Coupe du monde de rugby 2023 - "L’arbitre, c’est l’excuse facile" : la chronique de Richard Dourthe
Aujourd’hui, notre chroniqueur Richard Dourthe, 31 sélections en équipe de France et vice-champion du monde en 1999, décrypte, la gueule en vrac et le cœur lourd, le quart-de-finale entre la France et l’Afrique du Sud…
J’ai touché mes premiers ballons à une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. À l’école de rugby de Dax, les jours où j’avais envie de crier à l’injustice, hurler au complot et renverser la table, on me disait souvent ceci, à propos de l’homme au sifflet : « L’arbitre, c’est l’excuse facile, Richard ! » Alors, quoi ? Vous allez aujourd’hui me faire croire que c’est Ben O’Keefe, le responsable de notre incommensurable gueule de bois ? C’est le directeur de jeu kiwi qui a raté le deux contre un mal négocié par Gaël Fickou ? C’est le même O’Keefe ou bien Matthieu Jalibert qui a dévissé une pénaltouche importante, pour ne pas dire capitale ? C’est cet homme que l’on voudrait à présent écarteler place de Grève qui mit un genou à terre, lorsque Frans Malherbe et son gros séant appuyèrent un peu plus en mêlée fermée ? Foutaises... O’Keefe, il arbitre à la « sudiste », favorise le jeu, laisse faire beaucoup et parfois trop de choses mais de mon point de vue, c’était à nous d’anticiper, à nous de nous adapter à sa manière de diriger un match. Au bout du bout, j’ai pour ma part seulement vu une équipe d’Afrique du Sud supérieure au XV de France dans le money time, le seul moment qui compte vraiment dans un match de phase finale... J’ai juste vu, en somme, une bonne équipe de France dominée par une équipe de champions du monde…
Un quart-de-finale inoubliable pour de mauvaises raisons
J’ai peu dormi, mes amis. Je n’ai même pas dormi, en fait et comme vous, j’ai ce matin la gueule en vrac à l’instant de décrypter un échec qui me vrille les entrailles et que je mettrai probablement plusieurs jours à digérer. D’un autre côté, je me dis aussi qu’il n’y a pas de hasard, dans ce drôle de « chaos » qu’est le rugby international, pour plagier Fabien Galthié. Dans les faits, on a terminé ce match totalement désorganisés, complètement paumés, sans possibilité de changer la stratégie ou le tempo de la rencontre et à l’extrême opposée, en fait, de ce que furent les Springboks de Mannie Libbok puis Handré Pollard : on a terminé ce match avec un numéro 10 qui n’en est pas un (Thomas Ramos), un ailier qui joue habituellement au centre (Yoram Mofana) et un arrière que l’on avait sélectionné pour être un ailier (Louis Bielle-Biarrey). Alors, vous pouvez bien me dire qu’il est facile de revisiter l’histoire et taper sur l’ambulance mais qu’on le veuille ou non, ce banc à six avants ne s’imposait pas dimanche soir et, dans les ultimes moments de ce France / Afrique du Sud inoubliable pour de mauvaises raisons, la longueur de pied de Melvyn Jaminet a finalement manqué au XV de France. Comme un surplus de tripes avait manqué à Matthieu Jalibert lorsqu’il dut défendre sa ligne, quelque temps plus tôt ? Je vous laisse en juger, mes chers enfants de la patrie…
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