Top 14 - Castres va devoir soigner sa touche face à Toulon

Les Anglais se plaisent à répéter leur fameux "No scrum, no win." Qui comporte une vraie part de vérité, il faut le reconnaître. Sauf qu’ils auraient très bien pu inventer l’équivalent pour la touche ("No line-out, no win"), tant cette phase de jeu représente une grande part des possessions totales d’une équipe. Dimanche soir, dans leur stade de Pierre-Fabre, les Castrais vont recevoir le RC Toulonnais qui, au-delà de représenter une réelle menace de par son statut de concurrent direct à la qualification (les Toulonnais sont actuellement cinquièmes, avec 37 points et devancent les Tarnais de deux unités qui pointent à la septième place), possède dans son jeu un atout redoutable, qui s’appelle Esteban Abadie.

L’ex-Briviste, champion toutes catégories de l’adaptation à un nouveau club, règne en patron dans l’alignement toulonnais comme il le faisait déjà en Corrèze. Un paramètre que les Castrais devront forcément prendre en compte puisqu’Abadie, convoqué à chaque rassemblement du XV de France pour les deux premiers matchs du Tournoi, sera titulaire pour ce choc de qualifiables potentiels. Idem pour son coéquipier Matthias Halagahu (sur le banc), le double-mètre varois qui représente lui aussi une menace dans les airs.

Or, s’ils veulent fournir suffisamment de munitions à leur ligne de trois-quarts qui s’est retrouvée à Pau (victoire 44-33 où les Santiago Arata, Adrea Cocagi, Vilimoni Botitu et Pierre Popelin ont réalisé un festival), les Castrais vont devoir résoudre l’équation posée par la seule présence d’Esteban Abadie. Un secteur qui pourrait faire la différence, car si les deux formations ont, pour l’heure, des scores sensiblement similaires en touche (82 % de réussite pour Castres contre 81 % côté RCT), le RCT a l’avantage en mêlée fermée (86 % contre 76 %).

Caballero : "Abadie ? Il est plutôt pénible à jouer oui !"

Le problème ? C’est que les avants castrais sensibles au secteur de la touche gardent de mauvais souvenirs de leur dernière confrontation avec les Toulonnais à Mayol (défaite 41-19, huitième journée) : "Cela s’était très, très, mal passé en touche. On était complètement passé à côté dans ce secteur", se souvenait Jeremy Davidson. Yannick Caballero, en charge de ce secteur, s’en souvient très bien : "Cette première mi-temps reste le point le plus négatif de notre saison en touche. À chaque lancer il y avait quelque chose : un sauteur maladroit, un lifteur qui s’oublie, un lancer pas droit…"

Heureusement pour eux, les Tarnais avaient redressé la barre en deuxième mi-temps. Notamment en réduisant leur alignement ce qui, comme tout le monde le sait, rend la tâche plus délicate à l’alignement adverse qui doit couvrir une zone aussi longue avec moins de joueurs.

Bien évidemment, Esteban Abadie était titulaire ce jour-là : "C’est un super joueur, je l’ai bien connu à Brive", embraye Davidson. "Lui, il est plutôt pénible à jouer en touche, c’est vrai !", s’exclame Yannick Caballero, qui représentait la même menace qu’Abadie à l’époque où il portait le maillot castrais. "Est-ce que les joueurs étaient psychologiquement atteints par sa présence ? Toujours est-il que nous avions fini par trouver des solutions. Et puis il ne peut pas tout défendre, c’est à nous de trouver des parades." Mais sans renier l’évident talent de l’ancien Briviste, Caballero a également tenu à souligner le bon travail de ses coéquipiers : "Les mecs qui sont autour de lui comptent aussi beaucoup dans son efficacité. Il se déplace beaucoup dans l’alignement donc ils sont très réactifs."

Partie de poker menteur

Quoi qu’il en soit, le technicien s’attend à partie assez disputée dans les airs : "La touche est un secteur tellement compliqué… Certains ne le voient pas, mais il y a tellement de choses qui rentrent en compte pour obtenir le gain du ballon. Et quand tu défends, tu tentes parfois des coups de poker : tu te places à un endroit, tu bouges, tu ne bouges pas… On peut vite se faire des nœuds au cerveau ! Mais encore une fois, des parades existent. Et un joueur ne peut pas défendre partout."

Pour affronter le RCT, les Castrais pourront compter sur les services de leur talonneur tricolore Gaëtan Barlot, plus expérimenté que le jeune Loris Zarantonello qui avait été titulaire à Mayol lors du match aller. Et on imagine que toute la semaine, les deux hommes auront fait chauffer les ordinateurs du Lévézou en décortiquant avec soin la touche varoise…