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XV de France - Yoann Huget : "Il faut travailler à balles réelles"

Par Marc Duzan
  • Au fil des années, Yoann Huget a acquis l'expérience de trois préparations à la Coupe du monde
    Au fil des années, Yoann Huget a acquis l'expérience de trois préparations à la Coupe du monde Icon Sport - Sandra Ruhaut
Publié le Mis à jour
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Avec 62 sélections et dix ans de carrière internationale, Yoann Huget a connu trois préparations à la Coupe du monde. Il explique ici en quoi elles sont bénéfiques sur le long terme et quels sont les écueils à éviter…

Vous avez participé à trois préparations physiques d’avant-Coupe du monde : 2011, 2015 et 2019. Comment les aviez-vous vécues, au juste ?
Ce qui est difficile, c’est que tu n’as même pas encore l’impression d’avoir fini la saison que tu en attaques une autre aussitôt… Mais une préparation de Coupe du monde, c’est surtout le seul véritable moment où tu as le temps de prendre soin de toi, de ton corps : car c’est rare dans une carrière d’avoir deux mois pleins pour se faire un physique.

En clair ?

J’ai toujours su que j’allais y souffrir mais je l’aie aussi toujours attendue avec impatience.

Les Bleus ont cette année fait le choix d’ouvrir leur camp d’entraînement aux familles en août. Est-ce une bonne idée ?
Quand on est sportif, on est un peu égoïste et en ce sens, on ne peut pas se plaindre de ne pas voir nos familles pendant deux mois. On connaît tous la règle du jeu. Ceci dit, je trouve l’idée du staff des Bleus intéressante : elle permettra aux joueurs de s’aérer l’esprit, de voir autre chose, de se régénérer mentalement…

En 2015, Philippe Saint-André, alors sélectionneur, avait dit que vous aviez deux mois pour rattraper votre retard sur les autres nations du circuit international. Y étiez-vous parvenus ?
Nous en avions bavé, en tout cas… En 2015, nous attendions tous cette préparation parce qu’on sentait avoir beaucoup de retard sur nos rivaux et notamment les nations du Sud. Beaucoup de choses nouvelles avaient alors été introduites par nos préparateurs physiques : le « watt bike » (vélo à double-résistance, N.D.L.R.), des stages en haute altitude, des montées de cols, tout ça… Le matin, je me disais : « Je ne vais jamais pouvoir recommencer demain. » Et puis si… Au fil des jours, on avait tous oublié nos douleurs…

Pourtant, n’aviez-vous pas trop fait de physique au détriment du rugby ?
Le ballon était arrivé relativement tard, c’est vrai. Mais cela avait été la même chose en 2011 : d’abord le physique, puis le ballon ; les deux entités étaient très distinctes. […] Ce qui a vraiment changé en 2019, lorsque Thibaut Giroud et Fabien Galthié ont intégré le staff de Jacques Brunel, c’est que chaque séance physique a alors été réalisée avec ballon. C’était très dur. Plus dur que tout ce que j’avais connu avant. Mais ce fut payant : notre début de Coupe du monde au Japon en atteste.

La préparation physique de 2019 fut-elle encore plus difficile que celle de 2015 ?
Ah oui ! Au-delà du fait que les coachs nous faisaient bosser notre rugby sous fatigue, nous le faisions sous des chaleurs démentielles, à Alicante en Espagne ou à Monaco… Ils voulaient nous préparer aux températures japonaises. On bossait de 7 heures à 14 heures, non stop.

Pour quelle raison ?
Avant que le Mondial japonais ne débute, nos datas (données statistiques) sur les matchs n’étaient pas satisfaisantes : jusqu’à l’heure de jeu, nous rivalisions avec l’adversaire avant de nous écrouler. C’est la raison pour laquelle les gens parlaient, à l’époque et nous concernant, de « défaites encourageantes »… En huit semaines, Thibaut Giroud avait fait en sorte que ces carences-là disparaissent et il y était parvenu.

Laquelle de ces trois préparations physiques vous a-t-elle le mieux réussi ?
Elles ont toutes été bénéfiques pour moi : une préparation physique de huit semaines te porte, derrière, pendant six ou huit mois. Ce n’est pas juste pour la Coupe du monde… Cette préparation servira ensuite au club, j’en suis convaincu.

L’équipe de France actuelle est dense, puissante et probablement plus lourde que n’importe laquelle de ses rivales. Mais est-elle suffisamment affûtée ?
Oui. Mille fois, oui. Les seules fois où les joueurs du XV de France ont semblé un peu souffrir physiquement ces trois dernières années, c’était les périodes où ils avaient accumulé beaucoup de matchs avec leurs clubs avant de démarrer une compétition internationale : j’ai par exemple souvenir d’un Grégory Alldritt un peu fatigué en début de Tournoi des 6 Nations et, après trois semaines passées à Marcoussis, retrouvant toute sa force de percussion…

Le staff tricolore a choisi cette année de disputer quatre matchs de préparation, une nouveauté pour le rugby français. Est-ce une bonne idée, selon vous ?
Oui, il faut travailler à balles réelles. Cela leur permettra aussi d’offrir des automatismes aux joueurs et d’arriver prêts pour le match d’ouverture, face à la Nouvelle-Zélande. Quant au risque de blessure, il est ici calculé : il y aura beaucoup de turnover au fil de ces quatre matchs.

Vous êtes hors-jeu !

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