6 Nations 2023 - L'Angleterre a patienté mais la logique est respectée

Les Anglais n’ont pas vraiment souffert à Cardiff, même s’ils se sont imposés sans totaliser (20-10) avec comme cadeau aux pauvres Gallois, quatre coups de pied manqués de Owen Farrell, ça n’arrive pas si souvent. Ça ressemblait à un pourboire laissé sur le comptoir à des adversaires en pleine déprime.

Le match n’a définitivement basculé qu’à la 75e avec l’essai du centre Ollie Lawrence après quatorze temps de jeu près de la ligne derrière une touche. Mais on sentait depuis longtemps que le XV de la Rose finirait par fermer son poing de fer sur les pauvres poussins rouges. « Je n’ai jamais eu peur, même quand Rees-Zammit a marqué sur une interception en début de deuxième période. En fait, les Anglais n’ont été dominés sur aucun secteur de jeu. Et regardez, après cet essai "assassin" ils ont tout de suite réagi en marquant par Sinckler », analysait Clive Woodward, ancien sélectionneur.

Les Anglais étaient trop puissants sur les premiers impacts à l’image du pilier Ellis Genge, auteur de cinquante-quatre minutes du meilleur tonneau. Les avants de la Principauté n’avaient pas la même faculté de pénétration. Leur jeu basé sur les temps de jeu rapide n’a jamais prouvé sa pertinence.

Steward vainqueur de la partie de ping-pong

Nous avons été frappés par l’entrée en fanfare d’Alex Mitchell, demi de mêlée de Northampton, qui en sept minutes impulsa un nouveau rythme aux séquences anglaises, style en opposition avec celui du titulaire Jack van Poortvliet. Annoncé comme un as chez les jeunes, il semble avoir opté pour un style très "pépère" en équipe nationale, avec beaucoup de jeu au pied, un profil très "gestionnaire" qui lui est sans doute demandé. En cas de non-franchissement sur les trois premiers temps de jeu, les Anglais avaient vraisemblablement mission d’entamer sans complexe une partie de « ping-pong ». Ce fut très souvent le cas samedi, surtout en deuxième période. Une dépossession à la Galthié qui leur a permis de gagner la bataille du territoire avec un excellent Freddie Steward à l’arrière, sacré homme du match. « Je n’ai pas compris pourquoi les Gallois ont autant joué sur lui. »

Mais les Anglais n’ont pas montré que ça. Le premier essai conclu en bout de ligne par Anthony Watson a prouvé qu’avec un lancement de jeu créatif, ils pouvaient lancer leur cavalerie avec maestria. La façon dont Malins s’échappa à l’intérieur de son ouvreur derrière une mêlée fut l’un des points nodaux de cette rencontre.

Clive Woodward poursuit : « Je pense que la troisième ligne anglaise a gagné le match, le trio Ludlam-Willis-Dombrant a été excellent. Les trois ont gratté des ballons très importants dans les rucks pour empêcher les Gallois d’être dangereux… Ceci dit, comprenez bien que les Anglais ont battu une faible équipe adverse. Les attaques galloises furent vraiment pauvres. Avant la rencontre, j’avais déjà exprimé mon enthousiasme sur la façon dont Steve Borthwick conduisait l’équipe. Et cette victoire m’a conforté dans mes idées. J’estime que ce XV de la Rose peut attendre le match contre la France avec une vraie confiance.