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Champions Cup - Leinster - La Rochelle : un cinquième duel aux airs d'Apocalypse Now

  • Le capitaine Alldritt mènera ses coéquipiers dans une mission impossible sauf peut-être pour les Rochelais.
    Le capitaine Alldritt mènera ses coéquipiers dans une mission impossible sauf peut-être pour les Rochelais. Sportsfile / Icon Sport
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Samedi après-midi, dans un Aviva Stadium ras-la-gueule, le choc entre le champion en titre et son dauphin promet d’accoucher d’un monstre de match. Le kif, quoi…

On aime déjà ce match. On aime ce match parce qu’il ne galvaude pas, lui, le terme de Clasico : pour la quatrième fois de leur histoire, le Leinster et le Stade rochelais se boxeront donc en phase finale de Champions Cup et qu’on le veuille ou non, le survivant de ce combat entre King Kong et Godzilla aura alors de fortes chances de brandir à Tottenham la coupe aux grandes oreilles, le 25 mai prochain. D’un côté du ring, il y a donc les Blues, cette bizarrerie propre au rugby et voulant que la meilleure sélection de la planète (l’Irlande) participe aussi à une compétition de clubs, le Leinster regroupant 85 % de l’actuelle équipe d’Andy Farrell. De l’autre, il y a le kraken rochelais, double champion en titre monté sur une tonne de barbaque à l’avant et, en sa poupe, quelques cracks du rugby contemporain ; il y a cette équipe insondable depuis le début de saison, soufflant le chaud dans les matchs de gala et le froid dès lors qu’elle estime l’adversaire inapte à satisfaire son appétit d’ogre, ou alors à la regarder dans les yeux ; une armada d’internationaux à propos de laquelle le coach des Stormers John Dobson disait la semaine dernière qu’elle ferait probablement partie du top 10 mondial, si elle était un jour invitée à la table du rugby d’en haut. Top 10, dear John ? On aurait plus volontiers dit "top 5", tant il n’est pas acquis qu’un La Rochelle – Ecosse tourne aujourd’hui à l’avantage du XV du Chardon…

Je préfère encore perdre contre l’Angleterre que contre le Leinster

C’est que Ronan O’Gara se bat férocement, depuis deux ans, pour faire entrer dans l’inconscient collectif l’idée selon laquelle son Stade rochelais est le seul et unique épouvantail de la Champions Cup. L’an passé, alors qu’on lui demandait comment arrêter le Leinster, le manager irlandais avait par exemple rétorqué aux médias, un poil vexé : "La vraie question, c’est comment nous arrêter, nous !" Au vrai, ROG ne supporte pas l’idée que son équipe, après avoir conquis la coupe à deux reprises, manque encore de légitimité aux yeux du grand public ; il ne supporte pas qu’au seul prétexte que le Leinster jouera samedi devant les 50 000 soiffards de l’Aviva, son squad, une ceinture toujours accrochée à la taille, ne soit pas considéré comme le grand favori de cette affiche. Ici, on jurerait même que le patron sportif rochelais, fière icône du Munster, a ces derniers mois élevé ses champions dans la noble détestation qu’il voue depuis toujours aux Blues de la capitale, une aversion que Simon Zebo, un autre enfant de Cork, nous avait naguère ainsi dépeinte : "Je hais le Leinster. J’ai été élevé comme ça. Je préfère encore perdre contre l’Angleterre que contre le Leinster. Mon plus beau souvenir contre les Blues ? Le jour où on les a écrasés à Dublin dans le vieux Lansdwone (30-6), en demi-finale de H Cup. Ronan O’Gara avait tué le match à trois minutes de la fin avant d’escalader les barrières pour sauter dans la foule. C’était l’extase…"

Cette semaine, c’est donc chez lui, à Cork, les pieds dans la tourbe et en biberonnant ses gaziers aux incantations du Fields of Athenry (le chant historiquement associé aux campagnes du Munster en Coupe d’Europe fut cette semaine maintes fois diffusé dans le bus des Rochelais), que ROG a convié sa troupe pour un stage commando au fil duquel il a quotidiennement nourri une rivalité dublino-rochelaise n’ayant pourtant le moindre fondement historique, immémorial ou héréditaire. À ce titre, convenez avec nous que l’ancien ouvreur des Reds, à qui le Leinster rend largement son animosité, est déjà parvenu à transmettre à ses joueurs cette drôle d’antipathie envers les Blues. On en veut pour preuve ce jour du printemps 2023 où Gregory Alldritt, le capitaine rochelais, s’était ému face à la presse du fait que le skipper adverse (James Ryan) ne l’ait "pas regardé dans les yeux" au moment du toss, quand les images de la poignée de mains en question sont plus équivoques que ce dont le numéro 8 international s’est persuadé par la suite. Mais ce qui est créé par l’esprit est parfois plus vivant que la matière elle-même, n’est-ce pas…

Le culte de la force rochelais

Alors ? D’un côté, on serait aujourd’hui enclin à rejoindre O’Gara sur le fait que le Leinster n’a aucune raison valable d’être annoncé favori de l’évènement qui se dessine : de facto, les Blues n’ont plus rien gagné depuis trois ans (leur dernier titre était survenu en 2021 dans feu la ligue celte) et n’ont surtout plus remporté la Champions Cup depuis 2018. Ici, il est également acquis que la franchise de Dublin n’a pas fait le deuil de Johnny Sexton et qu’à ce titre, on est aujourd’hui nombreux à pleurer le sort de son remplaçant Ross Byrne, un homme qui, à force d’attendre que le bon Johnny prenne sa retraite, a aujourd’hui 30 ans.

D’un autre, on se dit pourtant qu’il se dégage du Leinster une délirante impression de maîtrise collective, une fluidité dans ses mouvements dont est depuis le début de saison dépourvu le Stade rochelais, défait dix fois en vingt matchs de Top 14. Et si les champions en titre ont bel et bien renversé les Stormers samedi dernier, ils sont les premiers à reconnaître qu’ils sont loin d’avoir ce jour-là réalisé le match de leur vie, se réfugiant après un premier acte erratique derrière le culte de la force qui les fit rois. Franchement ? Cette inclinaison naturelle à la domination physique sera, cette fois encore, le meilleur moyen de renverser les vingt et quelques capés du Leinster. Voire une façon comme une autre de rappeler que si la belle Rochelle était une sélection, l’Irlande tiendrait enfin sa bête noire, sur la scène internationale…

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Les commentaires (3)
legende17 Il y a 17 jours Le 12/04/2024 à 17:25

Si croiser Leinster donne la chance de pouvoir continuer alors tant mieux

amicalementvotre Il y a 17 jours Le 12/04/2024 à 14:30

Bel article qui m'a fait marrer...

jaimepaslesendives Il y a 17 jours Le 12/04/2024 à 18:06

Idem, la mémoire de Zebo m'a bien fait sourire !
Finalement une querelle de clochers avec une dimension Européenne.
On adore tous ça !!!
Allez les jaunes et Noirs