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Médias - Isabelle Ithurburu (TF1) : "J’avais besoin de me mettre en danger"

  • Isabelle Ithurburu débarque sur TF1
    Isabelle Ithurburu débarque sur TF1 - ©Thomas BRAUT / TF1
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Après quatorze années passées dans les travées des stades et sur les plateaux de Canal +, Isabelle Ithurburu se lance dans une nouvelle aventure chez TF1. Un choix qui n’a pas été facile à prendre pour la Paloise d’origine. Alors que samedi soir elle a effectué ses grand débuts chez son nouvel employeur, elle revient sur cette décision…

Après quatorze ans chez Canal +, c’est une belle page qui se tourne…

Quand il y a eu les adieux avec les équipes de Canal, j’ai même parlé de deuil. C’était fort en émotions. C’est quatorze années de passion avec pas grand-chose de négatif mais beaucoup de rires et de liens qui se sont créés au fil du temps. Le service n’a pas trop bougé depuis que je suis arrivée donc c’était quasiment les mêmes personnes depuis le début. Ça fait quelque chose.

Pourquoi avez-vous fait le choix de partir ?

C’est une décision qui a été très longue à prendre. Je n’avais aucune raison de partir parce que j’adorais ce que je faisais et j’aurais pu faire ça encore bien des années sans rien demander à personne. J’aurais pu aller jusqu’à la retraite très heureuse (sourire). D’un autre côté, je n’ai jamais caché le besoin de faire autre chose et de grandir pour évoluer. C’est ce que j’ai fait avec "Le Tube" et "Bonsoir" pendant trois ans. Mais la politique de la chaîne a fait que l’objectif était de faire plus de contenu sportif et j’ai naturellement basculé uniquement sur le sport.

Est-ce la chaîne TF1 qui est venue vous chercher ?

Oui, ils m’ont proposé la Coupe du monde et les tests de novembre dans les années à venir. La chaîne m’a fait comprendre qu’ils aimeraient vraiment investir dans ce sport et à côté de ça, avoir la possibilité de faire beaucoup d’autres choses. Ils m’ont fait sentir qu’il avait besoin d’une personne comme moi. Je n’avais pas envie de prendre cette décision et pas envie de vivre les émotions de ces dernières semaines. Mais au fond de moi je pensais que c’était le moment de tenter un nouveau défi. Je savais que j’avais besoin de voir autre chose. Quand je dis que je voulais voir autre chose, cela ne veut pas dire qu’il y avait de la lassitude.

J’animerai également "50 minutes inside"

Aviez-vous besoin de vous détacher du rugby ?

Pas du tout. J’aurais adoré pouvoir faire autre chose tout en gardant mes week-ends de Top 14 (rires). Je le précise souvent car je pense que le rugby va vraiment me manquer. Je ne veux même pas penser au lendemain du 28 octobre… Je pense que l’année et les premiers week-ends sans rugby vont me faire bizarre, ça va être un peu long. Je n’avais aucune envie de me détacher du rugby et je ne veux pas m’en détacher, c’est aussi ce que j’ai fait comprendre à TF1. Ce n’est pas pour rien que je suis là aujourd’hui, c’est grâce au rugby. Le rugby est presque vital pour moi. Les émotions que cela me procure font aussi la personne que je suis. Maintenant j’avais besoin de me mettre en danger car chez Canal + je me reposais un peu sur mes lauriers.

Dans la proposition de TF1, est-ce la Coupe du monde qui a fait pencher la balance ?

Non je ne pense pas. Je suis très heureuse de pouvoir vivre la Coupe du monde dans ces conditions-là mais ce n’est pas la première fois que TF1 me propose de venir. Aussi beau soit l’événement, ce n’est que deux mois dans l’année. S’il n’y avait que ça, je n’aurais jamais quitté Canal +. Cette fois c’était une proposition différente avec en prime une des plus belles Coupe du monde de mon histoire en tout cas. Plus cela approche, plus je suis excité (rires).

A lire aussi : Médias - Isabelle Ithurburu et Canal + : retour sur quatorze ans de carrière au service du rugby

Quelles vont être vos missions exactement ?

Pendant la Coupe du monde je vais aller sur le terrain lors des matchs amicaux qui se jouent en France. On fera un debrief en bord de terrain et les interviews. À partir du 8 septembre, j’animerai le mag à chaque fin de match. Dès le 2 septembre, j’animerai également "50 minutes inside" tous les samedis.

Vous prenez donc le relais de Nikos Aliagas, l’avez-vous rencontré ?

Je ne l’ai pas vu depuis que l’information est tombée mais je l’avais rencontré avant. Quand il a appris, il m’a tout de suite envoyé un message d’encouragement. Il est vraiment bienveillant et sympathique. Depuis je ne l’ai pas vu car il y a eu les phases finales de Top 14 et j’avais vraiment le besoin de le vivre à fond avec les équipes de Canal +. Je pense qu’on se verra plus tranquillement à la rentrée.

Vous attendiez-vous à ce que votre départ de Canal + fasse autant de bruit ?

