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Demi-finale de Top 14 - Serge Laïrle évoque la réussite de son fils Julien comme entraîneur de l'UBB : "Je ne le trouve pas si stressé"

Par Jérôme Prévot
  • Malgré le départ de Christophe Urios en cours de saison, Julien Laïrle et Frédéric Charrier ont amené l'UBB en demi-finale.
    Malgré le départ de Christophe Urios en cours de saison, Julien Laïrle et Frédéric Charrier ont amené l'UBB en demi-finale. Icon Sport
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Julien Laïrle, entraîneur de l’UBB avec Frédéric Charrier est le fils de Serge Laïrle ancien joueur et entraîneur du Stade toulousain. Il nous a fait part de ses réflexions sur son fils devenu entraîneur très jeune par la force des événements.

Julien Laïrle est parvenu à hisser l’UBB en demi-finale du championnat, en collaboration avec Frédéric Charrier. C’est une performance formidable pour deux hommes qui sont arrivés comme adjoints d’un entraîneur qui s’est fait limoger en novembre, Christophe Urios, et qui ont accepté de finir la saison comme co-numéros 1. On sait que les deux hommes vont rejoindre leur mentor la saison prochaine à Clermont, situation assez étrange.

Le cheminement de Julien Laïrle est particulier. À la différence de Frédéric Charrier, il n’a pas été joueur de haut niveau. Mais il est né dans une famille particulière. Son père Serge fut un grand pilier ou talonneur du Stade Toulousain, avant d’en être l’un des coachs, bras droit de Guy Novès entre 1993 et 1997 avec quatre titres de champion consécutif à la clé. Serge Laïrle a répondu à nos questions au sujet de son fils qui suit ses traces avec de plus en plus de succès.

On imagine que c’est une fierté pour vous de voir votre fils entraîner une équipe en demi-finale du championnat, non ?

Oui, c’est une fierté bien sûr, de par sa réussite, son travail et sa capacité à rebondir après un gros pépin.

Quand il était jeune, le voyiez-vous entraîneur ?

Non, bien sûr, je le voyais joueur. Il était passionné par notre sport, il est né en 1985, il a donc vécu à travers moi la fameuse période des quatre titres consécutifs du Stade Toulousain, de 1994 à 1997, alors, ça lui a donné envie. Il était tonique, il était adroit. Il jouait troisième ligne ou talonneur et c’est à ce poste qu’il s’est blessé. Il a été touché aux cervicales sur une mêlée. Il a été percuté par un pilier adverse. C’était contre Béziers en 2005.

Un moment difficile, non ?

Le chirurgien nous a dit que ce serait très dangereux de continuer. C’est sûr, il a fallu qu’il se prépare psychologiquement car à vingt ans, on se voit surtout joueur évidemment, pas entraîneur. Mais l’évolution du rugby faisait qu’il y avait de plus en plus de travail qui se faisait dans les staffs, et notamment au niveau de l’informatique. Et comme il avait des compétences dans ce domaine, il a rejoint le staff de l’équipe première, pour s’occuper de la vidéo. Ça a commencé comme ça.

Y a-t-il eu un jour où vous lui avez dit : tu devrais te lancer dans l’entraînement ?

Non, non, tout ça s’est fait progressivement. Il a rejoint ensuite Colomiers où il a travaillé avec Philippe Ducousso puis il a commencé à entraîner au niveau du centre de formation. C’est là que tout a commencé pour lui, puis il est parti à Périgueux toujours pour s’occuper du centre de formation. Sa carrière a basculé en 2013 lorsque les dirigeants d’Angoulême sont venus le chercher. Les résultats sont venus assez vite, il s’est retrouvé en Pro D2 avec des jeunes qu’il avait connus à Périgueux et quelques gars un peu plus confirmés.

On imagine que vous avez été soulagé en tant que père ?

Oui, bien sûr, car son idée avait toujours été de s’accomplir dans le rugby. Le terrain n’étant plus là, il a pu continuer à vivre vraiment les choses de près.

Quand vous regardez la façon dont il entraîne, quelles sont les différences avec la vôtre qui vous sautent aux yeux ?

Ce qui a changé, c’est le rugby, tout simplement. Ce n’est plus le même jeu. Dans mon rugby, il y avait vingt mêlées et trente touches, et vingt regroupements. Dans le sien il y a 280 regroupements. Quand on discute, on parle de certaines attitudes individuelles, mais pas de tout ce qui est mouvement collectif, c’est trop différent.

Le grand changement, c’est le concept de circulation des joueurs, non ?

Notre seul concept à Toulouse dans les années 80 et 90, c’était le jeu de mouvement. En gros, les joueurs et le ballon. Désormais, il y a beaucoup de jeu à une passe avec des percussions, des regroupements et de plus en plus de jeu au pied. À mon époque, on ne dépassait pas les vingt jeux au pied, maintenant, on est à cinquante ou soixante. Donc tout est différent, les analyses sont différentes. Ce n’est pas moi qui lui dit ce qu’il doit faire, mais il a toujours été dans l’échange. Il peut demander ce qu’on en pense.

On a le sentiment qu’il passe plus de temps devant la vidéo que vous le faisiez ?

Nous n’avions pas d’ordinateurs. On faisait donc de la vidéo pure. Maintenant, ils ont des découpages et des possibilités multiples avec des gars qui travaillent pour eux. Maintenant, un entraîneur, c’est un homme qui travaille de 7 heures du matin à 8 heures du soir. Moi, quand j’étais entraîneur du Stade, j’étais toujours professeur d’éducation physique. Vous imaginez.

Le sentez-vous stressé particulièrement ?

Oui, mais c’est du bon stress. Celui qui fait se poser la question de savoir si on n’est pas passé à côté quelque chose. Mais pendant les matchs, je ne le trouve pas si stressé que ça. Je trouve qu’il conserve des analyses assez claires.

Quand on repense à la réussite de l'UBB cette saison malgré le limogeage de Christophe Urios en pleine saison...

C’est dû au fonctionnement qu’avait instauré Christophe Urios. Il avait laissé beaucoup d’autonomie à Frédéric Charrier et à Julien au niveau du terrain. C’est peut-être pour ça qu’après son départ, ils ont gardé cette continuité, c’est quand même des hommes de terrain, ils se complaisent là-dedans.

Avez-vous d’autres fils impliqués dans le rugby ?

Oui, j’ai un fils qui s’appelle Jérôme qui a joué et qui s’est blessé à une épaule. Lui s’est dirigé vers la préparation individuelle. Il est coach sportif. J’ai aussi un neveu qui a joué et entraîné à bon niveau, Florian Ninard (joueur à La Rochelle, entraîneur de Montauban).

La frustration du joueur précocement blessé, elle a donc disparu chez Julien. Elle n’est plus là...

Si, tout le temps. La frustration reste une blessure pour lui. Mais il en fait une bonne cause. Il est parti très vite sur le côté technique mas on voit qu’il veut rester proche du terrain et des joueurs. Mais quand il a subi sa blessure, il a su repartir très vite. Il est solide mentalement.

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