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bernard jackman : « Le rythme des Gallois a provoqué les erreurs écossaises »

Par Nicolas Zanardi
  • bernard jackman : « Le rythme des Gallois a provoqué les erreurs écossaises »
    bernard jackman : « Le rythme des Gallois a provoqué les erreurs écossaises »
Publié le Mis à jour
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L'ancien international irlandais et entraîneur de Grenoble, aujourd'hui auprès du club de Newport, revient sur la victoire du Pays-de-Galles sur l'Ecosse avec son oeil de coach.

Midi Olympique : Quel regard avez-vous porté sur la large défaite de l’Écosse, le futur adversaire des Bleus ?

Bernard Jackman : Les Écossais ont commis des fautes bêtes en défense en se laissant aspirer à plusieurs reprises par le premier attaquant. Je pense qu’ils ont subi le contrecoup de leur plan : pensant que les Gallois allaient utiliser le même système de jeu direct que d’habitude, les Écossais se sont souvent jetés sur le premier porteur de balle, sans surveiller les soutiens autour de lui. Et cela s’est retourné contre eux… Il faut dire aussi que toutes ces erreurs ont été provoquées par les Gallois, dont le rythme a poussé les Écossais dans le rouge au niveau physique.

Comment expliquer l’ampleur de cette défaite, après des tests de novembre pourtant si convaincants ?

Les Écossais jouent un peu comme une équipe de rugby à VII, en balayant le terrain d’une aile à l’autre. Cela leur a souri en novembre, mais là, le contexte est très différent. En novembre, les joueurs européens sont plus frais, et surtout, ils jouent tous leurs matchs à domicile. Là, à l’extérieur, face à une équipe plus en forme et plus puissante qu’eux, les Écossais ont surjoué et perdu leur lucidité. D’autant plus qu’ils ont été très rapidement menés au score, ce qui est la pire des posititions pour une équipe comme eux, qui provoque beaucoup.

Vous parliez de l’intensité qu’ont cherché imposer les Gallois, en jouant rapidement tous les turnovers et en maintenant constamment le ballon sur le terrain par le biais de leur jeu au pied. D’où vient cette confiance en leur état de frome physique ?

En regardant les quinze premières minutes, je me suis demandé si un jour un test des Blacks ou des Sud-Africains avait un jour atteint le même degré d’intensité. C’était énorme. Les Gallois ont sciemment cherché à maintenir les ballons dans le terrain, sachant que les Écossais chercheraient à tout contre-attaquer, pour mieux les épuiser et profiter de leur domination physique. C’est le premier principe de la philosophie de Warren Gatland : être plus en forme que l’adversaire. Cela passe par une recherche d’intensité énorme dans les entraînements, que seule l’Angleterre atteint depuis l’arrivée d’Eddie Jones. Mais surtout par une préparation physique programmée. Au pays de Galles, les trois meilleures provinces sont détenues à 50 % par la Fédération et la quatrième, dont je suis en charge, à 100 %. Cela fait que la Fédération galloise a un contrôle total sur la préparation physique des équipes, qu’elle construit en vue du Tournoi. Un peu comme la Fédération irlandaise avec ses provinces, sur lesquelles Joe Schmidt a un droit de regard sur tout… On l’a d’ailleurs vu au Stade de France : si les Irlandais ont aussi bien maîtrisé le dernier ballon sur la dernière action de la partie, c’est en partie parce qu’ils sont physiquement plus en forme que les Français.

Puisque leur propension à pousser l’Écosse dans le rouge s’est avérée de la clé du succès gallois, les Bleus sont-ils capables de procéder de la sorte ?

Bonne question. Je pense que si l’Irlande a évolué dans un registre si direct face aux Bleus, c’est parce qu’ils étaient persuadés qu’à force de plaquer, les Français allaient se fatiguer. Cela a été en partie vrai, puisqu’ils se sont montrés indisciplinés. Mais ils n’ont pas lâché non plus, ce qui fait que la question de leur étt de forme reste en suspens on en saura plus après l’Écosse, car les Écossais ne vont pas changer leur fusil d’épaule. Ils vont continuer leur jeu large-large, et ce sera à mon sens plus difficile pour les avants français de répondre présent dans le déplacement. Les Écossais vont chercher à les faire courir pour profiter d’éventuelles « déconnections » entre avants et trois-quarts. À mon sens, la clé pour les Bleus sera d’être capables de conserver le ballon. S’ils persistent dans un plan de jeu fermé comme contre l’Irlande, en se contentant de rendre les ballons au pied, ils risquent de beaucoup plus souffrir en défense.

On a noté également une évolution dans le jeu gallois, moins direct que ces dernières saisons, qui a considérablement surpris les défenseurs écossais…

Après la tournée des Lions en Nouvelle-Zélande qu’ils ont failli remporter avec Sexton à l’ouverture et Farrell au centre, Warren Gatland et Rob Howley sont revenus avec une certitude : celle selon laquelle il faut désormais disposer de deux « playmakers » dans le rugby moderne, ainsi que d’avants capables de se passer le ballon. Ils ont essayé de mettre en place ce niveau système d’attaque en novembre : cela s’est soldé par des performances moyennes, mais il s’agissait en réalité de se préparer pour le Tournoi. Le fait que l’ossature de l’équipe soit celle des Scarlets n’est pas non plus un hasard, car il s’agit d’une équipe au jeu plus évolué que les Blues ou les Ospreys. Et le nouveau système offensif du pays de Galles a surpris l’Écosse, qui s’attendait à un jeu plus direct.

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