Tournoi des 6 Nations - Jeu au pied : autour de Dupont, des sorties de camp à mieux maitriser

Certes, l’équipe d’Angleterre qui s’avancera face aux Bleus n’est probablement pas la meilleure que le XV de France a eu à affronter depuis 2005, date de sa dernière victoire à Twickenham. Les 43 ballons perdus par le XV de la Rose depuis le début du Tournoi ("record" de l’édition en cours) ainsi que ses 38 fautes de main en attestent, susceptibles de permettre aux Bleus de punir le moindre ballon de turnover comme ils y excellent toujours (cinq essais marqués dans ce registre sur dix depuis le début du Tournoi). Reste que le XV de la Rose a encore quelques qualités à faire valoir, comme sa science proverbiale du "kicking game" et sa faculté à occuper le terrain adverse.

La preuve ? Owen Farrell et les siens présentent une moyenne de 65 % d’occupation en leur faveur lors de leurs trois premières sorties et ont déjà gagné 3 091 mètres au pied depuis le début du Tournoi, soit plus d’un kilomètre par match. De quoi augurer le pire pour les Bleus, qui ont connu de grosses difficultés à sortir de leur moitié de terrain face à l’Irlande puis à l’Écosse, en ne signant que de faibles 38 et 39 % d’occupation qui les ont incontestablement mis sous pression ? C’est bien la crainte, oui…

Mieux le protéger, ou le soulager ?

En effet, après avoir donné la leçon à toutes les équipes du Vieux Continent la saison dernière (5 423 mètres gagnés au pied en 5 matchs alors que l’Angleterre (3 727) et même l’Irlande (3 457) patinaient loin derrière), les Bleus ont considérablement perdu de leur efficacité dans les échanges de "ping-pong", au point d’avoir déjà concédé trois 50 : 22 pour aucun trouvé. Le choix d’avoir privilégié Thomas Ramos à Melvyn Jaminet ("plus long coup de pied du circuit mondial", dixit Fabien Galthié) se fait-il ici ressentir ? C’est probable. Toutefois, un homme incarne mieux que personne les difficultés tricolores, à savoir le demi de mêlée Antoine Dupont. En effet, alors qu’il était voilà un an le joueur à avoir fait le plus avancer au pied son équipe (1 930 mètres) aussi bien du pied droit que du pied gauche, le capitaine des Bleus connaît beaucoup plus de difficultés lors de cette édition, au point d’avoir déjà été contré à quatre reprises. La faute, évidemment, à une surveillance et une pression supérieures exercées par les adversaires, mais aussi à un manque de protection et/ou d’alternatives, Ramos ou Ntamack n’étant pratiquement jamais sollicités.

Une problématique qu’il s’agira évidemment de régler à Twickenham, où l’occupation du terrain constituera comme toujours une des clés du match…