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Top 14 - Noah Lolesio (Toulon) : "Je suis très triste de quitter Toulon"

Par Mathias Merlo
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Dans nos colonnes, l’international australien, arrivé en qualité de joker Coupe du monde, a confirmé que la rencontre face à Clermont serait sa dernière sous les couleurs varoises. L’ouvreur a tenu à remercier toutes les parties prenantes de la famille Rouge et Noir pour cette aventure "exceptionnelle".

Vous avez fêté votre première titularisation face au Racing 92. C’était une surprise. Comment avez-vous appris la nouvelle ?

Je l’ai su très tôt, sûrement bien plus tôt que vous (rires). Le dimanche soir, une semaine avant le match, j’étais tranquillement à la maison et j’ai reçu un message de Pierre Mignoni : "Tu joues dimanche, prépare-toi !" J’étais fou de joie, c’était vraiment un moment spécial de mon aventure ici. Puis, avant la rencontre, Pierre m’a juste dit d’être moi-même. C’était assez bref, mais il m’a fait ressentir, par son regard, sa confiance. J’ai pris cela comme un grand privilège de démarrer une rencontre pour une entité aussi prestigieuse que celle de Toulon. J’espère avoir fait honneur à ce blason, et d’avoir représenté au mieux nos supporters.

Vous sortiez d’un revers difficile à Perpignan, les supporters ont mis une certaine pression. Avez-vous ressenti ce sentiment sur vos épaules ?

C’est toujours le cas, mais un peu comme vous quand vous allez écrire un article non ? Vous ressentez de la pression, car vous voulez bien faire votre travail (rires).

Je n’ai pas dans les mains le devenir d’un club qui passionne autant que celui du RCT…

Vous savez, je suis habitué aux attentes liées au poste d’ouvreur. J’aime avoir ce numéro dans le dos, et prendre mes responsabilités. J’ai essayé de la jouer aussi propre que possible en faisant circuler les garçons, et en trouvant les bonnes zones sur le terrain quand il fallait occuper le territoire. J’ai juste joué mon jeu, même si j’aurais voulu un peu plus attaquer la ligne défensive. Je pense avoir rendu une copie propre, elle n’était pas géniale.

Pourtant, vous avez été décisif sur l’essai de Serin, avec qui vous avez noué déjà une belle proximité…

C’est un très bon joueur, et tu te sens forcément bien à côté de lui. Il m’a déchargé du jeu au pied une grande partie du match, et je n’avais plus qu’à mettre mes partenaires sur orbite. La deuxième période a été plus délicate, car j’étais un peu plus fatigué et du coup j’ai perdu en lucidité. J’ai trop voulu forcer la décision, en pensant que tout allait passer facilement.

Mais Baptiste (Serin) est un monstre. Il faut le dire !

Pour l’essai de Serin, comment avez-vous sorti ce coup de votre chapeau ?

C’était juste fou, mec ! En plus, le stade a bondi, whaou ! Selon vous, c’était travaillé à l’entraînement ? (rires)

Vous aimez faire les questions et les réponses ! Sans m’avancer, je ne pense pas…

En fait, au départ, j’ai scanné le fait qu’il n’y avait pas une bonne redistribution défensive dans le champ profond. J’ai vu cet espace à gauche, en coin, puis le rebond n’a, comment dire, pas été trop mauvais (rires). J’ai eu un peu peur que ça sorte en ballon mort. Puis, Max Spring a saisi le ballon, mais j’ai quand même essayé de poursuivre mon effort pour le mettre sous pression. Et quand il glisse, ça laisse forcément un petit sourire. C’est de la réussite.

Quand avez-vous senti qu’il était bon de la jouer rapidement avec Serin ?

J’ai laissé parler mon instinct naturel. Quand il a glissé en dehors du terrain, j’ai voulu saisir le ballon pour marquer mon territoire. J’ai jeté un coup d’œil vers le terrain, couru vers la ligne des 5 mètres, et là j’ai vu Baptise… Il venait de faire un sprint de 50 mètres ! J'ai lancé le ballon en Ave Maria (rires). Ce n’était pas la plus belle passe, et j’ai longtemps cru qu’il n’allait pas pouvoir la saisir. Mais Baptiste est un monstre. Il faut le dire ! Il l’a attrapé et marqué. C’est son essai, moi je n’ai rien fait. C’est lui qui mérite d’être mis en valeur.

Malheureusement, je dois retourner en Australie. C’est le moment de repartir à la maison et de reprendre le cours de ma vie.

Vous avez une petite expérience de l’hémisphère nord, mais une grande du sud. Est-ce que le changement a été brutal ?

(Il réfléchit) C’est une question que je voulais me poser au moment de rentrer à la maison. C’est important de faire le bilan de cette expérience. À l’ouverture, il faut être capable de tout analyser. Le Super Rugby est plus ouvert, les défenses sont moins bien organisées. Ici, ce sont les collisions qui m’ont marqué. Mec, tu ne peux pas imaginer comme ça tape fort ici.

À ce point ?

