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Coupe du monde de rugby 2023 - XV de France : Thomas Ramos, ça plane pour lui

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    Ramos, ça plane pour lui
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Quatre ans après sa mésaventure du Japon, qu’il a quitté en plein Mondial, l’arrière toulousain s’était fixé ce rendez-vous. Visé sous les ballons hauts, il a encore fait l’étalage de son talent et de son caractère hors du commun.

C’est l’histoire d’un destin, façonné à la force d’un caractère constamment mis à l’épreuve. Il y a quatre ans, au Japon, Thomas Ramos avait quitté la Coupe du monde sur un imbroglio autour d’une blessure à une cheville qui ne l’avait pas empêché de jouer, quelques jours plus tard, avec Toulouse. En janvier 2020, il revenait sur l’épisode : "Je suis parti pour une aventure incroyable et on m’a dit stop en plein milieu, pour pas grand-chose finalement." Et d’ajouter : "Je n’ai plus envie de m’étaler dessus. C’est le genre de passage dans une carrière qui fait grandir. […] C’est bénéfique de ramasser des petites gifles." L’intéressé le sait mieux que personne, tant son parcours n’a rien de linéaire, lui parti se mettre en danger en Pro D2, en 2016-2017, avant de revenir s’imposer dans son club formateur.

Lui passé par tous les états avec le XV de France, rarement celui d’indiscutable jusqu’à l’automne 2022. Mais, depuis octobre 2019, Ramos avait coché ce 8 septembre 2023. Le rendez-vous d’une vie sportive. "Pendant longtemps, il n’était pas titulaire en sélection mais l’avait dans un coin de sa tête, raconte son meilleur ami Arthur Bonneval. Il était toujours remplaçant ou 24e homme. On se disait qu’il s’accrochait pour jouer la Coupe du monde. Quelque part, il était en mission." En décembre 2021, alors doublé dans la hiérarchie des arrières par Melvyn Jaminet, après l’avoir été par Anthony Bouthier et Brice Dulin (en restant toujours le deuxième choix au poste), Ramos nous confiait : "J’en ai fait un objectif suprême. Je me donnerai les moyens d’y être." En janvier dernier, alors que son statut avait largement évolué, il revenait sur cette obsession : "Beaucoup le pensent, pourquoi ne pas le dire ? Je ne veux pas rater cet événement. Peut-être parce que je n’ai pas fini la Coupe du monde 2019, qu’il me reste ce goût d’inachevé. à l’époque, j’avais besoin de basculer sur les autres années qui arrivaient, de faire de ce Mondial en France une grosse ambition personnelle."

Beauden Barrett admiratif

Il a encaissé les désillusions, surmonté les difficultés, digéré les frustrations. Se réfugiant dans le travail et se raccrochant à ses performances XXL à Ernest-Wallon pour tenter de convaincre le staff tricolore. Aussi pour dissiper les doutes sur sa capacité à se montrer plus sobre dans certains contextes, donc plus adapté au plan de jeu des Bleus. "J’ai appris à écouter ce que l’on me demandait selon les situations, à répondre présent sur une stratégie", assurait-il. Avec une certitude en toile de fond, livrée aujourd’hui par Bonneval : "Je savais que, s’il arrivait à avoir la confiance de Galthié… Thomas, c’est ce genre de mec : si tu lui donnes la place, il est évident qu’il ne la lâchera plus. Il a eu une opportunité quand Jaminet s’est blessé et il a mis tout le monde d’accord."

Depuis un an, Ramos est là où il était voué à se retrouver. En haut de l’affiche. Comme il y parvient toujours. "J’avais une chance à saisir et je pense l’avoir fait, illustrait Ramos. Je suis un compétiteur, j’ai cet orgueil qui me dit : "D’accord, on me remet en cause, alors je vais vous montrer." J’aime répondre présent quand je suis attendu."

