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XV de France - Jonathan Danty : "Se rendre compte de notre privilège"

Par Jérémy FADAT
  • Jonathan Danty entame avec les Bleus, ici à Monaco, une préparation à haute intensité. Passage obligé pour avoir l'opportunité de disputer sa Coupe du monde dans les meilleures dispositions Jonathan Danty entame avec les Bleus, ici à Monaco, une préparation à haute intensité. Passage obligé pour avoir l'opportunité de disputer sa Coupe du monde dans les meilleures dispositions
    Jonathan Danty entame avec les Bleus, ici à Monaco, une préparation à haute intensité. Passage obligé pour avoir l'opportunité de disputer sa Coupe du monde dans les meilleures dispositions France Rugby - Julien Poupart
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S’il souligne les moments de souffrance nécessaires parmi lesquels lui et tous les Bleus passent dans ce début de rassemblement à Monaco, le Rochelais Jonathan Danty insiste aussi sur la chance de pouvoir préparer une Coupe du monde à domicile.

Vous êtes arrivés à Monaco dimanche soir. Quel fut le sentiment à l’heure de retrouver le groupe pour préparer cette Coupe du monde ?

C’était plutôt sympa. Mais il faut avouer que la première semaine est quand même un peu difficile (sourire). Nous sommes très vite entrés dans le vif du sujet, on le sait. Certes, des grosses séances nous attendent encore mais cela nous semble normal de passer par des moments durs, comme ceux que nous allons vivre pendant quelques semaines.

Vous comprenez facilement que c’est nécessaire…

Oui, exactement. Chacun est conscient qu’il en faut passer par là, que cela nous servira individuellement et collectivement pour la grosse échéance qui attend notre groupe.

Qu’est-ce que cela change d’être dans le cadre méditerranéen de Monaco, en bord de mer ?

À titre personnel, depuis que j’ai signé à La Rochelle, je vis au quotidien avec la mer à côté. Donc j’y suis un peu habitué maintenant. Mais il est vrai que nous avons la chance de faire ce stage dans un bel endroit. L’hôtel est très bien aussi mais personne n’oublie que l’objectif premier reste d’être compétitif pour la Coupe du monde. Certes, c’est agréable d’être placé dans ce genre de confort mais nous n’avons pas non plus trop le temps d’aller visiter Monaco et de profiter de l’été ici !

Thibault Giroud a insisté sur le fait que tous les joueurs sont arrivés au poids réclamé et dans l’état de forme demandé, donc que cela permet de ne pas repasser par les bases physiques…

Je n’ai peut-être pas le même ressenti parce que, sur le plan énergétique, on fait tout à fond sur les premières séances (sourire). Même en étant plutôt en forme, nous nous retrouvons dans le dur. Mais effectivement, aucun joueur ne s’est arrêté en plein milieu d’un exercice en disant qu’il n’en peut plus. Cela prouve que tout le monde s’est préparé en conséquence.

Notamment les finalistes du Top 14 dont vous faites partie ?

Pour nous, il y a eu un début de semaine assez adapté puisqu’on a fini la saison il y a seulement deux semaines et demi. Mais, malgré un peu de fatigue, on sait quand même ce qu’il y a au bout aussi.

Cela vous porte-t-il ?

Pour ma part, c’est ma première opportunité de disputer une Coupe du monde. Donc oui, ça aide à passer au-delà.

Les vacances ont ainsi été très courtes pour vous. Y a-t-il une part de frustration d’avoir enchaîné aussi vite ?

Une frustration, oui et non… Nous sommes évidemment tous contents d’être ici. Certains ont tout de même pu en profiter pour partir un peu en vacances. Moi, ce n’était pas le cas parce que j’avais un déménagement à faire. Voilà, cela m’a permis de m’occuper de choses pour lesquelles je n’ai pas forcément le temps durant la saison. Je savais que je serais très peu présent à la maison cet été, donc il fallait le faire avant que je ne parte à la préparation.

Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

Bien. Je crois que, même si on a bénéficié de peu de semaines de repos, tout le monde est sur le pont, prêt à continuer à progresser avec l’ambition d’être compétitif dans deux mois. Il n’y a eu aucune plainte sur le fait d’avoir eu deux, trois ou quatre semaines de vacances. Chaque joueur sait que, tous les quatre ans, ça peut arriver et c’est logique. Certains ont déjà fait des Coupes du monde dans le groupe. Il est important de se rendre compte du privilège qui est le nôtre.

Et mentalement, êtes-vous frais ?

Oui. La fraîcheur mentale et la motivation sont présentes dans un premier temps. Physiquement, ça viendra de plus en plus au fil des semaines, et nous encaisserons mieux les séances qui nous sont proposées par le staff.

Personne ne se pose trop de questions encore…

Non, parce que nous en sommes au stade de la préparation pour l’instant et qu’il n’y a pas encore cette éventuelle frustration de n’être potentiellement pas dans les 33 joueurs retenus. Ou encore la frustration de ne pas postuler pour certains matchs… Beaucoup de choses pourront se passer. Mais là, on ne pense qu’à bosser au maximum pour être à son meilleur niveau physique.

On vous parle de cette Coupe du monde depuis tellement longtemps. Est-ce un soulagement d’être enfin entré dans sa préparation ?