(Il souffle) Quand j’ai analysé le Racing 92, et quelques autres matchs du Top 14, les paquets d’avants sont monstrueux. On n’a pas l’équivalent en termes de densité physique ! Pour répondre à votre question, je dis la vitesse de jeu pour le Super Rugby, mais l’organisation défensive et l’impact physique pour le Top 14. Dommage que je ne puisse pas vivre la Champions Cup .

Avec la blessure au dos de Dan Biggar, il se murmure que vous pourriez rester quelques semaines de plus à Toulon…

Merci pour la question, parce que j’ai aussi entendu ça. Je me dois d’être honnête avec les supporters. J’ai eu une réunion avec Pierre et Laurent (Emmanuelli, N.D.L.R.). Ils ont émis l’envie de me conserver quelques semaines. On a évoqué un mois. Malheureusement, je dois retourner en Australie. C’est le moment de repartir à la maison et de reprendre le cours de ma vie. Je suis très triste de quitter Toulon. C’est vraiment sincère. Cette expérience m’a changé profondément. Je suis reconnaissant envers le club, le président, tous les salariés, et tous les supporters. Vous m’avez accueilli comme l’un des vôtres, à bras ouverts, dans une période compliquée. Je ne l’oublierai jamais dans le futur. Je suis désolé que cela se finisse, et en plus, je ne suis pas quelqu’un qui aime dire au revoir.

On vous sent un peu ému…

Je le suis. Vous savez, j’ai pris un coup derrière la tête quand je n’ai pas été sélectionné pour la coupe du Monde. J’ai mis plusieurs jours à me remettre du fait que je n'allais pas y aller… Je n’arrivais pas y croire ! Puis, Toulon est venu. Je suis de ceux qui pensent que tout arrive pour une bonne raison. C’était un coup du destin. Alors, j’ai pris cette aventure pour tourner la page, et reprendre du plaisir à jouer au rugby. Toulon a été une thérapie, probablement la meilleure car j’ai découvert un club unique, avec des mecs spéciaux. Je me suis entendu avec tout le monde, même si je n’ai pas eu le temps de bien faire progresser mon français (rire). Je suis venu ici pour progresser en tant que joueur de rugby, mais j’ai grandi d’un point de vue humain. C’est une expérience très enrichissante qui m’a ouvert l’esprit.

J’aimerais beaucoup revenir en France

Comment avez-vous vécu le parcours difficile des Wallabies à la Coupe du monde, et le départ d’Eddie Jones qui s’était passé de vous ?

C’était une frustration de ne pas y être, mais c’était une frustration de les voir en difficulté. Pour Eddie, vous le savez comme moi, il a démissionné… Quand j’ai appris cette nouvelle… C’est encore un sentiment de frustration qui m’a envahi. J’étais en colère contre toute cette situation. Mais tout ça reste en dehors de mon contrôle. Moi, je me préoccupe d’être un meilleur joueur de rugby. Pour l’heure, le rugby australien est dans le flou. On ne sait pas ce qui va se passer. On n’entend pas parler de l’arrivée imminente d’un nouveau sélectionneur, ou même de quoi que ce soit. Voilà, je ne peux vous en dire plus, et vous entendez à quel point ça me frustre. Alors, je tiens à ne pas plus l’évoquer.

Il vous reste un an de contrat avec votre fédération. Comment voyez-vous votre futur ?

Excellente question (rires)…

Noah Lolesio avec l'Australie face à l'Angleterre en 2022.
Noah Lolesio avec l'Australie face à l'Angleterre en 2022.

Je retente ma chance. Est-ce qu’il y a une possibilité de vous revoir rapidement en Europe ?

Comme vous l’avez dit, il me reste une année avec les Brumbies. Cette expérience à Toulon m’a vraiment ouvert sur le monde. Je ne pensais pas dire ça avant de venir ici, mais je suis désormais ouvert à tout. On va déjà voir comment se déroule ma saison avec les Brumbies en Super Rugby. Ensuite, je vais voir si je reste à Canberra, si je reviens en France, ou même si je vais aller ailleurs. Mais, si les planètes sont alignées, j’aimerais beaucoup revenir en France (sourire)…

Il est donc possible de vous revoir vite en Top 14, et même à Toulon…

J’ai vraiment apprécié le temps passé ici. J’insiste ! C'est triste que ça se termine, c’est difficile de me dire que je me suis attaché en cinq mois. Que ce soit dans un an, cinq ans ou dix ans, j’aimerais revivre une expérience comme celle que je viens de passer. C’était une expérience de vie incroyable. J'ai vraiment apprécié le temps que j'ai passé ici. J’ai vécu dans un endroit incroyable, à Carqueiranne. C’était vraiment magnifique, un des endroits les plus beaux de la région. J’ai beaucoup appris sur le terrain notamment grâce à Andrea Masi. Je vois le rugby différemment, et je sais sur quoi je dois insister pour développer mon niveau de jeu. J’ai beaucoup appris, je me suis senti comme à la maison, et j’espère que nous allons finir en beauté samedi soir. Je veux laisser un cadeau avant mon départ. Pour le futur lointain, je vais tout étudier et surtout voir ce qu’il se passe en globalité. Pour l’instant, tout est un peu flou, il faut laisser faire le temps et voir ce qui se passe.

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