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Top 14 - La chronique de Xavier Garbajosa : "Paris est un paradoxe"

Par Midi Olympique
  • Giovanni Habel-Küffner et ses coéquipiers face à la mêlée rochelaise, ce samedi. Photo Icon Sport
    Giovanni Habel-Küffner et ses coéquipiers face à la mêlée rochelaise, ce samedi. Photo Icon Sport
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Cette semaine, l’œil avisé de notre consultant Xavier Garbajosa s’est arrêté sur le Stade français. Meilleure conquête du Top 14 la saison dernière, le club de la capitale n’apparaît plus aussi souverain en ce début de saison. "Garba" apporte ici un éclairage singulier, tiré de sa propre expérience.

Paris est un paradoxe. L’an passé, la mêlée du Stade français était une arme de destruction massive. Sa touche et ses ballons portés aussi. Aujourd’hui, ces secteurs de jeu restent des points forts du club de la capitale. Il n’empêche… Contre Leicester, les Parisiens sont tombés sur un os. Ils se sont heurtés à une équipe anglaise façonnée par Steve Borthwick, un adepte du jeu minimaliste mais d’une redoutable efficacité. Samedi contre La Rochelle, les Stadistes ont montré un double visage. À tout dire, la mêlée parisienne n’a pas été dominée, elle a été moins dominante. Nuance. Certes, elle a été sanctionnée en première période. Deux pénalités et un coup franc, c’est beaucoup pour la meilleure conquête de la saison dernière. Sans doute a-t-on été mal habitués par cette équipe, mais les joueurs se sont bien repris en deuxième période. Vraiment. Ils ont d’ailleurs réussi à s’imposer dans cette rencontre grâce à cette force de la mêlée. C’est cette phase de jeu qui leur a redonné de l’oxygène en fin de match, quand la tension fut à son sommet. Cette capacité de résilience au cours d’un match montre combien cette équipe a un fort ADN pour ce jeu-là. C’est aussi, je le répète, un vrai paradoxe.

Le changement de staff n’est pas étranger à ce constat

Ici, nulle volonté de jeter l’opprobre sur qui que ce soit. Juste le souhait de partager une expérience. Parce que le plus surprenant, c’est la difficulté stadiste sur les ballons portés alors que c’est sur cette phase de jeu qu’ils ont inscrit la majeure partie de leurs essais l’an passé. Ils ont même encaissé un essai sur "maul" par Tolu Latu, samedi en fin de partie, ce qui avait déjà été le cas une semaine plus tôt contre Leicester. À deux reprises. Pourtant, à quelques ajustements près, les hommes sont les mêmes. Pour moi, le changement de staff n’est pas étranger à ce constat. Quand des joueurs travaillent durant de nombreuses années avec un entraîneur, ils connaissent les attendus, le discours et la direction dans laquelle ils doivent aller. Un climat de confiance est alors en place. L’arrivée d’un nouveau staff bouleverse forcément les habitudes de travail. Le discours de Karim Ghezal est inévitablement différent de celui de Laurent Sempéré. Les annonces en touche ont probablement été modifiées, les mouvements dans l’alignement aussi. La perception des espaces diffère selon les techniciens, c’est ce qui fait la richesse des hommes. Les joueurs doivent se réadapter et accepter de sortir de leur zone de confort. Imaginez un golfeur qui joue depuis dix ans avec le même geste, le même rituel, la même routine, mais qui ne gagne pas un tournoi… Pour franchir un cap, s’il doit reprendre son swing, il va repartir de zéro. Ça demande du temps, une remise en question et l’acceptation d’une éventuelle mise en danger. Mettez-vous à la place des joueurs parisiens : pourquoi changer un acquis qui a fait de ta mêlée l’une des meilleures de France ? Quel est l’intérêt ? Je les comprends. Mais je suis aussi de ceux qui pensent qu’on peut toujours aller plus haut, être plus performant. C’est sans doute la volonté de Karim Ghezal.

C’est ainsi, le moindre changement crée de la perturbation et de l’incompréhension. C’est vrai dans la vie de tous les jours comme ça l’est au rugby. Je suis bien placé pour le savoir, je l’ai appris à mes dépens. Par le passé, j’ai voulu passer en force en arrivant dans un club. Alors certes, les résultats ont suivi. Mais le prix à payer fut lourd. Très lourd. Rien n’est simple pour un nouvel entraîneur. Si le changement porte ses fruits immédiatement, les joueurs adhèrent. Dans le cas contraire, le doute s’installe, les interrogations s’accumulent. Sauf que ces mêmes joueurs doivent comprendre que l’objectif est de devenir encore plus fort. Un entraîneur ne change pas juste pour changer. Il veut le meilleur pour ses joueurs, pour son équipe. Mais l’équilibre est fragile, précaire, incertain. J’en suis un témoin privilégié : c’est à l’entraîneur de trouver un juste milieu, c’est aux joueurs d’accepter la remise en question.

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