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Coupe du monde 2023 - France - Afrique du Sud : une "finale" avant l'heure pour (ré)écrire l’histoire

Par Nicolas ZANARDI
Publié le
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Si le terme de "finale" utilisé par Fabien Galthié a marqué les esprits, il n’était pas sans fondement. Parce que le sélectionneur sait qu’il y jouera une partie de son mandat à quitte ou double, d’abord. Mais surtout parce que cet affrontement entre le tenant du titre et son plus sérieux challenger présente sur le papier tout du match ultime, au vu des liens anciens et ambigus qui unissent les protagonistes des deux nations…

C’est probablement un détail aux yeux des plus jeunes, mais dans le cadre d’une Coupe du monde, un affrontement entre Français et Sud-Africains ne saurait être anodin. Et pour cause ! C’est main dans la main, et au nez et à la barbe des Britanniques, que les deux pays eurent l’idée géniale de créer une Coupe du monde de rugby. "On l’a inventée avec mon ami Danie Craven (ex-président de la Fédération sud-africain), expliquait dans nos colonnes l’ancien président de la FFR et de l’IRB Albert Ferrasse. J’ai froissé beaucoup de monde à l’époque, y compris les Anglais. À l’époque de l’apartheid, je me souviens avoir été convoqué à Paris par Jean-François Poncet qui prétendait m’interdire de faire venir les Sud-Africains pour qu’ils jouent en France. Je lui ai répondu : "Pas de problèmes, c’est nous qui irons". Et on y est allé. C’était en 1971, et c’est par ce voyage en Afrique du Sud qu’a germé l’idée d’une Coupe du monde, que nous avons lancée seize ans plus tard."

Le rendez-vous intime de Galthié, 28 ans après

Une aventure dont les Springboks furent évidemment les grands exclus lors des deux premières éditions avant de revenir par la grande porte en 1995, juste avant l’avènement du professionnalisme. Une période comme le prélude de la romance moderne et des échanges entre les deux pays, dont Fabien Galthié fut évidemment un des grands précurseurs de par son passage par False Bay et la Western Province. De quoi rendre ce rendez-vous particulier pour lui, à double titre, puisque le sélectionneur fut aussi dans la foulée du seul affrontement en Coupe du monde entre Sud-Africains et Français, qui fit couler tant d’encre. Un traumatisme pour toute une génération qu’il s’agit pour ses ouailles, ni plus ni moins, que de venger vingt-huit ans après. Quand bien même seulement dix joueurs sur les 33 du groupe France étaient nés à l’époque…

Alldritt : "On a tendance à l’oublier, mais on a aussi des mecs qui tapent fort"

On exagère ? Oh, ne riez pas : les Sud-Africains savent très bien tout cela. Pis : ils le redoutent, bien conscients que le XV de France demeure une des seules nations à pouvoir rivaliser avec eux sur le front de la puissance pure, ainsi qu’ils l’ont expérimenté voilà onze mois à Marseille. "On sait la façon dont les Springboks vont jouer, on connaît leur ADN, et on a vu en plus à Marseille qu’ils restent dans la partie pendant 80 minutes, pointait le numéro 8 tricolore Grégory Alldritt. Mais nous, on a tendance à oublier que nous avons des joueurs qui tapent fort comme "Jo" Danty, Uini Atonio, Peato Mauvaka, Cyril Baille, ou Romain Taofifenua. Je ne suis pas inquiet quant à nos atouts."

Des armes de destruction massive que les Springboks comme Etzebeth, Pollard, Koch, Nyakane, Kitschoff et autres Kolbe connaissent par cœur, eux qui ont laissé des souvenirs (très) inégaux de leur passage en Top 14. Car ces mecs savent quelle peut être l’appétence des Français pour le combat, à l’image d’un Duane Vermeulen qui n’a peut-être jamais été aussi bon qu’à Toulon, ou d’un Daan Human désormais coach de la mêlée springbok après avoir si longtemps évolué aux côtés de William Servat à Toulouse…

Erasmus, l’hôpital qui se fout de la charité…

Oui, ils le sentent, le pressentent, et commencent même à céder au doute, ainsi qu’on en a déduit des comportements paranoïaques d’un Rassie Erasmus qui n’en finit plus d’envoyer des messages à l’emporte-pièce à l’attention de World Rugby et des médias au sujet d’un complot arbitral, accentué par cette prétendue tendance des Bleus à "simuler". Allô, l’Hôpital ? On demande la Charité, s’il vous plaît, histoire d’évoquer le chronomètre en or offert à M. Bevan en 1995, ou l’épisode des "ordonnances motivées" d’EPO en 1997, lorsque l’actuel "sélectionneur" des Boks n’était qu’un simple joueur…

Et on aimerait pour tout dire que les Dupont, Ollivon, Alldritt, Baille, Penaud et autres Fickou – bref, ceux qui incarnent le projet bleu depuis quatre ans – le fassent enfin taire, à la régulière. Question de karma, d’abord, qu’il faudra bien que l’Afrique du Sud paie un jour, tant elle traîne des pieds pour se mettre en conformité avec le nouveau Code mondial antidopage de l’AMA. Et de morale, aussi. Parce qu’on serait bien embêté, en cas de défaite des Bleus dimanche, d’expliquer au nom de quoi les quatre merveilleuses années qui viennent de s’écouler pourraient être vouées au tribunal populaire, en seulement 80 minutes…

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Les commentaires (4)
Michel29 Il y a 6 mois Le 15/10/2023 à 08:44

Le tirage au sort des phases finales devrait intervenir seulement 1 an avant l échéance, soit une situation assez proche des valeurs de chaque nation

ozenne10 Il y a 6 mois Le 13/10/2023 à 09:54

Une finale avant l'heure? Les Irlandais seraient -ils déjà éliminés ?

bleuetrouge Il y a 6 mois Le 12/10/2023 à 17:54

alors cette année on a 2 finales avant la lettre ! parce que celle de samedi elle est pas mal ! les vainqueurs se retrouveront donc pour la vrai le 28...