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Pro D2 - Reportage. À Mont-de-Marsan, le bel adieu à l'artiste André Boniface

Par Pierre Baylet
  • Jean-Robert Cazeaux, le président du Stade montois, a dit quelques mots avant la rencontre ce vendredi soir en hommage à André Boniface.
    Jean-Robert Cazeaux, le président du Stade montois, a dit quelques mots avant la rencontre ce vendredi soir en hommage à André Boniface. Icon Sport
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C’est avec un profond respect et beaucoup d’émotion que le Stade Montois et son public ont rendu hommage à André Boniface, à l’occasion de la rencontre face à Biarritz.

Tout au long de cette soirée, l’ombre tutélaire d’André Boniface a plané sur le stade qui porte son nom et celui de son frère. Il ne pouvait pas en être autrement. Mont-de-Marsan et le rugby montois sont en deuil depuis que, lundi dernier, est tombée la nouvelle de la disparition de l’icône de la ville. Et la vibrante minute d’applaudissements des 8 000 spectateurs présents pour assister à cette rencontre a démontré l’affection et le respect que le monde du rugby portait à André Boniface. C’est que chaque amoureux de rugby dans la préfecture des Landes, chaque joueur anonyme ou célèbre ayant porté le maillot jaune et noir a un lien affectif avec les "Boni" et leur histoire.

La disparition tragique de Guy, le 1er janvier 1968, avait plongé la ville dans la stupeur et sonna comme la fin de la période la plus faste du club jaune et noir. De cette perte, André ne se remit jamais vraiment. Toujours, quand il parlait de rugby, il convoquait la mémoire de son frère chéri. D’ailleurs, il lui fallut deux ans, à l’époque, pour revenir à ce jeu qu’il aimait tant mais qui n’avait plus la même saveur, sans son alter ego à ses côtés. Son retour s’effectua un dimanche de 1970, face à Mauléon, au poste de numéro 10, pour conduire une jeune ligne d’attaque pleine de talents mais qui avait besoin d’un guide. Ce jour-là, la sarabande fut grandiose, comme si la simple présence du maître avait libéré toutes les énergies et transcendé les minots de l’époque.

L’école montoise

André, lui, a marqué les générations successives du club, imprimant dans les esprits de tous ceux qui lui ont succédé sous ce maillot, une certaine idée de ce jeu, une volonté de perpétuer cette philosophie de l’offensive, du beau geste et de la prise de risque.

René Bouscatel, le président de la Ligue nationale de rugby, venu en ami, ne disait pas autre chose quelques minutes avant le coup d’envoi dans son discours d’hommage : "quelques joueurs ont marqué l’histoire du rugby. André, lui, est entré dans la légende. Le Stade montois n’est pas seulement une belle équipe, ce n’est pas seulement un grand club, c’est avant tout une école et peu de clubs ont fait école pour le jeu que nous aimons. André est celui qui m’a fait aimer le jeu de rugby. Pour lui, le rugby était bien sûr un sport, mais c’était avant tout un jeu qu’il a joué avec élégance et talent."

Cette élégance qui caractérisait tant André Boniface, les joueurs montois ont voulu y faire référence en arborant un maillot d’échauffement noir, floqué du numéro 12, sur lequel était inscrite la phrase suivante : "l’esthétique ne nuit pas à l’efficacité." Principe édicté par le maître à des élèves attentifs, qui ont tous essayé de s’en inspirer.

Aujourd’hui encore, dans ce monde professionnel sans pitié qui demande des résultats pour assurer la pérennité de clubs devenus des entreprises, les hommes à la tête du Stade montois ne perdent pas de vue cet héritage. Ainsi, Stéphane Prosper, entraîneur des Jaune et Noir, assure : "André est l’instigateur de ce jeu de passes, de ce jeu offensif qu’il a inculqué et transmis à toutes les générations du club. Il nous a nourris, tout au long de notre vie de joueurs et d’entraîneurs. Au gré des appels téléphoniques, il félicitait souvent, mais n’oubliait jamais de parler d’un surnombre mal joué ou de l’utilisation abusive du jeu de dépossession. C’est un personnage au charisme immense, avec un gros caractère, qui a toujours défendu avec beaucoup de conviction une certaine idée du jeu."

Cet héritage, il appartient désormais aux nouvelles générations de le perpétuer. Nicolas Darquier, Montois pure souche qui honorait vendredi sa première titularisation au poste de demi de mêlée, s’inscrit dans cette filiation. Débuter sa carrière professionnelle le jour où le Stade montois rend hommage à son idole, voilà de quoi mettre le pied à l’étrier.

Les obsèques auront lieu ce lundi 15 avril (15h30) en l’églisse Saint-Pierre de Montfort-en-Chalosse.

Pour les plus anciens, ses proches et tous ceux qui veulent lui rendre un dernier hommage, il s’agit désormais de prendre la route de Montfort-en-Chalosse pour accompagner, avec le monde du rugby, André Boniface vers sa dernière demeure. Guy l’y attend.

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