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Par Emmanuel Massicard
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C’est un cœur de supporter qui saigne. Le miracle tant attendu, ce maigre filet d’espoir auquel nous étions tous accrochés depuis quinze jours et les subtiles promesses d’avenir nées de la victoire contre l’Écosse, a volé en éclats. Brisé par les déferlantes irlandaises en ce sombre dimanche qui vira au cauchemar.

Et nous voilà donc revenus au milieu du néant, cernés par le vide et emportés par la tristesse de voir notre XV de France largué comme jamais malgré cette fin de match en sinistre trompe-l’œil qui fit dire à Mathieu Bastareaud : "Nous n’étions pas loin." Bah voyons… Comment y croire vraiment quand l’Irlande nous a surclassés pendant plus d’une heure, finissant la rencontre les mains en haut du guidon après la sortie prématurée de ses tauliers ? Comment, encore, donner du crédit au discours du sélectionneur, Jacques Brunel, qui osa nous faire croire qu’il pouvait se contenter d’avoir gagné la seconde mi-temps ? Et d’argumenter, en quête de rebond : "On va retenir la leçon. On est capable de rivaliser mais on a montré deux visages." Bah voyons…

Dans le chaos de Dublin, les Bleus ont une nouvelle fois montré l’image d’une formation décatie, larguée tactiquement, physiquement et mentalement. Une équipe très loin des standards du haut niveau international et tout bonnement incapable de rivaliser avec la deuxième formation au classement mondial, derrière les All Blacks. C’est notre réalité et il n’est plus temps de se voiler la face : en dehors du coup d’éclat écossais - cette magnifique guirlande d’utopies - la vitrine du rugby français emprunte des codes d’un autre temps, ceux d’un rugby désorganisé fait de lenteurs et d’approximations avec comme unique bouée de sauvetage les exploits individuels de joueurs au talent brut de décoffrage. Des joueurs toujours trop seuls et que nous ne tiendrons jamais pour seuls responsables du naufrage actuel. Même si certains comportements laissent sceptiques.

La claque symbolisée par ce zéro pointé qui nous pendait au nez jusqu’à la 77e minute (26-0) nous apparaît sacrément plus douloureuse encore que la fessée reçue en Angleterre, il y a un mois. Elle témoigne des mêmes lacunes tactiques et stratégiques, d’improvisations coupables et, tout bonnement, de ce monde qui nous sépare des meilleurs qui ont épousé un rugby si différent du nôtre. Face à eux, nous sommes bel et bien largués en termes de vitesse, d’organisation et de maîtrise. Face à la balade irlandaise, le contraste fut d’une terrible cruauté. Comme si nous n’étions pas prévenus…

À moins de six mois du Mondial, avec quatre rencontres à jouer d’ici au premier match face à l’Argentine, il semble désormais trop tard pour inverser le cours d’une histoire qui nous a échappé, à force de mauvais choix accumulés. à tel point que les responsabilités du sélectionneur, Jacques Brunel, du président de la FFR, Bernard Laporte, et de son vice-président en charge des équipes de France, Serge Simon, sont très clairement engagées. Assez pour que le patron de la fédération sorte de son silence et acte, dans les jours à venir, des décisions fortes.

La guerre que Laporte pourrait mener aux Bleus cette semaine ne changera rien au fond des choses, même si elle fera jaillir une énième révolte avant le déplacement en Italie. « Bernie » devra tout simplement trancher. Décider s’il continue de laisser à Simon les rênes d’un monde sportif qui lui échappe. Décider d’en appeler au pompier de service dont le portrait-robot ressemble trait pour trait à Fabien Galthié (Laporte y pense depuis l’Angleterre). Décider de tourner la page d’une génération qui n’en finit plus de collectionner les défaites. Décider de renouer avec la quête d’un rugby ambitieux. Décider, tout simplement, d’un électrochoc pour relancer le XV de France. Il n’est plus temps de tergiverser. Nos cœurs saignent.

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