XV de France - Une perte estimée à près de 6 millions d'euros pour la FFR
Si au fil du Tournoi, les trois matchs du XV de France sur son territoire se disputeront à guichets fermés, les recettes engendrées ne permettront pas à la FFR de combler son déficit. Claude Hélias, le trésorier de l’instance, nous explique pourquoi.
On a largement évoqué, en ces colonnes, l’incroyable engouement qu’avait provoqué chez le grand public le retour du XV de France à la compétition, 400 000 demandes de billets (pour 175 000 tickets disponibles) ayant été recensées par la FFR pour les trois matchs à domicile des Bleus (Marseille, Lille et Lyon) dans le Tournoi des 6 Nations.
Malgré tout, l’emballement provoqué par l’équipe de Fabien Galthié ne suffira pas à combler le déficit que connaît actuellement l’instance mère du rugby français. Claude Hélias, le trésorier de la FFR, explique en préambule : "Le fait que nous ne puissions disposer du Stade de France (il est réquisitionné en vue des jeux Olympiques, N.D.L.R.) nous fera perdre deux millions d’euros par match, soit entre cinq et six millions sur l’intégralité de la compétition. Il y a, dans les autres stades, moins de tickets disponibles, la tarification y est plus faible et les hospitalités (les loges) moins nombreuses. La précédente gouvernance ayant par ailleurs renoncé à toute indemnisation (de la part du Stade de France) lors du renouvellement du contrat avec le concessionnaire de l’enceinte, on se retrouve aujourd’hui en difficulté."
Combien demandera le futur bailleur ?
Au sujet du "SDF", on connaîtra fin 2024 le nom du futur propriétaire de l’enceinte dionysienne (trois candidats, dont le propriétaire du Lou et patron de GL Events Olivier Ginon, sont en lice), lequel aura pour locataires prioritaires la Fédération française de Football et celle de rugby. S’il avait un temps été question que les deux entités ne s’allient afin de racheter le SDF, il n’en sera finalement donc rien. Hélias poursuit : "Ni la FFF ni la FFR n’avaient la surface financière pour se positionner. Les banques sont prêtes à nous suivre sur des projets tels que celui de Montbrand (un centre estimé à 33 millions d’euros et visant à développer le rugby en Seine-Saint-Denis) mais ne seraient pas favorables à nous financer à hauteur de 100 millions d’euros ou davantage". De toute évidence, la FFR sera donc ces vingt prochaines années "simple" locataire du Stade de France, pour un montant sensiblement équivalent à 1 million d’euros par match (on parle du double pour le football) si la tarification ne change pas d’un propriétaire à l’autre, bien évidemment.
Afin de combler le trou actuel, des pistes existent néanmoins. Hélias enchaîne : "Pour l’instant, l’investissement de CVC (le fonds d’investissement basé au Luxembourg et étant désormais actionnaire de la société commerciale des 6 Nations) dans le Tournoi permet en partie de combler ce déficit d’exploitation colossal mais qu’adviendra-t-il dans deux ans, au terme du contrat entre CVC et le 6 Nations ? L’impasse financière arrivera pour nous à ce moment-là. Nous tentons donc de faire des économies partout, dans les frais de déplacement, les hébergements… On va aussi réduire la voilure en termes d’embauche et tenter d’aller chercher du mécénat."
La "fédé" réduit la voilure
Ici, il faut enfin comprendre que la récente Coupe du monde, loin d’avoir rempli les caisses, les a un peu plus siphonnées. Claude Hélias conclut ainsi : "Pour la FFR, associé majoritaire du Groupement d’Intérêt Économique gérant les hospitalités, ce fut catastrophique. On parle sur l’épreuve d’un déficit compris entre 13 et 24 millions d’euros, la moitié de cette somme étant amortie par la fédération. […] Les organisateurs de la Coupe du monde, en achetant les droits des hospitalités de la compétition à World Rugby pour le prix délirant de 82 millions d’euros, ne se sont pas rendus compte de ce qu’ils faisaient. À ce prix-là, il était impossible de rentabiliser l’opération et à titre comparatif, l’Irlande et l’Afrique du Sud (les concurrents au dossier français pour l’organisation du Mondial 2023) avaient de leurs côtés proposé 25 et 30 millions d’euros. […] En fait, World Rugby a touché le jackpot avec la Coupe du monde, les collectivités locales ont gagné de l’argent mais dans cette affaire, la FFR est la grande perdante."
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