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Emmanuel Meafou à la Coupe du monde ? La FFR y croit encore, malgré un dossier complexe

Par Pierre-Laurent Gou et Simon Valzer
  • Emmanuel Meafou (Stade toulousain) est éligible avec plusieurs Nations.
    Emmanuel Meafou (Stade toulousain) est éligible avec plusieurs Nations. Icon Sport - Icon Sport
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Le sélectionneur Fabien Galthié souhaite voir évoluer au plus vite Emmanuel Meafou avec les Bleus. Pourquoi pas dès le Mondial en septembre prochain. Pour cela la fédération a saisi la commission des reglements de World Rugby afin que le Toulousain devienne sélectionnable pour le XV de France.

C’est un pari tenté par les deux avocats du joueur toulousain et soutenu des deux mains par la FFR. Emmanuel Meafou, Samoan né en Nouvelle-Zélande qui a grandi en Australie souhaite jouer pour le XV de France et ce dès la prochaine Coupe du monde. Il est sélectionnable pour ces trois premiers pays dès maintenant et à l’heure actuelle pour les Bleus pour le Tournoi 2024. Il a effectué sa demande de passeport français et clame à qui veut l’entendre sa volonté. Une première fois dans Midi Olympique, en décembre 2021 : "J’aimerais vraiment jouer pour les Bleus. Si l’opportunité se présente, je dirais oui sans hésiter." Propos réitérés en début de saison sur rugbyrama.fr. "J’ai l’idée de représenter le XV de France depuis que je suis arrivé ici en 2018." Devenu un cadre du Stade toulousain, le deuxième ligne a aussi tapé dans l’œil du staff du XV de France qui par l’intermédiaire de son directeur de performance, Thibault Giroud, a avoué "le suivre avec attention", en janvier 2023, avant de le convoquer lors du dernier rassemblement du Tournoi des 6 Nations 2023.

Selon nos informations, la Fédération avait entamé avec World Rugby une procédure officielle pour le rendre sélectionnable au début de l’année. Elle s’est appuyée sur le fait que même si le joueur n’a pas encore cinq ans de résidence continue en France, selon la règle 8.1 mis en place en janvier 2022, la jurisprudence Folau Fakatawa pouvait s’appuyer. Ce joueur d’origine samoane a pu évoluer avec le maillot des Blacks. Premier refus en février de la fédération internationale. Pourtant la FFR ne baisse pas les bras. Surtout qu’en mars, le joueur prend contact avec le nouveau sélectionneur australien Eddie Jones, lors de sa venue en France, et lui signifie qu’il refusera toute convocation avec les Wallabies. Cette semaine, Meafou à nos confrères britanniques du Telegraph, renouvelle ses vœux pour les Bleus en révélant qu’il existe encore "une petite chance" quelques jours après une nouvelle prestation XXL face aux Sharks en quart de finale de Champions Cup.

La FFR va saisir la commission réglement de World rugby

En fait, la semaine prochaine, la Fédération française va saisir la commission des règlements de World Rugby, avec des arguments juridiques remettant en cause le refus de février dernier de l’instance. Le sélectionneur Fabien Galthié suit ce dossier de près. Il espère obtenir un aval rapide pour pouvoir intégrer le Toulousain dans sa liste des 42 joueurs qui préparera la Coupe du monde à partir du 26 juin prochain. Dans quelques jours ou semaines, la préfecture devrait délivrer un passeport français à Meafou. Ce dernier obstacle administratif tombé, le joueur pourra porter le maillot Bleu. Reste à savoir si ce sera dès le Mondial 2023 ou lors du Tournoi des 6 Nations 2024.

Le staff compte sur lui et dès à présent. Notamment pour mettre la pression aux postulants au poste de deuxième ligne pour le Mondial. Selon plusieurs indiscrétions, Galthié mais aussi Servat et Ghezal ses adjoints chargés des avants, ne seraient pas pleinement satisfaits du rendement de plusieurs joueurs de deuxième ligne lors du dernier Tournoi. Tous auraient des objectifs de travail physique à atteindre d’ici l’été. Et afin que les "devoirs" soient bien faits, rien de mieux que de créer l’émulation.

