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Vancouver Sevens - Dupont baptisé, Dupont adoubé

Par Vincent BISSONNET
  • L’histoire retiendra que c’est face à l’Australie qu’Antoine Dupont a inscrit son premier essai avec l’équipe de France à VII. Photo Icon Sport
    L’histoire retiendra que c’est face à l’Australie qu’Antoine Dupont a inscrit son premier essai avec l’équipe de France à VII. Photo Icon Sport
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Antoine Dupont est devenu international à VII lors du Vancouver Sevens. Le Toulousain n’a pas attendu longtemps pour s’illustrer avec un essai libérateur en quart de finale. Sa montée en puissance est amorcée. Pour le plus grand plaisir des Bleus mais aussi de toute une discipline.

Rarement un baptême a autant eu des airs d’adoubement. À 14h52, vendredi, le BP Place Stadium de Vancouver a résonné pour la première fois au nom d’un entrant en jeu, à trois minutes de la fin du match inaugural des Bleus face aux États-Unis : "Et pour la France, Antoine Dupont." Aucun autre finisseur n’avait eu droit à une telle annonce jusqu’alors. Et encore moins à d’aussi chaleureuses acclamations.

Gêné de voir son image s’afficher à n’en plus finir sur l’écran géant en quatre dimensions surplombant la pelouse, l’intéressé a pu constater, si tant était besoin, que sa notoriété n’avait pas de frontières, ni rugbystiques ni géographiques, sur la planète ovale : "J’essaye de ne pas trop y faire attention, évoquait le Toulousain après coup. Je ne me sens pas trop légitime d’avoir une ovation alors qu’il y a des mecs ici qui ont mis des dizaines d’essais et disputé des dizaines de tournois." Qu’il le veuille ou non, son aura de vedette internationale comporte une part d’irrationnel. Au-delà du public, l’attente et la curiosité venaient de ses adversaires, aussi prestigieux soient-ils : "C’est très excitant de voir un des meilleurs joueurs du monde se frotter à notre discipline, nous glissait le capitaine américain Kevon Williams. C’est une grande marque de respect, aussi, et ça va servir la cause de notre spécialité. Plusieurs internationaux à XV sont annoncés pour les JO, c’est le premier à débarquer." "La France a Dupont, nous avons Hooper, comparait le capitaine australien Nick Malouf. C’est un boost pour notre sport que de telles légendes veulent en être partie prenante. Ce qui est bien, c’est que les gars ont compris qu’il fallait se préparer en amont et ne pas arriver au dernier moment."

"Je l’avais annoncé…"

Conscient de tout ça, Antoine Dupont a pénétré sur la pointe des pieds dans son nouvel univers. La première journée n’avait pas d’autre but le concernant avec deux entrées en jeu pour un total d’une demi-douzaine de minutes passées sur le terrain, marquées par un en-avant sévère, de l’animation en 4, un plaquage viril, des déplacements en tous sens en défense… "Antoine apprend et progresse, il va prendre de la confiance et dérouler ensuite", résumait Jérôme Daret après deux brèves apparitions un tantinet frustrantes mais nécessaires. "On lui laisse le temps de s’acclimater, prolongeait Stephen Parez-Edo Martin. Maintenant, on attend aussi avec impatience ses coups d’éclat comme avec le XV de France." Le vœu du meneur de jeu n’était pas une simple et belle parole en l’air. Le lendemain, il a été exaucé dans des proportions peut-être inespérées. Titularisé face à l’Australie lors de la dernière rencontre de poule, Antoine Dupont a inscrit son premier essai au terme d’un joli numéro sur une vingtaine de mètres, avec cadrage-débordement et raffut en prime derrière sa mêlée.

Antoine Dupont disputait à Vancouver son premier tournoi à VII.
Antoine Dupont disputait à Vancouver son premier tournoi à VII. Abaca / Icon Sport

Puis, tel le signe d’une montée en puissance et d’une responsabilisation accrue, il est rapidement entré en jeu lors de la seconde période du quart de finale face à l’Irlande (à 5’10 du coup de sifflet final). Dans un premier temps, le Toulousain s’est illustré par un harcèlement en règle de son vis-à-vis afin de contrarier les plans d’Irlandais alors en supériorité numérique. Avec ce courage et une abnégation partagés par tous ses partenaires, le rapport de force s’est inversé et le scénario tant rêvé a commencé à s’esquisser : une mêlée dans les 22 mètres adverses après la sirène, un carton jaune irlandais… La suite était presque "courue" d’avance mais imparable : "Tout était tentant comme options, ils m’ont sollicité de loin, on leur a dit faites ce que vous voulez, c’est à vous de décider, c’est vous qui jouez, souriait un Jérôme Daret comblé. Et ils ont pris la bonne option." Par Antoine Dupont, parti dans le fermé comme un vrai "9" pour aplatir l’essai de la qualification : son premier fait d’armes avec le maillot du VII de France. "Je l’avais annoncé, en rigolait Varian Pasquet après coup. C’était à l’instinct, comme il l’avait déjà fait. Merci à toute l’équipe et merci à "Toto"."

Le pari de Tom Mitchell

Ce nouveau venu pas comme les autres est passé en 24 heures de débutant à facteur X déjà décisif. Il en faudrait plus pour surprendre Jérôme Daret : "C’est un joueur d’exception, il analyse très vite les choses, prend très vite les décisions. Ça s’est vu quand il est entré, il a été très efficace, comme les autres entrants qui ont apporté une plus-value. On connaît son potentiel. Et on a envie que tout le monde fasse en sorte que ce potentiel-là explose au grand jour et nous permette de franchir des étapes." Avec une accession au dernier carré, la première cette saison, la double promesse est tenue : Antoine Dupont se régale et commence déjà à régaler. Pour le bonheur des Bleus, collectivement en phase ascendante, comme de tous les amoureux de la discipline, convaincus de la réussite de ce qui reste un sacré défi sportif.

Tom Mitchell dit tout haut ce que tout le monde pense en son for intérieur : "Il n’y a pas secret avec le VII : il faut que vous ayez les moyens d’y exister, sinon c’est impossible, explique l’ancien capitaine britannique et consultant pour la BBC. Chaque élément doit être capable d’aller dans un ruck et de gérer les un contre un avec beaucoup d’espace. Dupont, pour le coup, est un des joueurs les plus complets qui soient avec sa dimension physique et sa technique de plaquage. Avec son très fort QI rugby, il part aussi avec une longueur d’avance sur l’adaptation au jeu." Et le médaillé de Rio de prendre le pari, à la cote raisonnablement élevée : "Il va probablement être meilleur que tous les autres quinzistes que l’on ait vus passer dans la discipline."

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