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Top 14 - Morgan Parra : "Je ne suis plus maître des choses, c'est mon défi en tant qu'entraîneur au Stade français""

  • Désormais entraîneur de l'attaque du Stade français, Morgan Parra veut ramener le club de la capitale dans les six.
    Désormais entraîneur de l'attaque du Stade français, Morgan Parra veut ramener le club de la capitale dans les six. Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Morgan Parra s'est longuement confié sur son nouveau rôle d'entraîneur adjoint au Stade français. L'ancien demi de mêlée explique notamment qu'il compte rester le même homme, malgré ce changement de casquette à l'intersaison.

Morgan, pour la première fois depuis dix-sept d’années, vous n’avez pas repris l’entraînement en tant que joueur. Qu’avez-vous ressenti ?

C’est sûr que cela fait bizarre parce qu’on ne prend part l’entraînement avec les autres avec le ballon. Mais cela reste du rugby, j’ai eu la chance de faire cela pendant dix-sept ans et même si je suis moins acteur j’ai encore la chance d’être sur le terrain, même si c’est avec la casquette d’entraîneur

Racontez-nous vos premiers pas en tant qu’entraîneur de l’attaque…

J’avais travaillé bien en amont de la reprise de l’entraînement avec Laurent Labit, Paul Gustard et Karim Ghezal pour que les rôles soient clairs, qu’on est la même philosophie de jeu, le même état d’esprit et les mêmes objectifs. C’est chose faite. Cette transition a donc été normale et elle s’est faite avec beaucoup d’échanges avec les joueurs, en essayant de faire passer des messages et mettre les choses en place juste avant le début de saison.

Vous serez également en charge du jeu au pied. Dans le rugby de 2023, sur quel domaine précis du jeu au pied faut-il insister ?

Pour l’instant je suis plus axé sur l’attaque parce que Laurent et Karim ne sont pas là, et il y a donc beaucoup de choses à gérer avant de rentrer plus dans le détail quand ils seront là. Mais je pars du principe aussi que les joueurs doivent se prendre en main sur le jeu au pied, qu’ils fassent des skills tout seul et qu’ils avancent. Mais dans un futur proche je serai effectivement à cette tâche. Les joueurs doivent tout travailler sur le jeu au pied ! Tout est important. De la stratégie du jeu au pied, en découle la façon de jouer du numéro 9 et du numéro 10, nous devons être capables d’être efficaces et précis dans le jeu d’occupation mais aussi dans les petits par-dessus ou les coups de pied rasants.

Laurent Labit et Karim Ghezal prendront en charge le Stade français après la Coupe du monde.
Laurent Labit et Karim Ghezal prendront en charge le Stade français après la Coupe du monde. Icon Sport - Icon Sport


Sans Laurent Labit et Karim Ghezal, comment l’équipe et le staff se sont organisés pour se préparer ?

Avant de partir en vacances, nous avons eu des réunions avec Laurent et Karim pour avoir une première base de travail. On est un peu en contacts avec eux-mêmes s’ils sont complètement concentrés sur le XV de France et leur objectif d’être champion du monde. C’est donc plus difficile pour nous de communiquer avec eux, on sait qu’ils sont bien pris et on veut les laisser tranquille. Jusqu’à la fin du Mondial, Paul Gustard est le numéro 1, c’est lui qui dirige le bateau. Personnellement, j’ai une vision jusqu’à la troisième journée. Je « reste à ma place » sur l’aspect de la préparation durant la Coupe du monde.

Vous étiez joueur l’année dernière. Comment vos anciens coéquipiers se sont adaptés à votre passage de l’autre côté de la barrière ?

Il faut leur poser la question (rires) ! Mais je pense être le même homme avec la casquette d’entraîneur que lorsque j’étais joueur. Je dis toujours les choses comme je les pense, rien ne change sur ce point.

Quel type d’entraîneur êtes-vous ?

Comme le joueur j’ai envie de dire ! Je suis passionné, j’ai la hargne de gagner, la seule différence par rapport à ma carrière de joueur est que je dois faire passer les messages et non les exécuter. C’est peut-être mon défi. Je ne suis plus maître des choses, et j’aurais beau voir des choses sur le bord du terrain, je ne pourrai pas les maîtriser. Derrière, il n’y a pas le même ressenti ni le même regard. Et puis le joueur est davantage centré sur lui-même à l’inverse de l’entraîneur qui doit évidemment s’occuper de plus de choses.


Êtes-vous inspiré par les différents entraîneurs que vous avez eus durant votre carrière ?

Exactement. De Christope Urios, qui m’a entraîné à mes débuts, en passant par Vern Cotter, Franck Azéma ou Jono Gibbes, on dit souvent qu’on prend tout ce qu’on a aimé, ou qu’on a trouvé utile pour le groupe et on essaie ensuite d’en faire quelque chose de positif avec notre ressenti. J’ai eu la chance d’être coaché par de très bons entraîneurs avec des styles très différents, en club ou en sélection. Ils ont tous eu un style de management différent, et c’est très riche pour moi.

Christophe Urios était le premier entraîneur de Morgan Parra, à Bourgoin.
Christophe Urios était le premier entraîneur de Morgan Parra, à Bourgoin. Avalon / Icon Sport - Avalon / Icon Sport


La saison passée, le Stade français s’est appuyé sur sa défense et une grosse conquête. Aujourd’hui, quel jeu voulez-vous insuffler à cette équipe ?

Premièrement, il faut garder les bases. Il faut avoir une grosse conquête et une grosse défense, c’est vital pour rayonner au haut niveau. Mais l’objectif est aussi de faire évoluer notre jeu. C’est plus facile de construire avec les bases que nous avons construites l’année dernière, que de ne rien n'avoir. Je ne peux évidemment pas tout dire de notre stratégie offensive et de nos plans mais on a des joueurs avec des profils très différents et c’est une chance.

