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Twicken…âme

Par Emmanuel Massicard
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Publié le Mis à jour
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L’affaire est d’une logique implacable. Froide et même sinistre. Le XV de France ne gagne toujours pas. Pire, il s’enlise dans la gangue du bas de tableau de l’élite mondiale, et fait porter à Jacques Brunel, son sélectionneur, le plus sombre des bilans. Avec ça vous irez, vous, donner du crédit aux ambitions de victoire française dans le Tournoi avant l’impensable sursaut qui nous reste vendu pour septembre, lors du Mondial au Japon.

Vendredi soir face au pays de Galles, nous avons hélas vu tout ce que l’on devait voir avec l’équipe de France. Courageuse mais battue d’un rien après avoir tant espéré, comme d’habitude. Soudainement généreuse et audacieuse, mais définitivement rongée par cette névrose d’échec qui enferme staff et joueurs dans une spirale devenue infernale à force de déni. Ce ne serait jamais totalement leur faute, aux Bleus. Ni même celle de leurs adversaires. Coquin de sort. « Nous n’étions pas loin et cette fichue chance finira bien par tourner en notre faveur. » Ben voyons…

Combien de fois a-t-on entendu ce discours lénifiant, systématiquement suivi d’une ode au travail en guise de flagellation collective. Pire, depuis treize mois, on ose nous faire croire que sourires et bonne humeur transformeront les Bleus en champions. Sublime promesse ! Terrible mensonge ! Il est grand temps d’ouvrir les yeux, et d’apprécier la réalité qui nous entoure. D’assumer ces erreurs magistrales commises sur le terrain et plus encore dans la gestion de matchs que nous sommes incapables de maîtriser jusqu’au bout. En choisissant d’envoyer massivement ses plus jeunes en fin de match, sans cadres pour les guider avec un capitaine bizut, Jacques Brunel a propulsé son monde dans un tourbillon d’incertitude. Il nous semble pourtant que le cuisant revers concédé aux Fidjiens en novembre avait déjà montré les limites d’un tel coaching… Notre réalité n’est pas nouvelle et elle mériterait que l’on accorde toutes nos énergies à combattre ce mal du succès qui ronge les Bleus, révèlent leurs fragilités et fait grandir cette peur du vide qui les habitent. Le constat est cruel et le contraste encore plus saisissant avec nos adversaires, eux qui se cachent à peine pour gausser nos limites en attendant le sabordage tricolore.

D’autant plus cruel si l’on cède au jeu de la comparaison avec nos chers amis anglais, à qui les Bleus rendront visite dès dimanche dans le temple de Twickenham. Face aux doutes de Brunel, Eddie Jones a construit un plan de bataille sans faille, brillant, pour renverser les Irlandais. Sa machine et ses manigances ont fini par broyer un adversaire que l’on disait imperturbable. C’est tout un monde qui nous sépare aujourd’hui… Sur l’écran noir de nos futures nuits blanches, le visage du sélectionneur anglais est systématiquement accompagné de celui d’Owen Farrell. L’ouvreur de la Rose est bien le digne successeur des Carling, Dallaglio et autres Moore, ces joueurs que les Français ont toujours aimé détester… Sans doute parce que depuis son plus jeune âge, l’arrogant de service est la parfaite incarnation du champion assoiffé de victoires, programmé pour le haut niveau, déterminé, rageur, sûr de ses forces et de son destin. Voilà tout ce qui nous fait si cruellement défaut et que nous espérons trouver, sur l’air de la révolte qui nous va si bien, dimanche à Twicken… âme ! Depuis vendredi, les Bleus n’ont plus rien à perdre… 

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