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Antoine Dupont, la saga : l’enfant de Bigorre (2/9)

  • Antoine Dupont (France).
    Antoine Dupont (France). Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Il est le personnage central du rugby français. capitaine des bleus, meilleur joueur du monde et icône qui a largement dépassé le cadre de son sport, antoine dupont est celui qui doit guider le XV de France jusqu’au trophée Webb-Ellis. Tout l’été, midi olympique vous emmène à sa découverte.

C’est dans les Hautes-Pyrénées, à Castelnau-Magnoac, qu’Antoine Dupont a commencé le rugby à l’âge de trois ans et demi. Le capitaine du XV de France a grandi dans un environnement rural, lequel lui a inculqué une certaine humilité, appréciée de tous. Idole en son pays, « Toto » garde le cœur magnoacais et le démontre dès qu’il en a l’occasion.

La galaxie Antoine Dupont dépasse désormais les frontières. Élu meilleur joueur du monde il y a deux ans, désormais capitaine du XV de France, la carrière du demi de mêlée français n’a presque plus de secret pour personne. Et pourtant. Certains sont peut-être loin d’imaginer que c’est sur le terrain d’une petite commune de 800 habitants que le tout frais champion de France a chaussé ses premiers crampons. CastelnauMagnoac, dans les Hautes-Pyrénées. Le Toulousain a seulement attendu ses trois ans et demi pour gambader sur le pré. Jean-Philippe Guerrero, son premier entraîneur, raconte : « Nous étions un groupe de copains et avions décidé de créer l’école de rugby de notre village. On savait qu’on allait pouvoir s’appuyer sur une génération de garçons, nés en 1995 ou 1996, de très bonne qualité. » Parmi eux, le petit Antoine. « Dès ses premiers entraînements, on a compris. Il avait des capacités physiques dignes d’un jeune homme de trois ans de plus que lui, minimum. Même avec les générations au-dessus, la différence de talent était énorme. »

Natif de Lannemezan, « Toto » était destiné à jouer au rugby. Demandez donc aux locaux, ceux qui ont eu la chance de le côtoyer dans sa jeunesse : les ballons de rugby n’étaient jamais très loin de lui. Marie-Pierre, sa mère, se souvient : « Comme il n’avait jamais envie de faire la sieste, il suivait son grand frère à l’entraînement. Il est devenu passionné. Il ne pensait qu’à une chose : jouer au rugby, rien d’autre. » Clément, son frère aîné de trois ans se rapelle des après-midis endiablées avec son frangin : « On n’arrêtait jamais. Enfin… Antoine ne voulait jamais arrêter. Il était hyperactif (rires). » C’est donc en l’an 2000 qu’une future légende du rugby français a marqué ses premiers essais. Et ils furent nombreux. Sourire aux lèvres, Marie-Pierre Dupont tient dans sa main le premier article au sujet de son fils. Il date de 2002 et le garçon approchait alors des six ans : « C’était lors d’un tournoi qu’Antoine avait disputé avec Castelnau-Magnoac. Il avait été élu meilleur joueur après avoir inscrit douze essais dans la journée. On retiendra que c’est le tout premier. » Sur l’image, un minot à la bouille d’ange, heureux de ce sentiment du devoir accompli.

« Il voulait arrêter le rugby »

Mais cette domination a parfois eu ses limites. Le prodige magnoacais a bien failli tout arrêter. Cela paraît invraisemblable aujourd’hui, mais l’idée a traversé l’esprit de celui qui s’ennuyait sur les pelouses. Surprenant ou même frustrant, on peut effectivement se lasser d’être beaucoup plus fort que les autres. « Un jour, sa mère m’a dit : « Je ne sais pas si Antoine va continuer le rugby. » Il était licencié en moins de huit ans mais il s’ennuyait avec les joueurs de son âge, explique Jean-Philippe Guerrero. Il voulait donc arrêter ce sport et essayer le football, où quelques copains évoluaient. » Pour lui, les règles ont alors été volontairement modifiées : « On obligeait un nombre de passes obligatoires lors de certains ateliers. Si nous ne faisions pas ça, Antoine traversait le terrain tout seul à chacune de ses prises de balles (rires). »

« Comme il n’avait jamais envie de faire la sieste, il suivait son grand frère à l’entraînement. Et c’est comme ça qu’il est devenu passionné. Il ne pensait qu’à une chose : jouer au rugby, rien d’autre. » Marie-Pierre DUPONT, la maman d’Antoine

Au total, Castelnau-Magnoac aura couvé son joyau durant quatorze années. C’est à cet âge-là que « Toto » s’est envolé pour Auch, pour continuer sa progression. Il a ensuite gravi les échelons du côté de Castres, de Toulouse, en équipe de France, jusqu’à poser les deux pieds sur le toit du monde en 2021. Année où il a été élu meilleur joueur de la planète. À l’unanimité.

