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Bilan du Tournoi : du sacre anglais au "bide" italien...

Par Jérôme Prévot
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Publié le Mis à jour
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Le Tournoi des 6 Nations vient de se clôturer, l’heure du bilan a sonné. Contrasté, forcément. Avec les Anglais au sommet et les Italiens plus bas que jamais pour la sortie calamiteuse de Brunel. Et les Français dans tout ça...

Angleterre

La touche du magicien

Treize ans après, l’Angleterre a retrouvé le chemin du Grand Chelem. L’arrivée aux affaires de Eddie Jones est une franche réussite, un triomphe total. Les Anglais ont réussi leur carton plein en gagnant trois matches à l’extérieur, ce qui est une première pour eux. Ils avaient la puissance pour eux et la maturation d’une génération façonnée par Stuart Lancaster dont le bilan n’est pas si négatif malgré le désastre de la Coupe du Monde. Le nouveau sélectionneur n’a d’ailleurs pas lancé énormément de nouveaux talents pour sa première saison, c’est aussi un discret hommage au travail de son prédécesseur. Peut-être que Eddie Jones leur a donné un peu plus de caractère et un peu plus d’acuité offensive, mais ce succès est aussi celui d’une grande nation qui peut former des jeunes et leur permettre de s’exprimer très vite au plus haut niveau en faisant cohabiter du mieux possible les impératifs de la sélection et celle des grands clubs. Le meilleur exemple en fut le désormais fameux Maro Itoje.

L’homme

Billy Vunipola : Le numéro 8 des Saracens fut la vraie locomotive de ce Grand Chelem. Quelle force de pénétration, quelle capacité à faire avancer son équipe. Il est parti pour une carrière monumentale.

Pays de Galles

Chapeau !

Les Gallois sont toujours LE bastion du rugby européen. Maintenir un tel niveau de performance avec peu de population, un nombre de pratiquants pas si énorme et surtout, sans clubs très puissants pour porter leur élite, sincèrement, il faut le faire. Warren Gatland et la WRU font un travail de fond très efficace par-delà les problèmes quotidiens. Les Gallois n’ont perdu qu’un match, à Twickenham après avoir dominé le dernier quart d’heure au point de donner des frissons aux supporteurs anglais qui ont cru revivre la mésaventure de la Coupe du Monde. Cette équipe semble disposer de ressources offensives inépuisables autour des cadres à la Jamie Roberts, et à la Alun Wyn Jones. Derrière chaque sénateur semble se cacher un espoir qui vient le titiller. La façon dont les Gallois ont dominé la France sans briller énormément et sans être vraiment menacés montre en soi la vitalité de ce rugby celte qui a mis l’accent sur l a formation et la préservation de son élite.

L’homme

Dan Biggar : La saison 2015-2016 restera comme une période enchantée pour l’ouvreur des Ospreys. Buteur, régulateur, spécialiste du jeu en l’air, il a acquis une maîtrise du poste pas si loin de celle d’un Dan Carter.

Irlande

Mi-figue mi raisin

Double vainqueurs sortants, les Irlandais savaient qu’ils n’auraient pas la même réussite qu’en 2014 et 2015, avec, en plus la retraite de Paul O’Connell. Ils ont démarré par trois matches sans victoire (un nul et deux défaites) mais ils étaient handicapés par un wagon de blessés. Joe Schmidt a pris les choses avec philosophie en faisant contre mauvaise fortune bon cœur et en testant de nouveaux talents qui décidément, ne manque pas dans l’Ile. Les verts ont fini par deux bons matches à domcile contre l’Italie et l’Ecosse. Il est difficile de parler de déclin à leur sujet. Malgré ce bilan couci couça, les Irlandais ont donné une image de rigueur et de maîtrise tactique assez impressionnante, à l’inverse des vieux clichés du fighting spirit ou de la flamboyance à la O’Driscoll.

L’homme

CJ Stander : Le troisième ligne du Munster fait partie de la légion de naturalisés qui envahit les équipes européennes. Il a démarré les cinq rencontres et a marqué son territoire dans le rôle flanker côté fermé, fort dans le combat et implacable dans les plaquages.

Écosse

Une éclaircie ?