"Il vise toujours l’excellence"

Vendredi, il l’était encore, particulièrement dans un domaine où il se savait visé : le jeu aérien. "C’était un de ses points faibles il y a quelques années, il avait souffert de matchs contre les Irlandais, notamment du Leinster, sur ce plan, se rappelle Bonneval. Mais, comme toujours, Thomas a bossé pour le corriger." Ce dont il convenait en février : "J’ai beaucoup échangé avec des joueurs qui évoluaient au même poste, qui ont été sollicités sous les ballons hauts durant toute leur carrière. J’ai la chance d’avoir au club Clément (Poitrenaud) comme coach, dont c’était un point fort. J’ai changé ma façon d’aborder le duel aérien. La clé, c’est déjà de ne pas se poser trop de questions le jour du match quand un ballon haut arrive. C’est une vraie approche psychologique et quand tu envoies un ou deux bons signaux d‘entrée… J’ai aussi un peu évolué sur le plan technique. Avant, j’avais l’habitude d’anticiper et d’être souvent en avance sous le ballon. Au moment du saut, je montais moins haut. J’ai travaillé pour arriver pile à temps, avoir le bon timing et monter au ballon en avançant. Quand quelqu’un saute et arrive lancé, il est essentiel que, dans ma position d’arrière, j’ai aussi de la vitesse pour encaisser l’impact et dominer le duel."

La définition du scénario qu’il a vécu sans cesse lors du match d’ouverture. Matraqué, harcelé, bousculé, Ramos a livré un récital dans les airs, remportant tous ses bras de fer et provoquant même le carton de Will Jordan, qui a commis trois fautes sur lui… "Les chandelles sont une arme pour les All Blacks, a-t-il réagi. Je suis content qu’on ait rivalisé et remporté le duel." En partie grâce à son assurance. "Ce n’était pas une attaque personnelle, simplement un pan de notre stratégie d’aller le chercher, félicite Beauden Barrett. On a voulu le faire beaucoup courir mais il a été très fort sous les ballons hauts. Bravo à lui, il a réalisé un très grand match." Son pote Bonneval de glisser : "C’est une question de confiance. Actuellement, il est au top là-dessus." Ce qui ne doit pas étonner son manager Ugo Mola, lequel raconte à propos de celui qu’il considère comme "le coach du terrain" : "Thomas a cette intelligence de savoir mettre toujours le curseur très haut sur l’aspect du jeu où il est attendu. En ce sens, c’est une garantie pour le collectif."

Ainsi, en quelques mois et comme à Ernest-Wallon, Thomas Ramos fut naturellement propulsé au rang de cadre en Bleu. Un exemple dans le vestiaire, un leader sur le terrain. "C’est un joueur consciencieux, un grand professionnel, témoigne Laurent Labit. Que ce soit sur la conduite du jeu, le pied, le tir au but. Il a ses routines, sait gérer sa semaine. Il est beaucoup en autonomie et on peut être tranquille sur sa façon de se préparer. Il ne se fait pas de cadeaux, vise toujours l’excellence." Pour être au bon endroit, au bon moment. "Il est toujours là sur les grands rendez-vous, admire Bonneval. Depuis trois ans, à part au Leinster cette saison où il a pris un jaune, je n’ai pas souvenir d’un match de phase finale où il est passé à côté. Il est souvent décisif ou élu homme du match. C’est un patron, que tous écoutent et respectent. Il se trompe rarement dans ce qu’il dit. Il est crédible, sérieux quand il le faut. Par sa présence, comme Dupont ou Marchand, il rassure les autres. Il s’est servi de sa déception de 2019 pour atteindre cette plénitude. Il a 28 ans, maîtrise son sujet comme jamais. Thomas, tu ne peux plus l’enlever. L’avoir dans cet état-là, c’est une très bonne nouvelle pour l’équipe de France." Les All Blacks n’auraient pas dit mieux…

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Les commentaires (1)
CasimirLeYeti Il y a 7 mois Le 11/09/2023 à 09:00

Pour tous les connaisseurs du Rugby, le débat est actuellement clos, Ramos est le titulaire indiscutable en 15 et notre second 10. Il est au-dessus de la concurrence et pas seulement que dans les airs...