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Crise FFR : les coulisses d’une journée dingue

  • Bernard Laporte a démissionné de son poste de président de la FFR et probablement dit adieu au monde du rugby...
    Bernard Laporte a démissionné de son poste de président de la FFR et probablement dit adieu au monde du rugby... Icon Sport
  • Florian Grill et les élus d'opposition ont tous démissionné du comité directeur de la FFR
    Florian Grill et les élus d'opposition ont tous démissionné du comité directeur de la FFR Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Vendredi, le CNR de Marcoussis a connu l’une des journées les plus dingues de sa courte existence : démission de Bernard Laporte, ultimatum ministériel et bras d’honneur à celui-ci. On vous conduit à présent dans les coulisses d’une fin de règne…

Avouons-le : on aurait adoré être dans la berline de la Ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera, vendredi matin… Et quoi ? À 8h30, alors qu’ « AOC » était en route pour Marcoussis, elle recevait un premier appel de Laurent Gabbanini, le directeur général de la FFR : « Madame la Ministre ? Je souhaite vous informer de la démission de Bernard Laporte ». L’ancienne tenniswoman, qui demande à ce que Bernie « prenne ses responsabilités » depuis qu’il a été condamné en première instance par le tribunal correctionnel de Paris, accueillait la nouvelle comme l’augure d’une journée constructive. « Je salue cette décision, dirait-elle ensuite à la presse. Elle s’imposait à l’issue de cette consultation (le référendum ayant barré le passage à l’intérim de Patrick Buisson, N.D.L.R.) dans laquelle les clubs s’étaient massivement mobilisés. Il en a tiré les conclusions et c’est une bonne chose pour le rugby français. » Un quart d’heure plus tard, la Ministre débarquait à Marcatraz où l’attendait le comité directeur dans son entièreté, soit vingt-six gonzes issus de la majorité présidentielle, neuf représentants de la liste d’opposition Ovale Ensemble et deux membres de la Ligue Nationale de Rugby (Didier Lacroix et René Bouscatel). Face à la suprême instance du rugby français, « AOC » expliquait posément que deux voies se présentaient alors à elle : « La première, celle d’un président par intérim nommé par le bureau fédéral jusqu’en juin, date à laquelle un nouveau président, issu du comité directeur actuel, sera alors élu par les clubs lors de l’assemblée générale de Lille. L’autre voie, la plus rapide et la plus légitime à mes yeux, est celle de la démission des membres du comité directeur qui conduirait à une nouvelle élection générale d’ici six semaines. »

Alors sereine, Amélie Oudea-Castera, vêtue ce matin-là d’un élégant trench-coat de couleur aubergine, quittait dans la foulée le CNR et regagnait la berline où l’attendaient un garde du corps et son directeur de cabinet. Sur le chemin du retour, son téléphone sonnait à nouveau et, au bout du fil, un représentant fédéral lui annonçait que le comité directeur avait choisi la première voie, ne démissionnerait guère et qu’il faudrait faire avec. Dans quel état de colère Amélie Oudea-Castera est-elle alors arrivée à Paname, où elle avait d’ailleurs d’autres sujets autrement plus sordides à traiter, dont celui du scandale pédopornographique à la tête de la fédé de hand-ball ? Allez savoir… « C’est un manque de dignité, fulminait de son côté Florian Grill, le leader de l’opposition. Je pensais que les élus du comité directeur étaient des bénévoles du rugby et qu'ils auraient le sens des responsabilités. La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera avait appelé à leur démission mais ils ont décidé de s'accrocher. Ça ressemble à putsch et les neuf élus "Ovale Ensemble" ont donc décidé de démissionner à l'unanimité. On ne peut pas cautionner cette manière de faire, une espèce de diktat sur le rugby français ». À l’heure où nous écrivons ces lignes, voici donc le com’ dir’ amputé de onze personnes (Didier Lacroix et René Bouscatel ont aussi claqué la porte) et la FFR dépourvue d’opposition jusqu’à juin 2024. Mais pour qu’il y ait des élections anticipées, il faudrait à ce jour que six dévoués à Laporte s’en aillent aussi, ce qui n’est à ce jour pas d’actualité…

 

Doucet, membre du bureau fédéral : « Alexandre Martinez est dans les starting-blocks »