Je n’aurais jamais cru que la nouvelle résonne aussi fort. Le rugby est une niche donc on se dit toujours que c’est un petit monde. L’impact sur les réseaux sociaux a été énorme. J’ai reçu des messages de légendes de ce sport et de personnes que j’admire, des joueurs, des présidents… Je n’y croyais pas. J’ai eu l’impression que j’avais fait quelque chose pour le rugby alors que je n’ai rien fait (rires).

Vous avez un parcours atypique car vous n’étiez pas du tout destinée à devenir journaliste. Quand vous regardez dans le rétro, auriez-vous pensé en arriver là aujourd’hui ?

Non, pas du tout. Jamais. Même pas en arriver à ce que je faisais chez Canal +. Ce n’est même pas que je ne m’en sentais pas capable, c’est que je n’y avais jamais pensé. Pour moi ce n’était pas un métier qui s’improvise. J’ai eu la chance de faire les bonnes rencontres au bon moment. Comme j’étais passionnée, j’ai travaillé. Honnêtement je connais beaucoup de personnes passionnées qui n’ont pas eu la chance de rentrer dans le milieu. Je suis arrivée à l’époque où Canal avait vraiment la volonté de faire évoluer la place des femmes dans ce milieu et ils l’ont fait d’une belle manière en me donnant des responsabilités. Ils n’ont pas mis une femme juste pour mettre une femme. Ce qui m’arrive aujourd’hui est encore plus fou… Si vous voyez dans quel état sont mes parents (rires).

A lire aussi : Finale Top 14 - Le bel hommage rendu à Isabelle Ithurburu pour sa dernière sur Canal +

Être une femme dans le milieu du rugby et surtout dans le domaine de l’audiovisuel ce n’est pas toujours facile…

Oui c’est certain. Honnêtement, j’ai vécu de très belles années et je ne me souviens presque plus du négatif. Je sais qu’au début il y avait des a priori. Ça dépend aussi de qui on est. À l’époque, j’étais persuadé que ce qui se disait était vrai et que je prenais la place de quelqu’un. Il y avait ce syndrome de l’imposteur. Je n’avais pas fait d’école de journalisme et je n’avais jamais joué au rugby et d’un coup je prenais la place de personnes qui étaient là depuis des années. C’est plutôt de ce côté-là que j’ai souffert. J’avoue que j’ai eu de la chance car j’ai toujours été très bien accompagné par les équipes de Canal +. J’ai simplement mis deux bonnes saisons à comprendre que j’avais ma place et en même temps j’étais tellement heureuse d’être là que j’oubliais parfois.

Avez-vous la sensation que la place des femmes dans le sport a évolué ?

Je pense mais il y a encore du boulot. Entre le moment où j’ai démarré et aujourd’hui les choses ont changé c’est clair. Avec le temps j’ai fini par comprendre que ceux qui ne sont pas forcément pour la présence des femmes dans le sport c’est souvent l’ancienne génération et eux, ils ne changeront jamais. Il y a une grande part de culture, d’éducation et de génération dans tout ça. Aujourd’hui c’est un peu plus entré dans les mœurs, il y a moins de distinction entre la femme et l’homme dans le milieu. C’est le temps qui fait les choses. Les mamans d’aujourd’hui éduquent forcément leurs enfants d’une manière différente.

Passer de chez Canal à TF1 est un grand changement, avez-vous des appréhensions ?

J’ai beaucoup réfléchi. Je pense qu’ils vont me mettre dans les meilleures conditions. Je ne suis plus la petite Paloise qui arrive de nulle part. Le grand public ne me connaît pas et ne fera sans doute pas l’effort de chercher ce que j’ai fait avant mais dans tous les cas j’ai un peu plus de confiance en moi et je me sens prête. Si on enlève le rugby, je me suis déjà prouvé que j’aimais ce métier pour raconter des histoires dans d’autres domaines avec "Le Tube" ou "Bonsoir". Quel que soit le thème, j’ai envie de montrer que je peux divertir autrement qu’avec le rugby. La seule pression qui existe c’est la pression du nombre mais je vais essayer de ne pas y penser (rires). L’équipe de "50 minutes inside" m’a très bien accueilli. C’est une réaction très féminine donc ça va me changer ! Elles ont été au top avec moi.

Que pourrions-nous vous souhaiter pour la suite ?

(rires) Je dis toujours que ce n’est pas à moi qu’il faut le souhaiter mais que ce que j’aimerais c’est que l’on soit champion du monde ! En tout cas, cela me permettrait "d’arrêter" la conscience plus tranquille. J’aimerais juste vivre une belle Coupe du monde. Je ne peux pas dire que j’aimerais que l’on me souhaite le succès car c’est à moi de bosser et de faire les bons choix. Souhaitez-moi qu’on soit champion du monde… Ça serait un moment incroyable !

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Les commentaires (2)
Philippe64 Il y a 8 mois Le 14/08/2023 à 09:21

j'ai écouté son débriefe après le match. c'était pas mal contrairement aux 2 nuls de commentateurs, là le niveau est très bas, il y a du boulot. confondre plusieurs fois Steyn et Van der Merwe, c'est consternant sans compter le reste

noustepais Il y a 8 mois Le 13/08/2023 à 21:09

« J'avais besoin de renégocier un contrat, vous savez il y a l'inflation alimentaire et du carburant ». SURTOUR