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« Retours » après mêlée : la nouvelle botte des Blacks

Par Nicolas Zanardi
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    « Retours » après mêlée : la nouvelle botte des Blacks
Publié le Mis à jour
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Face à l’Afrique du Sud, les Néo-Zélandais avaient tué la rencontre en inscrivant coup sur coup deux essais similaires, issus de retours dans le côté fermé après une mêlée. Une trouvaille tactique évidemment adaptée à la défense des Springboks, mais pas seulement…

Ils sont, plus que jamais, les maîtres du monde. Non seulement parce que les All Blacks n’en finissent plus de battre tous les records, mais surtout parce qu’ils ajoutent à chacune de leurs rencontres une dose d’inventivité et de panache, qui renforce leur statut en même temps qu’elle leur confère un temps d’avance sur la concurrence. Leur dernière victoire face à l’Afrique du Sud l’a encore prouvé puisqu’au-delà d’avoir renvoyé les Springboks à leurs chères études, les Néo-Zélandais ont inscrit deux essais de tableau noir, en deux temps de jeu, en exploitant un changement de sens après mêlée fermée. Révolutionnaire ? Eh oui, quand même. D’abord parce que pareils mouvements sont essentiellement utilisés après touche, notamment face à des équipes qui utilisent l’ailier côté fermé pour défendre dans la ligne. Mais surtout parce qu’au-delà de l’analyse ultra-précise de l’adversaire, les Néo-Zélandais ont récité deux mouvements fondés sur la rapidité d’exécution, pratiquement imparables lorsque réalisés avec leur maestria.

Le premier point de leur plan ? Il consistait à une prise très rapide de la ligne d’avantage, dans une zone assez proche de la mêlée. « Sur leur premier essai, c’est l’ouvreur Barrett qui a attaqué directement la ligne tandis que sur le deuxième, il a effectué une croisée avec son premier centre Crotty, pointe le futur sélectionneur de l’Écosse Greg Townsend. Ce qui était important sur le lancement, c’était la zone visée. Le but était double : passer par la ligne d’avantage le plus vite possible et le plus près possible de la mêlée, pour se procurer une sortie rapide et jouer le renversement immédiatement. »

Contresens théorique et piège parfait

Mais pourquoi, justement, renverser le sens dès le premier temps de jeu après une avancée et une sortie de balle rapide, alors que les préceptes éternels du mouvement général recommandent dans ce cas de figure une relance de jeu « même sens » ? Justement, aux sens propre et figuré, pour prendre la défense à revers… « Le premier intérêt ? C’est qu’en cas de sortie très rapide, les avants sud-africains se retrouvaient forcément en position de hors-jeu, et ne pouvaient pas intervenir, explique Townsend. S’ils s’en étaient avisés, l’arbitre aurait accordé une pénalité, peut-être même un carton jaune, puisqu’on se situe tout près de l’en-but… Mais c’était surtout un piège tactique, qui a très bien fonctionné. En effet, les Sud-Africains savent très bien que les All Blacks raffolent du jeu dans le même sens. Inconsciemment, sur ces mouvements, tous les avants convergent vers le ruck et circulent dans le même sens, pour ne pas se trouver en sous-nombre sur l’extérieur. Le mouvement des avants néo-zélandais les a d’ailleurs confortés dans cette optique, puisque les piliers et les deuxième ligne alimentent le même sens. Sauf qu’à chaque fois, le troisième ligne Jérôme Kaino et le talonneur Dane Coles sont restés dans le fermé, ce dernier prenant bien la largeur, en compagnie de l’ailier côté fermé. »

Smith-Coles, prise de largeur et connexion décisive

Faut-il vraiment vous raconter la suite ? À chaque fois, et alors même que les Néo-Zélandais n’étaient pas forcément en surnombre dans le côté fermé, Smith a directement alerté Coles pour lui permettre de négocier un deux contre un sur le dernier défenseur sud-africain. « Il y a trois facteurs qui expliquent ça, reprend Townsend. Les deux premiers sont la bonne prise de largeur de Coles, et la vitesse de la passe de Smith. Ces deux faits combinés expliquent que les avants sud-africains, même supérieurs en nombre, n’ont pas eu le temps de coulisser sur la largeur après s’être resserrés autour du ruck, peut-être aussi attirés par Kaino. Le dernier aspect, c’est que ces combinaisons ont été jouées à chaque fois près de la ligne, pour marquer. Si le mouvement avait été lancé ne serait-ce que dix mètres plus loin, le dernier défenseur sud-africain aurait pu défendre différemment, en glissant pour contrôler son ailier. Là, compte tenu qu’il défendait quasiment sur sa ligne, il n’a pas pu. Ce qui a permis à Coles de réaliser à chaque fois la passe décisive… » Un mouvement qui, pour être honnête, aurait sûrement fait mouche face à toutes les équipes du monde. Mais tout le monde n’a pas la vitesse d’exécution des All Blacks pour la réussir…

 

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