Les échéances, vous dîtes ? Mardi ou mercredi, les quatorze membres du bureau fédéral (les vice-présidents Serge Simon, Patrick Buisson et Henri Mondino, le trésorier Alexandre Martinez, le secrétaire général Christian Dullin…) se réuniront pour décider quel candidat à la succession de Laporte sera ainsi présenté au comité directeur, qui tranchera dans la foulée. À ce titre, le bateau fédéral devrait donc avoir un nouveau président vendredi prochain, soit deux jours avant l’Italie-France que l’on sait. Selon nos informations, le Tarnais Alexandre Martinez aurait la faveur des pronostics, Serge Simon étant dans l’impossibilité de se présenter en raison de l’appel du parquet financier à son encontre dans le cadre de l’affaire « Laporte-Altrad » quand dans un même temps Alain Doucet, le patron de la Ligue Occitanie, nous assurait vendredi : « J’ai 75 000 licenciés à gérer en Occitanie et suis en fin de carrière rugbystique. Il semble qu’Alexandre Martinez soit en effet dans les starting-blocks. On verra... »

Jusqu’au bout, le comité directeur de la fédération sera donc resté fidèle à son « champion », lequel semble aujourd’hui tirer un trait définitif sur le monde du rugby, tant il semble improbable qu’il puisse rebondir dans le monde ovale avant son procès en appel, prévu a priori en 2024. Et jusqu’au bout, il s’est pourtant murmuré que Bernie s’était battu comme un lion pour rester « président déconnecté » jusqu’à la prochaine Coupe du monde, certains de ses proches nous ayant soufflé qu’il avait même pensé, avant de démissionner, de proposer à Serge Blanco de se présenter au référendum qui avait vu précédemment échouer Buisson. Une folie ? Disons que dans l’esprit de Laporte, l’option Blanco aurait fragilisé l’opposition, surtout si la candidature de l’ancien capitaine du XV de France avait été retoquée par les clubs… Le successeur de Bernard Laporte, lui, restera en poste jusqu’à l’assemblée générale de juin prochain, date à laquelle ce comité directeur uni comme un seul homme et sans opposition proposera aux 1900 clubs du territoire l’un ou l’autre de ses membres, lequel restera en place jusqu’en décembre 2024. « Je respecte la décision des élus d’Ovale Ensemble mais je ne la comprends pas, poursuivait Alain Doucet vendredi. S’ils étaient restés, on serait à mon avis arrivé en juin (à Lille) avec notre candidat face à Florian Grill, qui aurait gagné s’il a vraiment eu le soutien des clubs... »

Virginie Deprince : l’élue qui s’est élevée face à la ministre

Faut-il oui ou non blâmer les membres du comité directeur ? Lancent-ils aujourd’hui un bras d’honneur à l’encontre du Ministère des Sports et des 1900 clubs ayant cette semaine rejeté l’intérim de Patrick Buisson ? « Les statuts de la FFR, poursuit Doucet, je ne les ai pas inventés. Au comité directeur, on respecte la procédure : nous ne sommes pas des terroristes et nous nous occupons d’une myriade de clubs voulant finir sereinement leur saison et ayant besoin de nous à leurs côtés. Ce n’est pas la vox populi qui gère notre vie. » Plus emphatique, l’élue Virginie Deprince nous contait alors ce qu’elle avait dit à la Ministre, quelques heures plus tôt : « Madame la Ministre nous expliquait que nous pouvions nous retirer, partir la tête haute… Je lui ai répondu que la tête haute, je la garderai à Marcoussis, au service du rugby et que j’incitais mes collègues à en faire de même. Il y a 28 ans que je suis bénévole dans un club, à raison de trois fois par semaine. Nous ne sommes pas des gros pardessus. Nous sommes juste des gens du rugby amateur au service du rugby amateur ». Dit comme ça…

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Les commentaires (2)
jmbegue Il y a 1 année Le 28/01/2023 à 14:45

Pour qu'ils s'accrochent comme ça, il doit y avoir un sacré paquet de choses planquées sous le tapis!!!

JP4863 Il y a 1 année Le 27/01/2023 à 19:05

Il est sérieux M. Doucet quand il dit ça. Imaginons que M. Gril soit élu , il se retrouve en très large minorité
au Comité Directeur et donc dans l'impossibilité d'appliquer sa politique. A quoi cela servirait alors sinon rajouter de la confusion à une situation qui l'est déjà suffisamment . Je comprend donc très bien que les opposants démissionnent. Au moins, c'est clair et l'équipe Laporte sera desormais seule responsable devant les clubs des décisions qu'ils prendront et de l'image qu'ils vehiculerons de notre sport.