Les subtilités de son éligibilité pour le XV de France

Pour éclaircir la situation d’Emmanuel Meafou, un rappel des faits s’impose. D’abord sur ses origines : né en Nouvelle-Zélande de parents samoans, il a grandi en Australie et en jouit de la citoyenneté. Il est actuellement éligible avec ces trois pays, puisqu’il possède déjà des passeports samoans et néo-zélandais. Ensuite, Emmanuel Meafou est arrivé en France (au centre de formation du Stade toulousain, précisément, qu’il a intégré avec un contrat Espoir) au tout début du mois de décembre 2018 pour relancer sa carrière "qui n’allait nulle part" quand il jouait à Sydney, dixit l’intéressé. Selon les anciennes règles d’éligibilité dictées par World Rugby et qui réclamaient trois ans consécutifs de résidence dans le pays, le deuxième ligne toulousain était devenu momentanément éligible au XV de France au début du mois de décembre 2021.

Le hic, c’est que cette fameuse règle 8.1 a changé quelques semaines plus tard. Mais pourquoi a-t-elle changé ? Souvenez-vous : en 2017, l’Argentin Agustin Pichot, alors vice-président de World Rugby, avait annoncé l’allongement de la durée de résidence d’un joueur dans un pays pour y être éligible en sélection de trois à cinq ans consécutifs, afin d’éviter "le siphonnage de joueurs" des nations modestes (Fidji, Samoa et Tonga pour ne citer qu’elles) par les sélections dominantes du rugby mondial comme la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Angleterre ou la France : "Faire partie d’une équipe nationale est une récompense pour avoir dévoué sa carrière, sa vie de rugby, à sa nation et ces changements vont permettre de s’assurer que l’arène internationale est remplie de joueurs dévoués à leur nation, qui y sont parvenus au mérite", avait alors déclaré l’ancien demi de mêlée des Pumas.

La jurisprudence Fakatava

À l’époque, la mesure devait entrer en application en 2020 pour ne pas perturber la préparation de la Coupe du monde 2019, mais elle connut plusieurs reports et n’est finalement entrée en vigueur qu’en janvier 2022, mettant ainsi un terme à la toute récente et virtuelle éligibilité d’Emmanuel Meafou au XV de France. Pour aller plus loin dans sa démarche, le joueur a déposé un dossier de demande de passeport français peu après, en tout début d’année 2022. On rappelle toutefois au passage que la détention d’un passeport n’est pas un critère suffisant pour défendre les couleurs d’une nation, et que World Rugby se base uniquement sur les cinq années de résidence consécutives. Seulement en coulisses, les conseils du joueur toulousain s’activent pour débloquer les choses et obtenir une dérogation de l’instance suprême du rugby mondial. Comment ? En utilisant la "jurisprudence Fakatava". Folau Fakatava est le demi de mêlée tonguien des Highlanders, et a obtenu cette fameuse dérogation pour jouer avec les All Blacks en juillet 2022 (deux sélections depuis).

Comme Meafou, le changement de la règle l’avait rendu inéligible en 2022. Sauf que le Tonguien était devenu éligible pendant toute l’année 2021, une période sur laquelle des Test-matchs se sont joués. C’est là toute la différence avec le cas Meafou, qui n’a été éligible que pendant quelques semaines dénuées de rencontres internationales. Ce point est précisément celui sur lequel les conseils de Meafou insistent : si des rencontres avaient été prévues, Meafou aurait postulé au XV de France pour être sélectionné. La semaine dernière, le joueur a, encore une fois, répété sa volonté de jouer pour le XV de France en confirmant que son entourage s’attelait à la tâche : "J’adorerais jouer pour la France. Beaucoup de travail administratif est en ce moment réalisé en ce sens. Pour l’heure, je ne suis pas sélectionnable avant 2024 et le prochain Tournoi. Mais je me trouve dans la même situation que lui (Fakatava, N.D.L.R.) et nous allons voir si cela change. Mais il y a une chance." Une chance sur laquelle le staff du XV de France compte, pour ajouter un puissant numéro 5 à son arsenal, aux côtés de Paul Willemse et Romain Taofifenua…

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