Oui, bien sûr. C’est une des premières choses à laquelle chacun a pensé après la fin du Top 14, que ce soient les finalistes, les barragistes, les non-qualifiés… On avait évidemment cette Coupe du monde dans un coin de la tête durant toute la saison. Maintenant, nous y sommes. Et la prochaine étape, ce sera surtout de participer à cette compétition… Mais il y a encore de grosses échéances devant nous : la préparation à encaisser et les matchs amicaux à négocier pour arriver prêts sur le premier rendez-vous du Mondial.

Serait-ce un risque de déjà projeter sur la compétition ?

Oui, c’est un risque à mes yeux. Dans un premier temps, il faut se préparer correctement sur le plan individuel pour être prêts collectivement. Voilà ce qui nous permettra d’être vraiment performants, donc autant se concentrer là-dessus.

Depuis plus de deux ans, vous tenez un rôle capital dans cette équipe : titulaire lors du grand chelem, lors des victoires face aux All Blacks, aux Springboks ou à Twickenham. Cela ne vous donne-t-il pas certaines garanties ?

J’aurais aimé répondre oui. Mais, malheureusement, le sport de haut niveau n’est pas aussi simple que ça. Il y a parfois des périodes plus difficiles que d’autres. Aujourd’hui, nous ne sommes que dans la première semaine de préparation et je crois que le staff est en train d’observer l’évolution de tous les joueurs, qu’il va le faire au fur et à mesure de l’été.

Mais vous avez une belle carte de visite en équipe nationale sur les dernières saisons…

Ce n’est pas parce que j’étais titulaire dans les grandes victoires du XV de France que je le serai forcément pour la Coupe du monde. À moi de me préparer en conséquence, déjà pour arriver à mon meilleur niveau et pour que le staff puisse décider de me prendre dans le groupe de 33. J’ai deux mois devant moi pour travailler et je sais que c’est le genre de période très importante pour moi. Je n’ai jamais fait de Coupe du monde mais, à chaque fois que j’ai réussi une grosse saison, c’est quand j’étais passé par une grosse préparation physique. Cela va me servir, j’espère, pour le Mondial et pour la suite.

Certains ont parlé de cette Coupe du monde comme l’événement d’une vie. La qualifieriez-vous ainsi ?

Absolument, d’autant plus qu’on a la chance de la jouer à domicile. On sait aussi que la France fait partie des trois ou quatre favoris de la compétition. C’est forcément l’événement d’une vie parce qu’on peut marquer l’histoire du rugby français. Même si on l’a fait sur les dernières années avec quelques beaux moments, le Graal reste quand même d’être champion du monde. Surtout pour la première fois pour son pays.

Chaque préparation de Coupe du monde fait des victimes. La menace de la blessure, qui peut être fatale, est-elle présente dans la tête des joueurs ?

Oui, mais c’est quelque chose qu’on a aussi dans le coin de la tête depuis deux, trois, quatre mois… Allez, cela fait même un an qu’on y pense pour certains ! Mais, que doit-on faire ? Nous sommes obligés de passer par tous ces matchs, et par cette préparation physique, pour être en forme. Chaque été, avant une Coupe du monde, il y a des pépins physiques, on le sait…

Et il faut l’accepter…

Oui, mais le staff a fait en sorte que les risques soient moindres sur ce plan. Après, même si je ne l’espère pas, il y aura sûrement des blessés quand même. Comme nous ont dit les coachs, il y a un groupe de quasiment cent joueurs et il y aura toujours l’opportunité pour quelques-uns de répondre présent si jamais d’autres sont contraints de quitter le groupe en cours de préparation ou de compétition.

Justement, vous avez connu plusieurs blessures, notamment au genou, durant la saison. Avez-vous eu peur à un moment que cela puisse vous mettre hors-jeu pour le Mondial ?

Même quand il n’y a de Coupe du monde au bout, ce n’est jamais le bon moment de se blesser. Alors là… J’avoue qu’on a encore plus de difficultés à l’accepter, même pour une légère blessure, parce qu’on ne sait pas quand on va revenir, qu’il peut y avoir des potentielles rechutes, des moments difficiles. Pour ma part, j’ai connu une grosse frayeur contre Perpignan en décembre. à l’arrivée, tout s’est bien goupillé et j’ai pu rejouer quelques semaines plus tard. Mais, si cela avait été une rupture des ligaments croisés, il aurait été très délicat d’être à Monaco aujourd’hui… Bon, je suis là et comptez sur moi pour m’entraîner dur tous les jours. Ensuite, advienne que pourra.

Vous avez l’opportunité de participer à cette Coupe du monde avec Gaël Fickou, votre complice aussi bien humainement qu’au centre du terrain…

C’est assez fort. D’autant plus qu’au-delà de ce que l’on a vécu ensemble avec le XV de France ou au Stade français, nous avons aussi partagé des moments en équipe de France des moins de 20 ans en 2012. On se connaît très bien depuis un certain temps. Cela fait plus de dix ans que je joue avec lui ou contre lui. En plus de l’aspect sportif, il y a des vrais liens d’amitié qui se sont créés au fil des années. Alors, c’est sympa d’être aligné au centre avec lui en sélection. Mais, je le répète, la vérité d’hier n’est pas forcément celle d’aujourd’hui ou de demain. On verra au coup d’envoi de la Coupe du monde si nous sommes tous les deux sur le terrain ou pas.

On parlera donc du match d’ouverture face aux All Blacks un peu plus tard…

Oui, c’est ça ! Avant d’évoquer les All Blacks, il y a beaucoup de rendez-vous, de moments de souffrance et de travail qui permettront d’être prêts pour ce premier match.

Vous êtes hors-jeu !

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