Les Écossais de Vern Cotter ne pouvaient que faire mieux que la campagne 2015 puisqu’ils sortaient d’une cuiller de bois. Mission accomplie pour les Écossais qui ont gagné deux matches, en Italie et à domicile contre la France, ce qu’elle n’avait plus réussi depuis une décennie. Cette équipe est capable de créer du jeu offensif, elle dispose de quelques talents supérieurs (Hogg, Gray, Bennett, Nel, Laidlaw), elle tient désormais la route en mêlée. Hélas, elle manque encore de puissance et d’un ouvreur capable de bien gérer le jeu. Les Écossais assurent souvent le spectacle, mais ils demeurent à distance respectable du vrai haut niveau mondial même si l’on n’oublie pas leur bonne campagne en Coupe du Monde. Incontestablement, le format de la Ligue Celte et la concentration de leur élite

L’homme

WP Nel : Ce pilier sud-africain est sélectionnable via la règle des trois ans de résidence. WP Nel a apporté quelque chose à sa patrie d’adoption. Il a stabilisé la mêlée, ce qui veut dire beaucoup pour une sélection habituée aux reculades. WP n’est pas un énorme joueur de ballon, mais son influence est décisive.

France

L’étincelle, quelle étincelle ?

Avec l’arrivée du légendaire Guy Novès, on croyait au miracle. Il n’a pas eu lieu. La France a vécu un Tournoi à la Saint-André ce qui relativise le bilan de l’ancien sélectionneur, si critiqué depuis un an. Les Bleus ont commencé par deux victoires de peu (contre l’Italie et l’Irlande, le vainqueur sortant), ils ont ensuite vécu trois défaites sans appel, dont celle d’Édimbourg, une première depuis dix ans. Si l’on compare le bilan 2016 avec 2012, le premier de Saint-André, la comparaisons n’est guère encourageante. On ne voit pas où sont les progrès. Les Bleus sont cinquièmes, ils ont perdu trois fois, ils n’ont marqué que sept essais contre huit à l’Italie. Leur goal-average est négatif. Dans tous ces domaines, « PSA » avait fait mieux. La France semble donc engluée dans ses problématiques : une hypertrophie du championnat qui nuit à la sélection, mais aussi un manque de talent assez inédit et un primat de la puissance physique sur la créativité. On attendait un sursaut magnifique pour le dernier match contre l’Angleterre. Les Bleus n’ont pu que limiter les dégâts, un rien résignés.

L’homme

Maxime Machenaud : Il n’était pas titulaire pour le premier match, au profit de Sébastien Bézy. Maxime Machenaud est à créditer d’une bonne campagne au poste de demi de mêlée. L’homme a de la personnalité, de la créativité et de l’autorité. Il est en plus un buteur très fiable. Après avoir manqué la Coupe du Monde, il démontre qu’il est devenu une référence à ce poste.

Italie

Encore un désastre

Encore une cuiller de bois et celle-ci ressemble vraiment à une louche. Les Italiens avaient pourtant bien commencé en frôlant le succès en France (22-21). Ensuite, ce fut la catastrophe : quatre défaites à plus de trente points, dont deux à domicile contre l’Angleterre et l’Ecosse et pour finir deux véritables humiliations à Dublin et à Cardiff (58 et 67 points). Les Italiens ont encaissé 224 points pour un goal-average négatif de 145 points. Pour sa dernière saison, Jacques Brunel méritait vraiment autre chose que ce chemin de croix. Difficile d’ailleurs d’incriminer le sélectionneur français, tant le potentiel de cette équipe est pauvre. Les transalpins n’ont même plus une grosse mêlée pour sauver les apparences. Symptôme horrible : il n’y a jamais eu autant de références à une éventuelle relégation des Italiens au profit de Géorgie.

L’homme

Sergio Parisse encore et toujours. À la limite, c’est une mauvaise nouvelle pour l’Italie que de toujours se reposer sur un seul talent, fut il exceptionnel. Que deviendra cette équipe s’il devait prendre sa retraite (il a trente-deux ans) ou se blesser longuement.

Le classement général du Tournoi :

1. Angleterre, vainqueur avec 10 points et un +62

2. Pays de Galles, 7 points

3. Irlande, tenante du titre, 5 points

4. Ecosse, 4 points

5. France, 4 points avec -27

6. Italie, décroche sa sixième cuillère en bois en 17 participations

Meilleur marqueur du tournoi:

George North avec 4 essais

Meilleur réalisateur:

Owen Farrell avec 69 points dont 1 essais, 8 transformations, 16 pénalités

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