L'idole de tout un peuple

Le joueur de rugby est parti, l’humilité de l’homme est restée. Allez trouver une personne qui dit du mal d’Antoine Dupont dans les rues du village qui l’a vu grandir... Impossible. A l‘évocation de son nom, les réactions de la population locale sont à la fois touchantes et étonnantes. Il suffit de s’asseoir au beau milieu de la place. En face de vous, un établissement nommé « Hôtel Dupont » pourra difficilement vous échapper. Celui-ci a vu le jour grâce à Pierre, le grand-père du demi de mêlée toulousain. Le nom de la famille résonne sur les terres magnoacaises. « « Toto », c’est l’enfant du pays, s’extasie une habitante. Je travaillais à l’école maternelle, donc j’ai eu la chance de le voir grandir. Il ne s’arrêtait jamais de bouger. Il faisait rire tout le monde de par son incessante envie de toujours s’amuser. Aujourd’hui, il fait notre fierté. C’est notre chouchou, notre champion… » Un peu plus loin, Gilles, propriétaire de la boucherie du coin, partage le même avis. Les mêmes compliments aussi : « Ici, tout le monde se connaît un peu. Alors, quand vous avez, en plus, un jeune qu’on a vu grandir finir aussi haut que lui, on a forcément un peu de fierté qui nous envahit. Lui et son frère sont l’incarnation de la gentillesse et de l’humilité, sincèrement. On a l’impression qu’hier encore, il courait au milieu de la place, avec un ballon entre les mains. Le temps passe, mais les souvenirs restent, et je ne peux que lui souhaiter le meilleur. »

« Nous avons des entreprises qui font tout pour devenir un de nos sponsors, car nous sommes le club d’Antoine Dupont. En quelques mois, notre budget a considérablement augmenté. » Jean-Philippe GUERRERO, dirigeant de Castelnau-Magnoac

En entendant ces paroles au cœur de la commune, il suffit de s’imaginer dans les tribunes du stade municipal. Les performances du demi de mêlée du XV de France y sont analysées des centaines de fois. Dirigeant du MFC Rugby, Jean-Philippe Guerrero préfère en sourire : « Il n’y a pas une minute sans qu’on puisse entendre son nom avant les rencontres, ou même après. C’est comme ça. Ici, tout le monde le soutient à fond. On l’a tous déjà côtoyé d’une certaine manière, d’autant plus qu’il sait se rendre disponible quand il le peut et reste accessible lors de ses venues. »

Pour son premier club, la réussite de l’ancien Castrais a des retombées plus que positives. Même si cela fait douze ans qu’il a pris son envol, le talent de « Toto » fait toujours des miracles au bénéfice de son premier club. D’une tout autre manière désormais, comme le souligne JeanPhilippe Guerrero : « Nous avons des entreprises qui font tout pour devenir un de nos sponsors, car nous sommes le club d’Antoine Dupont. En quelques mois, notre budget a considérablement augmenté, nos effectifs se sont consolidés par effet de cascade. On le remercie aussi pour ça. Cela fait plusieurs saisons que le MFC a de bons résultats et, d’un certain côté, il y est pour quelque chose. Et je ne parle pas de la jeunesse… » Il poursuit : « C’est une inspiration pour les plus jeunes. Peu de monde, sûrement personne du village n’arrivera à atteindre son niveau de jeu. Mais il est un exemple pour nos enfants en ce qui concerne le travail et l’abnégation. Il n’y a que du positif à raconter sur Antoine, ce n’est pas dû au hasard. Il sort d’une famille exceptionnelle, qui lui a tout de suite appris le respect des autres. Parfois, il arrive de venir le week-end pour voir jouer l’équipe. Sa gentillesse ne change pas avec le temps. » Pour l’anecdote, son frère Clément joue encore dans les rangs de Castelnau-Magnoac.

Ne jamais oublier ses racines

Certes, Antoine Dupont n’a pas le calendrier le plus léger de France. Alors, c’est seulement quelques fois par an qu’il retourne sur ses terres, celles qui l’ont vu devenir homme. Au sein de l’exploitation de Clément, son frère, « Toto » vient de temps en temps se ressourcer : « On a vécu notre jeunesse entre l’hôtel-restaurant familial, les parties de pêche et de chasse avec notre grand-père, explique le frangin. Quand il vient à Castelnau-Magnoac, il souhaite prendre du recul sur tout et se reposer, sans la pression qui l’entoure au quotidien. Pour cela, la campagne est quelque chose qui fonctionne plutôt bien. Il reste naturel dans sa façon d’être et de faire. C’est important. »

Pourtant, chassez le naturel, il revient au galop. « Il y a encore quelques mois, on le voyait débarquer sur le parking du stade, en short et t-shirt, se rappelle Jean-Philippe Guerrero. On se demandait ce qu’il faisait là. Il venait simplement faire une petite séance décontractée avec le Magnoac FC, un petit toucher sans vraiment d’intensité. On ressentait que ça lui faisait plaisir de revenir et de fouler à nouveau la pelouse de son enfance, vingt ans en arrière. » L’appel du pays est parfois plus fort que tout. C’est aussi ça, l’histoire d’Antoine Dupont. Un village de départ qui garde une place importante dans sa vie. Il y a trois ans, le Domaine de Barthas a vu le jour à quelques centaines de mètres du village. Un projet construit entre les deux frères. L’occasion de garder une partie de l’esprit à Castelnau-Magnoac : « On souhaitait relancer une activité sur nos terres sans y être complètement présents. Antoine m’a accompagné à 100 % jusqu’à l’ouverture. Cela nous tenait à cœur, on le devait à ce lieu. »

Le 28 octobre prochain, Dupont pourrait être sacré champion du monde avec les Bleus. Aucun doute : en cas de victoire, le trophée Webb-Ellis ira faire un tour dans les HautesPyrénées. Pour le plus grand plaisir des Magnoacais.

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Les commentaires (1)
jmbegue Il y a 9 mois Le 11/07/2023 à 23:41

"Idole de tout un peuple"...
Franchement c'est quoi ces déconnades???
Je suis toulousain et forcément, j'aime beaucoup Dupont. Mais arrêtez avec les idoles..
Et je suis à peu près sûr qu'il n'apprécie pas du tout ce genre de qualificatif que vous lui attribuez.