Le sondage des entraîneurs paraîtra ce lundi dans Midi Olympique. Vous êtes cité à de nombreuses fois barragiste, preuve que le Stade français a du crédit ?

C’est respectueux de la part de ces entraîneurs. Maintenant, quand je vois la qualité de ce Top 14 avec tous les effectifs, je me dis que ce sera encore une grande bataille et que ce sera très dur. On est peut-être mis en avant grâce à notre saison correcte l’année passée et le fait qu’on se développe. Mais je reste très méfiant parce que nous sommes dans une année de Coupe du monde. Dans tous les clubs, il y a des joueurs absents, des changements de style de travail… Il y a beaucoup de choses à prendre en compte. Au Stade français, nous avons pas mal de nouveaux joueurs, un staff complètement renouvelé. On navigue à vue, sans trop voir ce qu’il va se passer. Les premières rencontres matchs vont dicter notre situation et nous apporteront des premières réponses. Ce premier match amical contre Bayonne sera d’ailleurs très important pour nous.

Quel est l’objectif minimal du Stade français cette saison ?

Rentrer dans les six. Nous allons connaître la Champions Cup également, il faudra bien y figurer. Et une fois que nous serons dans les six, je l’espère, tout est possible. Mais c’est le minimum syndical.

À l’inverse de l’année passée, La Rochelle est beaucoup plus cité pour le titre. Surprenant ?

Non, ils sont dans la continuité de ce qu’ils font depuis plusieurs années. Beaucoup de clubs voudraient être à leur place avec deux titres de champion d’Europe, ils sont dans l’avancée. Mais comme je l’ai dit, nous sommes dans une année de Coupe du monde. C’est très spécial. La Rochelle est un modèle, tout comme le Stade toulousain. D’une année à l’autre tout peut changer. Il y a deux ans, le Stade français a manqué les barrages, cette année on était à deux doigts de jouer une demi-finale. La vérité de cette saison n’est pas celle de l’année dernière. Aujourd’hui, Toulouse et La Rochelle sont très bien structurés et arrivent année après année à faire des finales. Mais derrière, je n’en vois pas d’autres. Par contre, toutes les autres équipes peuvent prétendre à une place dans le top 6, y compris les équipes promues à l’image de Bayonne la saison dernière.

La saison passée, Morgan Parra a terminé sa carrière après un barrage face au Racing 92.
La saison passée, Morgan Parra a terminé sa carrière après un barrage face au Racing 92. Icon Sport - Icon Sport


Selon vous, dans quel secteur particulier doit progresser le Stade français pour faire mieux qu’un barrage ?

Déjà, nous devons conserver ce que nous avons bien fait l’année dernière, avec la conquête, un jeu d’occupation précis et la défense. Comme toutes les équipes, il faut qu’on tienne un peu plus le ballon et sur ce point, nos recrues vont bien nous aider.


Le club a annoncé hier l’arrivée de Rory Kockott. Quels ont été les motivations de ce choix ?

On a un groupe très jeune et on voulait compenser cette jeunesse avec de l’expérience. Rory est très compétiteur, c’est probablement son dernier challenge et pendant quelques mois il nous apportera beaucoup de son expérience.

Vous vous êtes affrontés à de nombreuses reprises, comment allez-vous le manager ?

Cela va être drôle je pense (rires). Maintenant, je serai plus dans le partage et d’échange avec lui plus que de l’entraînement pur. On lui demandera surtout de communiquer avec le groupe et d’apporter énormément à nos jeunes demis de mêlée et la charnière en général.

Morgan Parra et Rory Kockott se sont régulièrement affrontés lorsqu'ils jouaient à Clermont et Castres.
Morgan Parra et Rory Kockott se sont régulièrement affrontés lorsqu'ils jouaient à Clermont et Castres. Jean Paul Thomas / Icon Sport - Jean Paul Thomas / Icon Sport

Êtes-vous satisfait du recrutement ?

En tant qu’entraîneur, on aimerait toujours avoir plus (rires). Mais je débute, je n’ai pas eu la main dessus la saison passée, j’étais joueur et je ne pouvais pas tout faire. Maintenant c’est fait, on verra pour la saison prochaine.

Votre nouvelle aventure freine-t-elle votre engagement en tant que vice-président du club de Metz ?

Bien sûr. Déjà, lorsque j’étais joueur j’avais pas mal d’extra-rugby qui ne me permettait pas d’être souvent présent là-bas. Mais tout est clair avec le RC Metz, l’idée était d’apporter un peu d’image et d’échange, mais que je ne pourrais pas tout faire et être présent à 100 %. Aujourd’hui tout va trop vite. Être dans un staff professionnel demande beaucoup de temps, il y a la vie personnelle, mais le président de Metz est au courant de cela. J’aurai la même cadence que la saison passée.

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Les commentaires (2)
Am1611030 Il y a 8 mois Le 10/08/2023 à 10:51

S'il arrive a donner a ces joueurs la même hargne qu'il avait en tant que joueur il va faire beaucoup de bien a ce Club et avec le retour des entraineurs le Stade peut etre a nouveau redoutable Allez le Stade

Lynette Il y a 8 mois Le 09/08/2023 à 18:00

Le Stade Français ne pouvait rêver mieux que d'avoir Parra pour mettre en place le jeu au pied de l'équipe; avec son immense expérience, tant en club qu'en EDF, il va apporter beaucoup! Bonne chance à lui car c'est un joueur que j'appréciais beaucoup!