"L'année passée je jouais à Padoue, là je rentre au stade olympique devant 60 000 personnes" : la belle histoire de Mirco Spagnolo

  • Mirco Spagnolo, jeune pilier gauche de l'Italie. Mirco Spagnolo, jeune pilier gauche de l'Italie.
    Mirco Spagnolo, jeune pilier gauche de l'Italie. FIR
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Mirco Spagnolo, pilier de 23 ans qui jouait encore dans le championnat domestique italien la saison passée, est entré en jeu face à Dan Cole ce samedi, pour ce qui était sa première sélection. Et autant dire qu'il ne manque pas d'anecdotes à raconter.

C'est peu dire que son ascension a été étonnante. Mirco Spagnolo est entré en jeu, ce samedi à Rome contre l'Angleterre (24-27). Face à ce pilier gauche jouant son premier match international, Dan Cole, 36 ans et plus de 100 sélections au compteur. "Andrea (Moretti, entraîneur de la mêlée italienne, N.D.L.R.), m'a dit dans la semaine : "Tu sais qui tu as face à toi sur le banc ? Tu vas avoir du boulot car il a beaucoup d'expérience. Il va falloir être compact et donner beaucoup de pression."" Sa première mêlée est un succès, avec une pénalité obtenue. "C'est particulier car l'Angleterre travaille très bien le secteur de la mêlée. Mais même sur la deuxième, puis la troisième, la pression collective était forte donc c'était facile d'attaquer et les mettre en difficulté", explique-t-il modestement. Et son vis-à-vis de se blesser... "C'est comme ça", balaye le pilier de 23 ans avec le sourire.

C'est sa façon de faire : il affiche un état d'esprit rafraîchissant, n'élude aucun sujet et réagit toujours avec bonne humeur. "C'était la première fois que j'entrais dans une rencontre internationale, d'autant plus avec ce niveau... On pouvait ressentir la pression de toute part, avec des collisions très dures et tous les secteurs à une autre dimension."

Par rapport à mes 14 ans, aujourd'hui je suis maigre !

Il a beau être des rassemblements du groupe Italie régulièrement depuis un an, mais comment a-t-il géré toute cette pression, justement ? "Je pensais juste au fait de bien faire. Je suis quand même rentré à un moment où on était à -10 au score. On devait faire les choses propres, moi y compris. Faire mon job et ne pas penser à autre chose, comme je fais pour n'importe quel match." Malgré tout, il concède un sacré écart de niveau : "J'ai senti la différence, et pourtant j'ai joué peu : une dizaine de minutes. C'est tout autre chose." Surtout, c'est le point d'orgue (pour l'heure, souhaitons-lui) d'une jeune carrière qui l'a amené à ce niveau international plutôt tardivement. Bien qu'international U20 en 2021 (il avait disputé le Tournoi en intégralité), il ne réapparaît plus dans le giron de la sélection, sans doute victime de la faible médiatisation et du niveau du championnat italien.

Mirco Spagnolo marque un essai lors du Tournoi U20 en 2021.
Mirco Spagnolo marque un essai lors du Tournoi U20 en 2021. PA Images / Icon Sport

"Après le match, c'était beaucoup d'émotion. Décidément, cette saison, chaque partie est la plus dure de ma carrière... L'année passée je jouais à Padoue (Petrarca), j'ai perdu une finale il y a six mois contre Rovigo. Et là, je joue à l'Olimpico devant plus de 60000 personnes, c'est un sacré saut !"

Mon entraîneur dit que j'ai eu de la chance en mêlée jusque-là

Et la personne qui l'a poussé dans le grand bain à l'époque, c'est sa sœur, joueuse de Castelfranco (dans la région très rugbystique de Vénétie). "Elle m'a dit de venir parce qu'à l'époque, quand j'avais 14 ans, je n'étais pas pareil. Disons qu'en comparaison, aujourd'hui je suis maigre !, lance-t-il, 117kg sur la balance. J'étais plus gras, plus gros." Et ce pur produit de la formation italienne de gravir les échelons, jusqu'à être recruté par le Benetton Trévise l'été dernier. "J'apprécie le duel et les rucks. À Padoue, je faisais la différence mais à Trévise, je commence à peine à récupérer quelques ballons, reconnaît-il. Il y a besoin d'expérience et d'intelligence plus que tout pour savoir quand il faut y aller."

L'un de ses modèles se nomme Ethan de Groot "qui fait de belles choses" : "Ce n'est pas qu'il m'inspire, mais quand je regarde la Nouvelle-Zélande, je regarde toujours ce qu'il fait, où il est, etc..." Cliché du "mammone", jeune adulte italien vivant toujours chez ses parents ("on y est bien", rigole-t-il, tout en promettant de trouver un appartement la saison prochaine) il expose sa situation en mêlée non sans plaisanter : "J'ai compris comment ça marchait mais Fabio Ongaro (entraîneur de la mêlée de Benetton) me dit que j'ai eu de la chance en mêlée ! Cela fait six mois qu'il me rappelle ces choses à progresser, mais que je ne fais jamais : la jambe gauche n'est pas inclinée au bon angle, le pied gauche est posé trop à l'écart et le postérieur est un peu trop bas, pas assez attaché au talonneur."

Ce qu'il ambitionne à ce jour, c'est de "jouer le plus possible" : "J'ai joué un quart d'heure, l'idée est de jouer plus, c'est logique. Je me contente malgré tout de ces quinze minutes. Ne pas les avoir et les avoir, ça change tout." De l'expérience, il en retrouvera face à Tadhg Furlong (73 sélections, 7 avec les Lions) et Finlay Bealham (39) ce dimanche. Mais cela va-t-il l'effrayer pour autant ?

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