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Comment les All Blacks ont ringardisé la passe sautée

Par Nicolas Zanardi
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    Comment les All Blacks ont ringardisé la passe sautée
Publié le Mis à jour
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De par la capacité de leurs avants à transmettre le ballon aussi efficacement que leurs trois-quarts dans le jeu de ligne, les néo-zélandais ont quasiment banni les passes sautées de leur arsenal offensif. Assurément une des clés de leur capacité à se créer des situations de surnombre…

Le Four Nations (pardon, le Rugby Championship) s’est terminé cette semaine. Avec ce sentiment que jamais, au grand jamais, les All Blacks n’ont autant dominé leur sujet, au point de constituer à eux seuls la première division du rugby mondial, derrière laquelle leurs concurrents sont contraints de courir. En avance sur tous les autres ? Les Blacks le sont, assurément. Et paradoxalement en ayant peut-être jamais joué de manière aussi simple, classique, devant la défense. Ces derniers touchant ici les fruits d’une technique parfaite de manipulation du ballon, qui les place très loin au-dessus de la concurrence. La meilleure preuve ? C’est que, depuis la dernière Coupe du monde, les All Blacks n’utilisent plus la passe sautée…

Attention, n’allez pas ici nous faire dire ce que l’on n’a pas écrit : sur certains lancements de jeu entre trois-quarts, ou lorsque la situation le demande près des lignes, vous observerez bien de temps en temps un joueur néo-zélandais se hasarder à sauter un partenaire. Mais dans l’immense majorité des cas, notamment dans le jeu courant loin des lignes de marque, la sautée a tout bonnement été rayée de l’arsenal offensif des All Blacks, pour ne pas dire ringardisée. Pourquoi ? Tout simplement parce que n’importe quel avant néo-zélandais (exception faite peut-être de l’axe droit Owen Franks et Sam Whitelock, volontairement cantonné aux tâches obscures), se trouve capable de réaliser le geste offensif de base : rentrer sa course et donner avant contact. «D’abord, cela permet à tout le monde de se sentir utile dans le jeu courant, ce qui est valorisant pour les joueurs, nous affirmait voilà un an le numéro huit du Racing Chris Masoe. Le fait de s’interdire de sauter un partenaire permet aussi de se situer plus facilement dans le mouvement général. Si je suis le dernier passeur, je sais que je suis le premier soutien et que je devrais intervenir dans le ruck. Mais surtout, plus il y a de passeurs dans la ligne, plus on crée d’incertitude. Si toutes les équipes n’y arrivent pas, c’est parce qu’elles ne disposent pas d’avants capables d’être aussi efficaces dans le combat que dans la manipulation du ballon. »

Aucun joueur inutile

Autant dire que pour les Blacks, les possibilités de choix au niveau des porteurs de balles sont quasiment infinies. Celles-ci ne se limitent en effet pas aux trois-quarts et aux troisième ligne, mais bien potentiellement à treize joueurs sur quinze. Un luxe extraordinaire, qui plus est au niveau international ! En effet, sachant qu’aucun joueur n’est susceptible de commettre une grossière erreur lorsqu’on lui adresse le ballon, chaque membre de l’effectif a un rôle à jouer sur les relances de jeu, obligeant les défenseurs à surveiller étroitement des « dangers » identifiés, mais tout le monde… C’est en effet vieux comme le rugby : si une passe sautée peut permettre d’amener le ballon plus rapidement vers l’extérieur, le fait de sauter des joueurs les « annule » et facilite le travail de la défense, qui peut glisser plus facilement. Voilà pourquoi, notamment en cas de surnombre, la passe sautée est théoriquement à proscrire.

Défense ralentie… ou plus facilement fixée

Une théorie que les Blacks ont mis en pratique de manière quasiment extrême, puisque les seuls cas où l’on voit des joueurs se « griller » relèvent de leurres devant le ballon, beaucoup plus perturbants pour une défense qu’un joueur passivement sauté. « L’autre aspect négatif d’une passe sautée, c’est que le temps de suspension du ballon est plus long que sur une passe normale, nous soufflait voilà quelques semaines Ugo Mola. Or, au plus haut niveau, c’est pendant ce temps de suspension du ballon qu’une défense peut se permettre de monter vite, puisque durant ce laps de temps elle ne peut pas de se faire tromper par un appui ou un changement de direction. »

De fait, en ne sautant pas leurs attaquants disponibles, les néo-zélandais incitent inconsciemment la défense à monter moins vite, ou à se resserrer. Et si une défense s’aventure à monter sur des rails ou en inversée, la vitesse et la précision gestuelle des Blacks dans leurs transmissions (ainsi qu’une prise systématique de la profondeur) ainsi que leur maîtrise parfaite des transmissions de balle au pied leur permettent de trouver encore plus facilement des espaces sur les extérieurs… Précisément là où des finisseurs hors-norme nommés Savea, Naholo ou Ben Smith se tiennent en permanence prêts à frapper.

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