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Angleterre - France - Imanol Harinordoquy : « Trop gros pour être vrai tellement ça semblait facile »

Par Arnaud Beurdeley
  • Imanol Harinordoquy : « Trop gros pour être vrai tellement ça semblait facile »
    Imanol Harinordoquy : « Trop gros pour être vrai tellement ça semblait facile » Icon Sport - Icon Sport
  • "Une victoire historique"
    "Une victoire historique"
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Dans les tribunes de Twickenham, Imanol Harinordoquy, consultant Midi-Olympique, a pris son pied samedi en fin de journée. Il l’avoue, il aurait même adoré être sur la pelouse pour participer à un tel exploit. Un moment qui restera gravé dans la mémoire collective. Et même, si l’ancien troisième ligne aux 82 sélections souligne à juste titre la pauvreté du jeu proposé par le XV d’Angleterre, il rend hommage à cette équipe de France qui a répondu présente dans tous les secteurs de jeu. Et qui continue d’écrire son histoire en direction de la Coupe du monde 2023.

Vous qui n’appréciez guère les Anglais, auriez-vous aimé vivre une telle rencontre sur le terrain ?

Oh que oui. Battre l’Angleterre, sur sa pelouse de Twickenham, c’est déjà énorme. Alors, mettre plus de 50 points à cette équipe dans son jardin, c’est historique. J’espère que les joueurs ont pris la mesure de leur performance.

Pensiez-vous possible un tel écart au score avant la rencontre ?

Franchement, avant le match, j’étais convaincu d’une victoire française. Je pensais même que cette équipe de France avait les moyens de mettre au moins 30 points à une pauvre équipe d’Angleterre. Sur les dernières sorties du XV de la Rose, le niveau de jeu était tout de même très faible. Vraiment. En revanche, je ne n’avais pas imaginé un tel scénario avec des Français inscrivant plus de cinquante points, maîtrisant autant la rencontre et faisant taire Twickenham. C’était incroyable à vivre.

À quel moment avez-vous senti que cette équipe

de France allait survoler la rencontre ?

Dès les premières minutes, les Français ont montré leur supériorité. D’abord, physiquement. Ils ont gagné les premiers impacts. Ensuite, stratégiquement. Les Bleus ont mieux maîtrisé tous les aspects du jeu. Ils ont été cliniques et froids. Par moments, c’était même trop gros pour être vrai tellement ça semblait facile pour eux de trouver des failles dans la défense anglaise. À aucun moment, je n’ai senti l’équipe d’Angleterre en capacité de se rebeller et d’inverser cette tendance. Franchement, c’était…

Oui ?

Les Anglais ont vraiment été catastrophiques. C’est une des plus faibles équipes d’Angleterre que j’ai pu voir. J’ai vu dans les tribunes des supporters dépités du niveau de leur équipe.

Paradoxalement, même sur le secteur de la densité physique, point fort des Anglais, l’équipe de France a pris le dessus. Comment l’expliquez-vous ?

Le meilleur exemple, c’est la défense des ballons portés où les Français ont su contrer les tentatives anglaises et la mêlée fermée où Dorian Aldegheri a pris le meilleur sur Genge, qui est pourtant une référence mondiale. Je pense que Fabien Galthié et son staff s’étaient vraiment bien préparés sur cet aspect-là du jeu. Et comme depuis l’arrivée de Steve Borthwick à la tête du XV de la Rose, les Anglais se sont concentrés sur les fondamentaux, ils n’ont rien eu d’autre à proposer. Ils se sont vraiment retrouvés en panne de solution.

Contrairement aux trois premiers matchs de ce Tournoi des 6 Nations, le XV de France n’est jamais sorti de son match, ne laissant aucune possibilité à l’adversaire de revenir dans la partie. Partagez-vous ce sentiment ?

