelque chose s’il reprend dans trois semaines ? À ce sujet, Imanol Harinordoquy, opéré en 2010 d’une blessure similaire, nous confie en page 8 du journal Midi Olympique avoir disputé une demi-finale de Coupe d’Europe, lesté d’un masque en mousse, une semaine seulement après son opération et sans avoir ressenti la moindre douleur, le jour du match. "Connaissant la qualité de l’équipe du CHU de Toulouse ayant pris en charge Antoine Dupont, poursuivait le docteur Sigaux au téléphone, le risque cérébral et oculaire a totalement été écarté pour une reprise de la compétition dans trois semaines. Je m‘explique : la pommette est présentée dans notre spécialité comme le pare-chocs de la boîte crânienne. Quand cet os casse, c’est qu’il a protégé les autres structures alentour. Il n’y a donc pas de risque cérébral à le faire rejouer. Si on regarde l’image de Dupont jeudi soir, celui-ci n’est d’ailleurs jamais déconnecté, absent. Il n’a pas perdu conscience, sur le terrain". À ce titre, le docteur Sigaux concluait de la sorte : "Si le CHU de Toulouse et le staff médical lui laissent le choix d’une reprise mi-octobre, c’est qu’ils considèrent que le pronostic vital ou sa vision ne sont pas en jeu. Peut-être l’esthétique, peut-être l’ouverture de la bouche pendant quelques semaines mais en aucun cas l’intégrité physique du joueur." Lève-toi et marche, Antoine !
*chose publique
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