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Toulouse - Clermont : retour vers le futur

  • Toulouse contre Clermont au Stadium de Toulouse
    Toulouse contre Clermont au Stadium de Toulouse Patrick Derewiany / Midi Olympique
Publié le Mis à jour
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C’est la finale de rêve, celle tant espérée entre les deux équipes qui ont largement dominé la saison régulière. C’est aussi la finale entre deux équipes habituées à se retrouver à Paris pour l’ultime bataille. C’est un classique qui va écrire son cinquième tome ce samedi.

Il est toujours bon de sortir un classique de sa bibliothèque, de se plonger dans un film culte. D’ouvrir ces chapitres que l’on connaît déjà, que l’on retrouve avec plaisir. Les années passent, les sensations évoluent, la grille de lecture aussi et l’on découvre toujours de nouvelles choses cachées entre les lignes. Clermont — Toulouse, ou Toulouse — Clermont, pour ne vexer personne est le grand classique de la finale du championnat de France depuis l’après-guerre. L’impatience de revoir cette affiche ce samedi au Stade de France pour un cinquième volet est palpable. Pourquoi tant d’excitation ? Parce que les deux meilleures équipes de la saison seront présentes au rendez-vous.

Toulouse et Clermont ont dominé cet exercice de la tête et des épaules. Il faudrait être fou, aveugle, ou d’une mauvaise foi désarmante, pour le nier. Ce devrait être le cas de toutes les finales et pourtant, la magie du Top 14, ou sa roublardise selon son affinité pour les phases finales, n’a pas permis depuis si longtemps aux équipes ayant terminé aux deux premières places de se retrouver à Paris pour la belle. Il y a toujours la place pour un barragiste revanchard, un miraculé du printemps. Ainsi va le rugby français depuis qu’il existe. Cette fois, le patron toulousain et son dauphin clermontois ont tapé du poing sur la table pour s’offrir ce banquet à Saint-Denis. Il faut remonter à 2008 pour trouver une finale entre les deux meilleures formations de la saison régulière. Elle opposait déjà Clermont et Toulouse. On pourrait alors être un brin lassé devant la répétition de ce duel. Il n’en est rien.

Les leçons d’une chute

Depuis, les Clermontois ont appris à gagner des finales. Ils peuvent même écrire un nouveau chapitre de l’ASMen en remportant deux de suite après celle de Challenge Cup.Ils passeraient presque pour des experts, même sans Captain Morgan, par rapport aux Toulousains qui se présenteront samedi avec, dans leurs rangs, seuls Maxime Médard et Gillian Galan ont déjà remporté le championnat ! C’est dire que tout a changé.

Il est aussi impossible d’être blasé tant il fallait être un peu devin pour prédire la domination des Stadistes et des Auvergnats cette saison. Les hommes de Franck Azéma sortaient d’une année cauchemardesque, où ils avaient chuté de leur trône de façon spectaculaire. Épuisés, décimés par les blessures, ils avaient erré dans les bas-fonds du Top 14 avant de terminer à une neuvième place presque flatteuse. Cette équipe, si séduisante quelques mois auparavant, payait chèrement la débauche d’énergie qui l’avait conduite jusqu’au Brennus en 2017. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. Un véritable accident industriel que Toulouse avait connu un an auparavant, avec les mêmes images, les mêmes sensations, et la même tristesse de voir un tel club, une telle équipe à la dérive.

Le Stade toulousain avait terminé à la douzième place… il ne restait plus que les fidèles de la première heure dans les gradins d’Ernest-Wallon. Ces deux formations ont donc connu la chute, elles ont réussi à s’en relever. À tel point qu’elles ont largement fourni les rangs tricolores lors du dernier Tournoi des 6 Nations, et notamment au niveau de la ligne de trois-quarts. Les dirigeants ont maintenu leur confiance à leurs staffs techniques, sans couper de tête hormis celle Jean-Baptiste Elissalde en 2017, en comprenant les raisons de l’échec. L’infirmerie s’est vidée au pied du Puy-de-Dôme, la jeunesse a pris le pouvoir sur les bords de Garonne. Surtout, les deux équipes sont restées fidèles à leurs philosophies de jeu, portées vers l’offensive. C’est donc logique de retrouver les deux meilleures attaques ce samedi.

Prometteur aussi, pourrait-on penser. Surtout que la dernière confrontation en date a offert le plus beau spectacle de la saison, voire de la dernière décennie, se terminant sur un score de 47-44 au terme d’un festival disputé sur un rythme effréné, avec dix essais à la clé, du suspense, un scénario de dingue, une polémique d’après-match à propos de la défense de Joe Tekori sur Yohan Beheregaray, et un Stadium plein à craquer. Le match aller avait aussi été renversant, soldé sur un score de parité 20-20, avec un retour du Stade toulousain en seconde période après un premier acte dominé par l’ASMCA. Le script sera-t-il encore une fois à la hauteur de l’événement ? En termes d’incertitude, on peut le croire puisque le score moyen des vingt dernières confrontations est de 23 à 22 en faveur des Auvergnats.

Au niveau du jeu, rien n’est moins sûr, car même si les Toulousains et Clermontois n’ont pas renié leur rugby lors des demi-finales, ces retrouvailles n’en ont pas la saveur. Il plane un parfum d’inconnue selon Ugo Mola, l’entraîneur principal du Stade : « Clermont a une palette tellement large et efficace qu’à chaque rencontre, il s’agit d’un Clermont différent donc le Clermont que l’on va jouer samedi, je ne le sais pas malheureusement. » Il est d’autant plus difficile de tirer des enseignements des deux matchs de la phase régulière que les Toulousains avaient alignés une équipe remaniée à Marcel-Michelin deux jours avant Noël avant que les Clermontois n’en fassent de même mi-avril au Stadium, une semaine avant une demi-finale de Challenge Cup. C’est pour cela qu’Arthur Iturria n’était pas vraiment inquiet de ne pas encore avoir battu Toulouse cette saison : « Ce serait le bon moment pour le faire. Au retour, le match avait été très beau, avec beaucoup d’essais (47-44). Mais il n’y avait pas vraiment d’enjeu. Je doute que ce soit pareil samedi soir. »

Le grand duel, à balles réelles celui-ci, aura finalement lieu, opposant les lancements millimétrés de l’ASMCA aux diaboliques relances toulousaines. « J’ose espérer qu’il y aura un match aussi emballant mais j’ai peur que les finales soient un peu plus recroquevillées », poursuivait Ugo Mola dans la semaine. D’une finale rêvée à une finale de rêve, il existe un fossé que seuls les vainqueurs traversent le cœur léger et sans regrets ni remords, oubliant bien souvent la manière mais aussi les péripéties de ce dernier match, cette dernière marche vers le sacre après un an d’efforts et de souffrance

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