La maîtrise a été totale. À l’exception de leur unique essai, les Anglais n’ont eu aucune occasion. Surtout, les Français ont su enfoncer le clou dans les moments importants. Jamais ils n’ont laissé croire aux Anglais qu’ils pouvaient revenir dans la partie. C’était très important parce que, jusque-là, les Bleus avaient effectivement connu quelques absences durant leurs matchs précédents. Samedi, ça n’a pas été le cas. Au contraire. D’ailleurs, pour moi, avec 24 points d’avance et une telle maîtrise, le match était plié à la mi-temps. Cet essai de Charles Ollivon, juste avant la pause, a tué les Anglais.

La troisième ligne Alldritt-Ollivon-Cros n’a-t-elle pas quelque chose de celle que vous composiez avec Olivier Magne et Serge Betsen ?

Cette troisième ligne a de la gueule, elle a été très présente. Greg Alldritt a retrouvé toute son énergie et a réalisé un grand match. François Cros, malgré un faible temps de jeu avant de jouer ce match, s’est montré assez exceptionnel durant 80 minutes. Quant à Charles Ollivon, il est dans la droite lignée de ce qu’il a réalisé jusque-là. D’ailleurs, on mesure la qualité d’une troisième ligne à l’aune de ce qu’a réalisé celle d’en face. Or, la troisième ligne anglaise, je ne l’ai pas vu.

Est-ce le match le plus abouti de l’ère Fabien Galthié ?

Non, justement parce qu’il n’y avait aucune opposition face au XV de France. Évidemment, les Français ont été performants, précis et réalistes. Ils ont également gagné la guerre du jeu au sol, ce qui était très important dans cette rencontre. Et puis, des joueurs ont vraiment élevé leur niveau de jeu. Thibaud Flament a été monstrueux, Greg Alldritt a répondu à ses détracteurs de la meilleure des manières, Thomas Ramos a été exceptionnel dans le jeu et a réalisé 100 % au pied. Ils n’ont laissé aucune chance aux Anglais qui, pour le coup, ne sont pas descendus du bus (rires).

Vous aviez souligné l’absence de Jonathan Danty pour expliquer certaines difficultés lors des trois premiers matchs. En quoi son retour a-t-il contribué à ce succès historique ?

Il a permis de gagner la ligne d’avantage, de gratter des ballons, de libérer des espaces. On a revu des Français gagner la guerre des rucks et jouer en avançant. À partir de là, tout est plus simple, plus facile.

Vous insistez sur la faiblesse de cette équipe d’Angleterre. Craignez-vous que l’on s’enflamme trop autour du XV de France ?

Cette victoire à Twickenham est historique de par l’ampleur du score. Mais on n’a pas mis 50 points à une grande équipe d’Angleterre. Ne nous emballons pas, restons mesurés. Maintenant, c’est bon pour la confiance des garçons. Il pouvait y avoir quelques doutes après les trois premiers matchs, or samedi les Bleus ont fait un match plein et complet. Là, ils ont maîtrisé leur sujet, ce qui n’était pas le cas depuis quelques matchs.

Ne craignez-vous pas de passer pour un pisse-froid ?

Absolument pas. C’est factuel. Depuis le début du Tournoi des 6 Nations, qui a été impressionné par cette d’équipe d’Angleterre ? Personne. Même l’Italie a posé plus de difficultés au XV de France.

Cette victoire à Londres matérialise-t-elle un Tournoi réussi, malgré la défaite en Irlande ?

Pour dresser un bilan, j’aimerais attendre le dernier match, même si les Gallois sont aussi assez faibles. Mais, je dois reconnaître qu’un tel succès à Twickenham est tout de même synonyme de tournoi abouti. Surtout, il permet d’être encore en course pour la victoire finale. Qui sait ce que réservera la dernière journée ? Maintenant, si le XV de France termine deuxième, ce sera tout de même un Tournoi réussi.

Pourquoi ?

Parce que cette équipe est sur le bon chemin, elle continue d’écrire son histoire de très belle manière.

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