Hueber: "Soit le message du staff ne prend pas, soit on n'a pas les bons joueurs"

  • Aubien Hueber en compagnie de Philippe Saint-André (2011)
    Aubien Hueber en compagnie de Philippe Saint-André (2011)
  • Boudjellal - Hueber (2012)
    Boudjellal - Hueber (2012)
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Avec 25 sélections en équipe de France au compteur, Aubin Hueber s'est frotté à quatre reprises aux Gallois durant sa carrière internationale. A quelques jours du match des Bleus face au XV du poireau, l'ancien demi de mêlée, champion de France avec Toulon en 1992, revient sur les performances françaises depuis le début du Tournoi et évoque sa vision de l'équipe nationale.

Quel regard portez-vous sur cette équipe de France après deux matchs dans ce tournoi?

Aubien HUEBER: On peut retenir les vingt dernières minutes du match face à l'Irlande où l'on a vu des choses intéressantes avec des prises de risque. Il y a peut-être eu un déclic. Alors est-ce que c'est lié au fait qu'on était dos au mur ou est-ce quelque chose qui va durer? On aura la réponse face au pays de Galles. Mais on a envie de dire à cette équipe: "Lâchez-vous! Allez-y". Ils doivent avoir une prise de conscience quant à leurs capacités. On a eu un bon apport des remplaçants. Reste à savoir comment intégrer ces impacts players. Est-ce qu'on doit tous les mettre dès le départ? Ou seulement un ou deux? Ils ont été performants car l'équipe en face était également fatiguée mais auront-ils le même apport en commençant?

Comment percevez-vous cette équipe du pays de Galles?

A.H: Le Pays de Galles dispose d'un super buteur et d'un grand arrière avec Halfpenny. Il va falloir être très propre en conquête et très discipliné. C'est une équipe qui joue bien au rugby, bien équilibrée avec de la densité devant et un paire de centre très intéressante. Face à eux, essayons de conserver le ballon et de varier le jeu. Si l'on rend le ballon par des coups de pieds d'occupation alors, allons mettre la pression à la retombée.

Quel est notre plan de jeu ?

Quel est votre sentiment global sur cette équipe de France ?

A.H: Ce que j'aimerais comprendre, c'est quel est notre plan de jeu? Beaucoup disent qu'il n'y en a pas. Mais je ne peux pas croire que Patrice Lagisquet, Yannick Bru et Philippe Saint-André n'ont pas de plan de jeu. Dans ce cas là, il existe plusieurs possibilités: soit le message du staff ne prend pas auprès des joueurs, soit on n'a pas les bons joueurs pour le mettre en place, soit nous ne disposons pas d'une bonne génération de joueurs. A l'heure actuelle, vu comme l'équipe de France joue, c'est difficile à déchiffrer. Plus généralement, depuis quelques années, il y a un manque de cohérence et de continuité. Il me semble primordial de pouvoir travailler notre jeu sur la durée avec les mêmes joueurs. On ne sort pas une équipe type, la charnière a notamment beaucoup changé. Cela a été en partie lié aux blessures qui n'ont pas épargné le groupe.

Boudjellal - Hueber (2012)
Boudjellal - Hueber (2012)

Vous l'ancien demi de mêlée, comment jugez-vous l'animation des Bleus?

A.H: Dans cette équipe de France, il manque du liant. A mon sens, notre troisième ligne n'est pas assez équilibrée: Le Roux et Dussautoir, c'est le même combat. On a besoin de joueurs qui favorisent le jeu, fassent rebondir le ballon. On doit ressortir plus vite le balle, on manque d'animation autour du 9 et du 10. On n'a pas le droit à l'hésitation à ce niveau là. Kockott a été pointé du doigt, mais ça ne tient pas qu'à lui, autour du 9 les gars doivent se bouger.

On perd notre identité, on dénature notre rugby

Est-ce que le "French Flair" a encore sa place dans le système de jeu de l'équipe de France?

A.H: Le système de jeu c'est quoi? Il s'agit de séquences, avec une programmation des temps de jeu. Le problème, c'est qu'on se calque sur le modèle de l'hémisphère Sud et que l'on perd notre identité. On dénature notre rugby. Pendant longtemps, l'équipe de France et les joueurs français en général avaient cette faculté d'inspiration. On pouvait s'adapter à la défense qui nous était proposée. On partait sur trois temps de jeu et derrière on voyait. Depuis sept ou huit ans, on perd cela. C'est notamment lié à l'afflux de joueurs et entraineurs étrangers dans nos clubs. Ils arrivent avec leurs méthodes et leurs tactiques de l'hémisphère sud. On s'entraine désormais comme eux et sur le terrain on constate qu'on joue quoi qu'il arrive sur cinq ou six temps de jeu en restant dans le schéma même si cela ne fonctionne pas. Je pense que nos clubs et notre sélection font fausse route en suivant ce modèle. On peut et doit prendre ce qui est intéressant sans pour autant perdre notre culture et notre identité.

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